La cotation du dirham sous le nouveau régime de change flexible entrée en vigueur lundi 15 janvier se fait a priori selon les règles du jeu préalablement fixées par la Banque Centrale du Maroc et sans fausse manipulation de spéculations sur le marché des devises.
Néanmoins, les avis divergent entre, d’un côté, les craintes sur la hausse des prix de certains produits et services et donc la montée de l’inflation et le souci de dépréciation du dirham à moyen et long terme par rapport à l’Euro et au Dollar et de l’autre côté, les assurances quant à l’amélioration de la compétitivité de l’économie nationale et l’amélioration de sa résistance face aux chocs externes.
Les deux premiers jours de cotation de la monnaie nationale en mode flottant ont été calmes et les échanges sont restés normaux. On parle de maturité du marché et des effets des actions de sensibilisation sur cette réforme menée par BAM ainsi que du bon accompagnement du secteur bancaire marocain du nouveau régime.
D’ailleurs, Bank Al Maghrib était prête de servir 20 millions de dirhams au marché, avant-hier lundi, et finalement, elle n’a servi que quelque 3.5 millions de dirhams selon la demande formulée ce jour. Selon les analyses des opérateurs des salles de marché, au cours de la 1ére journée de l’entrée en vigueur du nouveau régime de change flexible, le dirham s’est légèrement déprécié face à l’euro et il s’est timidement apprécié devant le billet vert. On note aussi que globalement, le cours de l’euro est resté stable ce lundi à l’achat comme à la vente autour de 11.30 dh contre 9.20 dh pour le dollar. La liquidité du marché bancaire a été assurée normalement par BAM. Cette dernière fixe le cours de change de référence des devises contre le dirham et les cours limites de la fluctuation du dirham par rapport au dollar dans une fourchette de -/+ 2,5% à la hausse comme à la baisse dans cette première étape avant la libéralisation totale du régime de change actuelle.
La mise en place du nouveau régime de change flexible est différemment appréciée par les opérateurs économiques. Les textiliens le voient d’un bon œil. Le président de l’Association marocaine des industries du textile et de l’habillement (AMITH) estime que la mise en place de ce nouveau mode de change du dirham serait favorable à l’export et à la compétitivité du marché local. Les concessionnaires automobiles craignent une hausse des prix des véhicules importés sous l’effet de l’appréciation de l’euro face au dollar.
Le patronat quant à lui juge limité l’effet de l’élargissement de la bande de fluctuation du dirham avec +ou – 2,5%. La Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM) parle d’un faible risque sur l’activité des importateurs.
Du côté des exportateurs, la crainte sur l’activité est pour le moment minime. Mais la prudence reste de mise chez les professionnels de l’agroalimentaire qui font la majeure partie de leurs commandes en euro.
Fairouz El Mouden
