Au printemps ou à l’automne, qu’il fasse chaud ou froid, personne ne bat Rafael Nadal en finale à Roland-Garros: dimanche Novak Djokovic n’a pas dérogé à la règle, incapable d’empêcher l’Espagnol de décrocher son 13e titre parisien et d’égaler ainsi le record de 20 trophées du Grand Chelem de Roger Federer.
Avec cette lourde défaite 6-0, 6-2, 7-5, Djokovic pointe à trois longueurs de ses deux rivaux (17 titres majeurs).
«L’année a été très difficile, mais gagner ici ça veut tout dire pour moi. Aujourd’hui, je ne pense pas au 20e titre du Grand Chelem ni au fait que j’égale Roger. Pour moi, aujourd’hui c’est une victoire à Roland-Garros», a commenté Nadal qui n’a pas encore décidé s’il allait encore jouer cette année. «Je n’ai pas décidé, je vais peut-être arrêter jusqu’à l’année prochaine», a-t-il confié.
Côté chiffres, on notera encore que Nadal (34 ans) a remporté son 100e match à Roland-Garros pour deux défaites et un forfait. Qu’il a gagné toutes les finales qu’il y a jouées. Que l’Espagnol détient le record de victoires dans un même tournoi (13), qu’il revient à 27 victoires pour 29 défaites face à Djokovic dans le duel le plus souvent répété de l’histoire. Et qu’il devient, avec plus de 15 ans d’écart, le joueur dont la première et la plus récente victoire en Grand Chelem sont les plus espacées.
Il a d’ailleurs été immédiatement félicité par Federer: «C’est un véritable honneur pour moi de le féliciter pour sa vingtième victoire en Grand Chelem. C’est en particulier extraordinaire qu’il ait désormais gagné treize fois Roland-Garros, c’est un des plus grands accomplissements du sport», écrit le Suisse dans un message sur les réseaux sociaux.
Côté court, on soulignera l’état d’ahurissement dans lequel Nadal a laissé son adversaire et les spectateurs.
«J’ai réussi à jouer à mon meilleur niveau quand il l’a fallu. J’en suis fier, surtout parce que les conditions cette année ne sont certainement pas celles que j’aurais choisies. Mais j’ai su m’adapter. J’ai simplement essayé de travailler chaque jour avec détermination en visant mes objectifs. Donc c’est un des titres à Roland-Garros qui a le plus de valeur à mes yeux», a analysé l’Espagnol.
Car Djokovic pensait profiter des conditions de jeu qui rendent la balle de l’Espagnol moins vive, donc plus facile à contrôler, pour piétiner les plate-bandes de Nadal.
Mais le court Philippe-Chatrier est devenu depuis une quinzaine d’années un lieu de culte: le Temple Rafael Nadal. Et le N.1 mondial y a été écrasé, pétri, haché, aplati, ratatiné, disséminé durant deux sets. Nadal, qui reste N.2 au classement ATP, ne lui a pas laissé la moindre raison d’y croire.
«Tu as montré pourquoi tu es le roi de la terre battue, je l’ai ressenti au plus profond de moi», a reconnu Djokovic.
Il a ainsi fallu attendre la 55e minute pour que le Serbe remporte son premier jeu de la partie, sur son service (0-6, 1-0) ! Et 2h10 pour qu’il réussisse son unique break (0-6, 2-6, 3-3) ! La rencontre s’est équilibré dans la troisième manche, mais Djokovic a donné un break sur une double faute et permis à Nadal de servir pour le match. Le Majorquin ne s’en est pas privé et a conclu sur un ace.
«J’ai été complètement dépassé par Rafa, par un meilleur joueur sur le court. Il ne ratait rien et remettait toutes les balles, tout en jouant très bien tactiquement. Il m’a surpris par son niveau de jeu, par la qualité de son tennis. Il est phénoménal», a souligné Djokovic.
Et pourtant, le Serbe n’a pas mal joué, en tentant notamment de déstabiliser son adversaire avec des amorties, quasiment en totalité sur le côté revers de l’Espagnol. Mais face à un Nadal sûr de son jeu, confiant et d’une immense efficacité, le numéro un mondial a commis trop d’erreurs (52 alors que Nadal n’en a commis que 14) pour pouvoir espérer quoi que ce soit.
«En Australie, c’est lui qui m’avait tué. Aujourd’hui, c’était mon tour. Nous avons beaucoup joué l’un contre l’autre: un jour c’est l’un qui gagne, et puis c’est l’autre», a souligné l’Espagnol en référence à leur finale 2019 à Melbourne remportée par Djokovic 6-3, 6-2, 6-3.
Cette démonstration de force a apporté un élément au débat sans fin sur le plus grand joueur de tous les temps (le GOAT). Elle a surtout scellé une question qui ne se posait plus vraiment: Nadal est le dieu de la terre battue pour des siècles et des siècles, amen.