«Un souffle démocratique nouveau» : «Projet de thèses politiques»

INTRODUCTION GÉNÉRALE :

Le dixième Congrès national du Parti du progrès et du socialisme est une occasion pour réfléchir en profondeur sur les développements de la situation générale et leur impact sur l’évolution du Parti, dans le cadre international, régional et national. En effet, le Parti a toujours tenu, depuis sa création il y a plus de soixante-dix (70) ans, à bien préciser ses concepts et à bien encadrer sa politique avec suffisamment de clarté quant à ses principes, l’imprégnant ainsi du rationalisme qui le met à l’abri de toute déviation possible en l’absence de cette immunisation idéologique et politique. Cette démarche, respectée par le Parti dans tous ses Congrès, est un travail collectif sur lequel veille le Comité Central, en tant que cadre d’expression de l’intelligence partisane collective, et qui confère toute sa valeur à la production intellectuelle et idéologique du Parti, notamment à l’occasion de la préparation du Congrès, en procédant à l’analyse des données et du contexte politiques dans lequel il se tient. Après avoir participé pendant vingt (20) ans à la gestion gouvernementale, le Parti est en droit de s’interroger, dans le cadre d’une réflexion collective globale et complète, sur ce qui a été réalisé et ce qui ne l’a pas été parmi nos objectifs du changement et des réformes démocratiques, loin de toute autosatisfaction béate ou toute auto-flagellation abusive. Ces «thèses politiques» constituent un moment privilégié pour procéder à une profonde et rigoureuse introspection et pour tenter de comprendre le sens de l’étape et prospecter les horizons qui s’annoncent, par rapport aux responsabilités politiques, organisationnelles et historiques du Parti, sachant qu’au cœur de la philosophie organisationnelle sur laquelle s’appuie le Parti se trouve la vertu de la critique et de l’autocritique, auxquelles doit recourir le Parti de manière méthodique pour mieux garantir l’efficience de son action. Le Parti du Progrès et du Socialisme est en effet une école particulière pour mettre l’analyse scientifique et objective au service du «décryptage» d’une réalité complexe et pleine de contradictions. La réalité dans le cadre de laquelle se meut le Parti est, en effet, de nature complexe, tiraillée entre des tendances et des rapports de force contradictoires, à même d’exercer parfois des pressions sur la vie politique et militante, exigeant par conséquent que le Parti fasse preuve d’une assez haute capacité à la fois de résistance, d’objectivité et de clairvoyance pour traverser les zones de «turbulence» avec le moindre coût possible. Et cela, en recourant toujours et sans complaisance, à la sagesse et à l’objectivité, afin de préserver son identité fondamentale dans la prise de position et son expression, à sa manière, et avec le style particulier qui lui est reconnu et qui le distingue dans le champ politique national. Partant de ces considérations de principe, les «thèses politiques» s’articulent, dans une approche logique et cohérente, autour de six (6) axes :

PARTIE I

LE PARTI DU PROGRES ET DU SOCIALISME

ET SON REFERENTIEL IDEOLOGIQUE ET PRINCIPIEL

Cette partie sera consacrée à la question idéologique, étant donné qu’elle constitue le cadre référentiel et conceptuel de l’organisation de l’action du Parti, sur des bases solides, pour la compréhension d’une réalité mouvante, la définition de l’approche qu’en fait le Parti et la clarification des caractéristiques de son projet sociétal. Car, le Parti du Progrès et du Socialisme a fondé sa ligne politique sur les bases de l’engagement militant, des principes et des valeurs, c’est-à-dire dans le cadre d’une « boussole » idéologique qui préserve la pertinence et l’éthique de la question politique et partisane.

Chapitre I  :   La centralité de la question idéologique

Chapitre II : Le contexte international et son influence sur les développements de la question socialiste

Chapitre III : Le contexte national et son influence sur cette question

Chapitre IV : La nécessité d’une réflexion profonde et d’un effort continu pour apporter une réponse à la question du sens d’être socialiste dans le Maroc d’aujourd’hui

Chapitre V : La nécessité d’une analyse approfondie des développements que connaît la société marocaine

CHAPITRE I

LA CENTRALITE DE LA QUESTION IDEOLOGIQUE

1 – Le Congrès du Parti du Progrès et du Socialisme, une occasion pour consolider les accumulations dans le cadre de la dialectique de la fidélité et du renouveau :

Le Parti du Progrès et du Socialisme a toujours veillé à tenir son Congrès national de manière régulière. Il saisit cette occasion pour procéder à une profonde évaluation de ce qu’il a accompli de son programme, de ce qu’il a produit comme apports intellectuels et politiques, dans sa quête continue de compréhension de la réalité sociale dans laquelle il se bat et des « lois » qui la régissent, dans la diversité de ses situations, de ses complications et de ses circonstances.

