Sanctions contre l’Iran: Téhéran saisit la Cour Internationale de Justice

Considérant que le retrait unilatéral de Washington de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien a marqué le rétablissement des sanctions initialement imposées à l’Iran mais suspendues en vertu dudit accord et soucieuse de «mettre fin sans délai» aux mesures prises par les Etats-Unis, la République islamique iranienne a longtemps cherché une solution diplomatique. Mais cette démarche étant restée vaine, le régime des mollahs n’a «pas eu d’autre choix que de saisir la Cour Internationale de Justice».

C’est à ce titre que, ce lundi, Mohsen Mohebi, conseiller juridique et membre de la délégation iranienne dépêchée auprès de la C.I.J. a demandé officiellement l’assistance de ladite Cour au motif que «les Etats-Unis propagent publiquement une politique visant à nuire le plus sévèrement possible à l’économie iranienne et aux ressortissants et entreprises iraniens».

Au cours des audiences qui ont débuté ce lundi 27 Août et qui se poursuivront pendant quatre jours, la République islamique, qui déplore les conséquences dramatiques que fait peser sur son économie la décision américaine de rétablir des sanctions endurcies et qui considère que «l’administration actuelle pousse les sanctions à leur effet le plus dommageable pour mettre l’Iran à genoux», entend demander à la C.I.J. de lever celles-ci jusqu’à ce que l’organe judiciaire principal de l’ONU statue sur le fond de l’affaire.

De l’avis de la délégation dépêchée par Téhéran, cette réimposition des sanctions américaines touchant toutes les branches de l’économie du pays et notamment la Banque Centrale iranienne et toutes les institutions financières ainsi que les secteurs aérien, maritime, pétrolier, gazier et voire même le secteur des tapis «n’est rien d’autre qu’une agression flagrante contre l’Iran (qui ) opposera la plus forte résistance à l’étranglement économique américain par tous les moyens pacifiques ».

L’Iran déplore, par ailleurs, «l’incertitude» créée par lesdites sanctions « pour tous les acteurs qui souhaiteraient avoir des relations économiques avec l’Iran » puisque Washington entend poursuivre toute entreprise étrangère qui en commerçant avec l’Iran sera automatiquement accusée de se livrer à des actions contraires aux intérêts américains.

Bien que s’étant opposé à la sortie de Washington de l’accord de Vienne sur le nucléaire iranien, les européens, les russes et les chinois ne sont, tout de même, pas parvenus à empêcher le retrait de plusieurs grandes entreprises. Ainsi, Peugeot aurait déjà bloqué ses investissements en Iran, alors qu’Air France et British Airways ont suspendu leurs vols vers la République Islamique et que Total s’est retiré de certains projets d’investissement.

Enfin, si, d’une part, la Cour Internationale de Justice est tenue de statuer sur «la fin provisoire» des sanctions exigée par la République Islamique iranienne au plus tard deux mois après le début des audiences et qu’aucune décision finale ne pourrait intervenir avant plusieurs années alors que, d’autre part, les Etats-Unis entendent, d’ores et déjà, plaider ce mardi l’incompétence de la CIJ en cette affaire, que pourra donc gagner l’Iran en portant ce dossier sur le terrain juridique ? Pas grand-chose à première vue mais attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

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