Soucieux de respecter sa promesse électorale de 2016 en ramenant ses troupes «à la maison» et en prenant ses distances avec un conflit où Washington s’était enlisée après les fameux attentats des tours jumelles du World Trade Center du 11 Septembre 2001, Donald Trump a fait signer, ce samedi, à Doha au Qatar et en présence des représentants d’une trentaine de pays, un accord historique entre son administration et les Talibans aux termes duquel, d’une part, les deux parties entameront des négociations de paix, à partir du 10 mars prochain et, d’autre part, les troupes US quitteront progressivement l’Afghanistan sur une période de quatorze mois.
Considérant, par ailleurs, qu’au cours de ces dix-huit années de conflit, Washington qui avait chassé les Talibans du pouvoir sans jamais réussir à unifier le pays, a déploré la mort de quelques 2.000 soldats américains et dépensé plus de 750 milliards de dollars et que plusieurs dizaines de milliers de civils afghans ont été tués, les deux parties ont, également convenu d’échanger leurs prisonniers. Aussi, l’accord signé ce samedi prévoit-il que «plus de 5.000 prisonniers talibans et plus de 1.000 prisonniers (des forces afghanes soutenues par Washington) seront libérés d’ici le 10 mars».
Et même si, par ailleurs, le texte en question n’est qu’un accord formel et non pas un véritable traité de paix du moment que les autorités afghanes sont encore divisées des suites d’une élection présidentielle fortement contestée, l’administration américaine s’est engagée à entamer un retrait graduel de ses soldats «au cours des quatorze mois qui suivent la signature de l’accord». Or, ce retrait reste, néanmoins, subordonné aux progrès qui seront réalisés dans les négociations entre le gouvernement de Kaboul et les Talibans ; ce qui, pour Mark Esper, le secrétaire d’Etat américain à la défense et pour Mike Pompeo, le chef de la diplomatie américaine, est un «dur travail de réconciliation».
Tenus, par ailleurs, de respecter leurs engagements sécuritaires en bannissant tout acte de terrorisme qui viendrait à être perpétré à partir des territoires qu’ils contrôlent, «les Talibans n’autoriseront aucun de leurs membres ou d’autres individus ou groupes – dont Al Qaïda – à utiliser le sol afghan pour menacer la sécurité des Etats-Unis et de leurs alliés». A défaut, les Talibans «perdront leurs chances de s’asseoir avec les autres Afghans pour délibérer de l’avenir de leur pays (…) et les Etats-Unis n’hésiteront pas à annuler l’accord » a notamment déclaré le chef du Pentagone.
Scellé entre deux parties «fatiguées», aux dires de Mike Pompeo, le Secrétaire d’Etat américain aux Affaires Etrangères et de Sirajuddin Haqqani, le numéro deux des Talibans, cet accord historique entre Washington et les Talibans tiendra-t-il la route et mettra-t-il un terme à un conflit qui perdure depuis plus de dix-huit années ? Attendons pour voir…
Nabil El Bousaadi