Dans cette quête, il s’arme de sa méthodologie d’analyse, basée sur le matérialisme dialectique, pour identifier les « dysfonctionnements » et les handicaps qui entravent le développement, et pour édifier des alternatives réalisables, en luttant pour leur appropriation par les citoyens et en oeuvrant pour leur réalisation à travers la lutte démocratique, sur les divers fronts sociaux et institutionnels. Ainsi, le Parti ne part pas du vide ou efface ou oublie ce qu’il a accumulé depuis sa fondation jusqu’à aujourd’hui, aussi bien au niveau de ses apports théoriques et pratiques qu’au niveau de son vécu et des riches et diverses expériences qu’il a connues, pour consolider ses réussites et tirer des enseignements de ses échecs. Ce faisant, il garde toujours présent à l’esprit l’horizon socialiste auquel il aspire et qui rendra possible le passage d’un monde du besoin et de l’aliénation au monde de la liberté qui ouvre la voie à la participation populaire et à la justice sociale, dans le cadre d’un développement harmonieux des forces de production, qui permette de satisfaire les besoins de la société.

2- Rejet de la thèse de la « fin des idéologies » : Nulle action partisane n’a de sens en l’absence d’un référentiel idéologique

Parler d’idéologie aujourd’hui agace certains, qui croient que ce concept fait partie d’un passé révolu ; et qu’il porte une utopie qui se serait éteinte avec l’effondrement de ce qui s’appelait le « camp socialiste ».Ils prétendent que ce qui se matérialise sur le terrain de la réalité comme disparités dans la répartition des richesses, des ressources, des positions et des privilèges, qui se transforment rapidement en droits acquis de certaines catégories, ne serait que naturel et relèverait de la « force des choses » et des différences des aptitudes humaines naturelles et héréditaires ! Ainsi, au nom de la « liberté », de la « chance », du « hasard » et du fonctionnement de « la nature » et de l’histoire, et au nom du « droit naturel » qui régirait l’excellence, la hiérarchie et les inégalités, les théoriciens du libéralisme défendent l’idée de l’échange inégal !

Proclamer, à partir de ces affirmations, la « mort » de l’idéologie est en soi idéologique ! L’objectif serait ainsi que les classes possédantes suscitent chez les larges couches populaires le sentiment d’une sorte de « fatalisme » qui les aveuglerait et qui les pousserait à continuer à accepter leur soumission à ces classes et à continuer à ne pas prendre conscience de leurs réelles potentialités pour dépasser leur misérable situation, issue de la nature des rapports sociaux dominants, et à croire en l’impossibilité de son changement.

L’idéologie, en tant que vision qui explique la réalité sociale objective, est en fait présente en permanence et est liée à la connaissance et à la pratique ; elle se matérialise dans les idées, les valeurs et les comportements qui expriment des intérêts d’une classe parmi les classes sociales, d’où la distinction entre connaissance et idéologie.

Par conséquent, il est naturel que le Parti, fidèle à ses traditions militantes, accorde une importance extrême à la lutte idéologique. Elle est indispensable pour éclairer les citoyens, plus particulièrement les travailleurs, et pour élever le degré de leur conscience afin de connaître les causes réelles de leurs conditions de vie et de s’enrôler dans les luttes syndicales et politiques, pour le changement de ces conditions de vie vers le meilleur et pour participer aux combats idéologiques contre tous les courants libéraux, réactionnaires, obscurantistes, populistes ou gauchistes et nihilistes.

3- La question socialiste dans le monde d’aujourd’hui : Interrogations idéologiques et politiques

L’humanité aspire encore à se débarrasser du capitalisme et de ses fléaux ! Et le socialisme reste encore la voie pour y arriver. Mais cette tâche requiert la recherche d’une alternative, ou des alternatives, au modèle qui a prouvé son échec, a conduit à la crise qu’ont vécue les expériences socialistes, et s’est achevé par l’effondrement de ce qui s’appelait « le camp socialiste ».

Le mouvement ouvrier international et ses expressions culturelles et politiques, qu’elles soient socialistes ou communistes, dans les pays capitalistes, et bien qu’il ait réussi à arracher beaucoup d’acquis sociaux et politiques, a connu un grand recul dans son rayonnement et son influence.

