Remous

En politique, comme en géologie sédimentaire, ce sont les événements catastrophiques qui marquent l’environnement. Dans un cas comme dans l’autre, le traintrain habituel, la routine quotidienne, le bruit de fond ne suscitent pas particulièrement l’attention. La différence, c’est qu’en géologie sédimentaire, l’environnement subit et s’adapte à tous les coups; alors qu’en politique, les effets de remous peuvent conduire à des turbulences, source d’instabilité et de bouleversements à plus ou moins brève échéance.

La décision du Chef du gouvernement de supprimer le secrétariat d’Etat chargé de l’Eau auprès du ministre de l’Equipement, du Transport, de la Logistique et de l’Eau est à qualifier de remous. Il faut le dire clairement comme tout le monde ne cesse de le répéter : il s’agit d’un règlement au profit d’un ministre PJD en mal avec la Secrétaire d’Etat, non PJD, qui lui est rattachée. La mésentente entre les deux responsables politiques porte sur les prérogatives qui devraient échoir au secrétariat d’Etat de l’Eau et sur les moyens d’action qui lui sont attribués dans la gestion du secteur.

Ce problème est plus général qu’il n’apparait de prime abord. S’ils peuvent faire partie du gouvernement selon l’article 2 de la loi organique 065-13 relative à l’organisation et à la conduite des travaux du gouvernement et au statut de ses membres; l’article 11 est clair : la responsabilité du secrétariat d’Etat est laissée au bon vouloir du ministre auquel il est rattaché. Il en est ainsi et pas autrement ! Et il faut le dire, tous les ministres sans exception aucune, pratiquent la sourde oreille pour accorder leur délégation. Le «chômage technique» des secrétaires d’Etat a fait l’objet en son temps d’un certain nombre d’interventions dans la presse et ailleurs sans changer la donne. Et, on pourra disserter longuement sur le rôle des secrétaires d’Etat dans un gouvernement. Certainement un appoint pour équilibrer la répartition des maroquins qu’une fonction dans un organigramme efficient et efficace de la dynamique gouvernementale.

Cela étant; le «remous» va trouver son origine dans le fait que le Secrétariat d’Etat à l’Eau était auparavant un poste de Ministre déléguée et que sa titulaire n’ayant pas changée, elle restait dans ses pénates. Le brouillamini avec le ministre a-t-il duré depuis la mise en place du gouvernement El Othmani ? Ou bien avant ! Cela fait quelques jours depuis la prise de fonction de ce dernier, le cinq avril 2017 ! Tout cela n’explique pas la décision brusque et unilatérale de l’ajustement sollicité par le Chef du gouvernement pour supprimer le secrétariat d’Etat à l’Eau, sans crier gare. Certainement, cela n’augmentera en rien le taux de remplissage des retenues de barrages comme il ne diminuera en rien l’envasement dans lesquelles elles se trouvent. Par contre, la vase qui caractérise l’action gouvernementale s’affirme dans la gestion de la majorité gouvernementale par la mise en œuvre d’un hégémonisme calculateur qui s’est manifesté chaque fois qu’il s’agissait de postes ministériels gérés par le PPS. Ainsi, autant certains du PJD reconnaissent la bourde de leur chef, autant ils ne s’attendent qu’à une production d’un communiqué qui exprimera l’état d’âme de la direction du PPS sans pour autant aller jusqu’à la rupture.

L’expression du mécontentement à l’encontre d’un comportement non conforme aux principes de la démocratie et du respect des alliances dans le cadre de la majorité gouvernementale ne fait que consolider l’argumentaire de celles et de ceux qui estiment que le gouvernement ne fait que confiner la crise politique, sociale et économique dans un goulot restreint au lieu de lui apporter les solutions nécessaires pour répondre aux attentes légitimes de notre peuple.

One Comment;

  1. Mokhtar Homman a dit:

    Au delà des péripéties et du non respect des bonnes manières, la question qui se pose est l’aisance avec laquelle les portefeuilles PPS sont éjectés du Gvt. Signe sans doute de la faiblesse du PPS qui vient pratiquer une politique néolibérale, trahissant ainsi son histoire et ses principes. Son apport est superflu. Le poignard dans le dos que s’est infligé le PPS lui même en s’alliant avec le PJD (et donc sa soumission à l’opposé idéologique, politique, économique et social) passe facture peu à peu. Le « coup d’Etat » interne du 10 décembre 2011, où le Comité Central s’est permis de violer le Congrès précédent, pourtant la plus haute instance du Parti, a débouché sur la décomposition du PPS.

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