Il s’est retrouvé dans une position défensive dans la confrontation des attaques du capitalisme contre les acquis des travailleurs et leur droit à une juste répartition des richesses produites. Il essaie aujourd’hui d’arriver à une vision progressiste pour affronter la crise de développement du capitalisme qui essaie pour sa part d’affaiblir la « conscience de classe » et d’attiser la tentation ethno-chauviniste, en jouant notamment sur la corde de la xénophobie et du rejet des étrangers.

Cette crise que traversent les mouvements de la gauche socialiste traditionnelle a contribué à l’émergence de divers mouvements et de diverses tendances dont le dénominateur commun est le rejet des conséquences du capitalisme sauvage, dont les licenciements individuels et collectifs des travailleurs, la précarité, l’exploitation, la marginalisation et la destruction des richesses naturelles, ce qui a permis à certains d’entre eux l’accès et la participation à la gestion gouvernementale, comme ce fut le cas en Grèce.

Quant au recul de la gauche dans les pays arabes, il a été accompagné, depuis la fin des années soixante-dix du siècle dernier, par l’occupation du terrain de la lutte sociale et politique par les tendances de l’Islam politique.

Ce qui a compliqué son combat politique. Les mouvements de gauche dans les pays africains, asiatiques et d’Amérique latine ont connu les mêmes difficultés, dans le cadre des spécificités locales qui leur sont propres. Reste l’expérience chinoise, qui mérite un intérêt particulier et dont il est difficile de prévoir avec certitude l’évolution, malgré ce qui a pu être réalisé comme développement, dont les effets positifs sur les conditions de vie de la grande majorité du peuple chinois sont réels et ont permis une avancée considérable dans le développement et la modernisation des infrastructures socio-économiques et culturelles, propulsant la Chine en tête du classement mondial dans plusieurs domaines… Le « socialisme » chinois actuel est, comme le définissent les dirigeants du Parti communiste chinois, le socialisme de l’étape primaire et non pas le socialisme du niveau supérieur ; un socialisme qui se développe et évolue en tenant compte de l’expérience des autres peuples et de leurs aspirations à la dignité et à la liberté.

CHAPITRE II

LE CONTEXTE INTERNATIONAL ET SON INFLUENCE SUR LES DEVELOPPEMENTS DE LA QUESTION SOCIALISTE

L’une des conséquences principales de l’effondrement de ce qui s’appelait le « camp socialiste » a été la violente attaque idéologique et économique multiforme que les pays impérialistes, et à leur tête les Etats-Unis d’Amérique, ont menée à cette occasion, pour dénigrer les idées progressistes, en particulier le socialisme. Ils ont mobilisé pour cela tous les moyens et les technologies de communication ainsi que les expériences et les centres de recherches politiques, afin d’enterrer définitivement le référentiel socialiste et d’en finir avec le rêve de l’édification d’un nouveau monde où régnerait la liberté, l’égalité, le progrès et la justice sociale.

La gauche mondiale allait connaître de ce fait une crise sans précédent, et beaucoup parmi les militants, les intellectuels et les chercheurs qui ont porté cette pensée émancipatrice ont été poussés soit à l’abandonner définitivement soit à renoncer à recourir à ses concepts et à sa méthodologie, pour ne pas apparaître hors la nouvelle mode néo-libérale ni, a fortiori, penser à nouveau à la possibilité de nouveaux horizons pour le socialisme.

Concentration des richesses et aggravation des disparités sociales à travers le monde

Dans ce contexte, les portes ont été grand-ouvertes à l’accélération du rythme de la mondialisation et de l’intégration des marchés nationaux dans le marché mondial, afin d’abattre les dernières barrières qui entravaient l’expansion du capital, du pillage et l’exploitation effrénée des ressources humaines et naturelles, à travers le monde.

On est passé ainsi d’un capitalisme industriel (monnaie-production-monnaie) à un capitalisme financier (monnaie-monnaie), sans passer par la production, et à la domination et la maîtrise des fruits et des acquis des innovations induites par la révolution scientifique et technologique, au service de ses seuls intérêts…

Ce qui a entraîné une grande concentration des richesses entre les mains d’une minorité d’hommes d’affaires et de sociétés multinationales, a aggravé les disparités sociales et a accentué le dérèglement environnemental et écologique et a détruit les quelques industries nationales qui existaient encore dans les pays de ce qu’on appelait le « tiers-monde ».

La lutte pour un nouvel ordre mondial est aujourd’hui au cœur du combat de notre époque, en vue de renforcer la légalité internationale et le respect du droit de tous les peuples de choisir chacun sa voie particulière pour le développement global, économique, humain et culturel, dans le cadre des nouvelles données internationales et de leurs propres spécificités, tout en favorisant le rayonnement de la connaissance scientifique dans ses dernières applications et en permettant et en développant le dialogue entre les différentes expériences, pour construire un monde humain nouveau, où sont respectées les diverses identités et spécificités. Car il ne peut y avoir de coexistence sans le respect de la différence et de la diversité ; différence et diversité qui ne peuvent perdurer que dans le cadre du respect de la souveraineté des Etats, des droits de leurs peuples et de la liberté de leurs choix.

La pensée socialiste a un avenir prometteur, tributaire de la capacité de la gauche à ouvrir de nouveaux horizons

Les composantes essentielles de la gauche, dont le PPS ont accumulé une riche expérience, avec ses points forts et ses points faibles. Avec ses succès et ses échecs, cette expérience demeure globalement positive et évolutive, pour peu que la gauche en fasse la lecture appropriée et objective. Celle-ci doit reposer sur la critique constructive et l’autocritique créatrice et en tirer les enseignements nécessaires.

C’est ainsi que sera renouvelée la pensée socialiste sur la base de la dualité de la fidélité et du renouveau, loin de toute forme de dogmatisme.

Cela requiert l’adoption de formules organisationnelles souples et en même temps capables de se mettre au diapason des transformations sociétales accélérées. Parallèlement, cela exige d’intégrer les nouveaux moyens de communication dans leur diversité.

Sur cette base, le PPS considère que la pensée socialiste a encore en face d’elle de larges horizons démocratiques.

       CHAPITRE III

LE CONTEXTE NATIONAL ET SON INFLUENCE

Les raisons du recul de la Gauche au Maroc

La secousse qui a ébranlé la majorité des mouvements de la gauche communiste dans le monde après l’effondrement de ce qui s’appelait le « camp socialiste » n’a pas eu de conséquences organisationnelles majeures sur notre Parti. En effet, grâce à la distance qu’il avait pris avec la pensée prédominante dans la culture « soviétique », notre Parti a toujours œuvré en toute indépendance, et s’est occupé principalement de ses tâches nationales tout en militant pour le rayonnement de l’esprit de solidarité internationale avec les partis communistes, les partis socialistes et les mouvements de libération nationale.

Cependant, cet évènement a compliqué la tâche des militants du Parti, auxquels on demandait alors d’expliquer encore et toujours les raisons de ce qui s’est passé, et a réduit pour une longue période notre discours sur notre identité socialiste, vu qu’elle restait liée dans la représentation collective à l’échec de l’expérience soviétique. Elle nous poussait à nous contenter de concentrer notre lutte, nos analyses et notre littérature sur la réalisation des tâches de l’étape nationale et sur la préservation des acquis démocratiques et sociaux de notre peuple.

Cette « adaptation » a eu des aspects positifs, consistant pour l’essentiel à renforcer et à immuniser notre Parti, dans sa continuité, comme acteur important et influent sur le cours des évènements qu’a connus notre pays, notamment son évolution démocratique et son progrès social, armé d’une approche « réaliste » fondée sur la juste évaluation de l’évolution du rapport des forces, la définition des priorités dans notre lutte pour leur réalisation et la négociation pour des consensus politiques positifs. Cependant, il faut reconnaître que cette adaptation a été menée au détriment d’une forte présence du Parti sur la scène de la lutte idéologique.

Le Parti s’est contenté, en effet, de continuer à jouer son rôle dans le cadre de la Koutla démocratique et dans la participation active et efficace dans l’élaboration des consensus politiques qu’a connus notre pays, depuis 1974 jusqu’à aujourd’hui, entre l’institution monarchique et les forces politiques, que cela fût à partir de son positionnement dans l’opposition où dans la majorité gouvernementale.

Or, les fissures internes qu’a vécues la Koutla démocratique comme cadre unitaire, à cause de divergences subjectives entre les partis de l’Union Socialiste et de l’Istiqlal, ont paralysé l’action et le dynamisme de la Koutla, avant de conduire à son enterrement définitif, dans un contexte politique pourtant positif, marqué par l’adoption, presque à l’unanimité, d’une nouvelle Constitution, très avancée, particulièrement en matière des droits. Le manque de clairvoyance de la part de ces deux composantes a privé les forces nationales démocratiques de la possibilité de continuer à occuper les devants de la scène politique et a permis l’émergence de forces politiques à référentiel religieux. Et au lieu de tirer les enseignements de cette expérience et d’œuvrer à rattraper les erreurs et à surmonter les problèmes, ces deux partis sont malheureusement entrés dans un processus de querelles et de surenchères populistes, loin de leurs positions historiques et militantes.

Croissance et diversité du phénomène de l’Islam politique

Devant cette situation, les courants au référentiel religieux ont pris une place plus forte dans les champs politique et social. Mais ce ne sont pas des mouvements ou des partis religieux dans le vrai sens du terme, leur expansion ne résultant pas de leurs éventuels efforts et apports intellectuels mais plutôt de circonstances pratiques objectives, dont principalement l’échec des projets de développement du pays et la crise de la gauche. L’avènement d’une direction religieuse à la tête de la révolution iranienne, surtout à ses débuts, la croissance de l’idéologie fondamentaliste et le soutien fourni par les forces impérialistes à ces courants religieux pour contrer les aspirations d’émancipation des peuples, sont tous des facteurs qui ont favorisé cette influence ascendante.

En plus de ces facteurs qui ont favorisé la croissance et l’enracinement de ces organisations il faut également rappeler le rôle de l’échec du système éducatif national et l’exploitation politique faite par ces courants religieux d’idées et de préjugés qui existent effectivement dans notre société.

Notre Parti ne prend pas une position de principe contre les mouvements à référentiel religieux, mais arrête ses positions à leur égard à la lumière de leurs attitudes et positions à l’égard des causes de la société et du changement. C’est ce qui explique notre participation aux deux gouvernements dirigés par le Parti de la justice et du développement, sur la base d’un programme gouvernemental consensuel négocié, fondé essentiellement sur le respect des libertés individuelles et collectives et sur les acquis constitutionnels, dont le référentiel universel et moderniste.

Et il serait erroné de juger la pratique politique de la religion comme, dans l’absolu, conservatrice et réactionnaire ou progressiste et révolutionnaire, étant donné la diversité de ses formes concrètes et de ses manifestations pratiques. C’est pour cela que nous ne mettons pas tous les mouvements à référentiel religieux dans notre pays au même niveau. *

Les partis liés à l’Administration

«L’oligarchie», dominante depuis son apparition, n’a pas pu se doter d’expressions politiques organisées et indépendantes, vu qu’elle est composée de catégories différentes, aux activités économiques diverses (financières, industrielles, agricoles, rentières …) et aux intérêts différents.

Ces partis «administratifs» ont été créés dans l’entourage des autorités et certains d’entre eux se sont développés dans un processus de falsification flagrante des élections et de fabrication des cartes politiques. Ils se sont distingués par leur propension à l’autoritarisme et au contrôle de la société, de l’évolution démocratique et des libertés. Et nous les jugeons justement à la lumière de leur pratique politique et à l’aune de nos valeurs et de nos programmes.

Ils accordent la priorité principalement au développement des richesses personnelles et familiales, au détriment même des intérêts qu’ils ont en commun avec la classe sociale à laquelle ils appartiennent, vu que c’est la raison même qui a présidé à leur création. Devant leur incapacité et l’absence même de volonté en leur sein, l’Etat a veillé, depuis l’indépendance politique du pays jusqu’à aujourd’hui, à intervenir pour inciter et encourager quelques personnalités, à des époques historiques différentes, pour créer de nouvelles organisations en mesure de défendre les intérêts de cette « oligarchie », sous forme de partis politiques, et pour meubler le champ politique d’expressions politiques et d’«opposition», différentes des visions et des propositions de la Gauche et des forces nationales. Cette situation renforce l’ambigüité et le manque de clarté qui dominent le champ politique, vu la faiblesse de la production intellectuelle autonome de ces catégories qui appartiennent à «l’oligarchie», ce qui n’aide pas à clarifier leur identité et leur positionnement réels.

Les manifestations de protestation, spontanées et non spontanées

Devant ce que connaissent parfois les champs social et politique comme pressions et incertitude des horizons, et devant le recul important des forces de gauche surtout dans le champ social, des mouvements spontanés et non spontanés, bien que limités jusqu’à présent, ont commencé à apparaître dans les villes, suite à des évènements et des faits de société locaux, qui constituent la première étincelle et le prétexte pour sortir dans la rue, et qui ne tardent pas à prendre des formes plus ou moins organisées, en dehors du cadre des partis politiques. Ce phénomène, qui est apparu avec le « mouvement du 20 février » au début du siècle actuel, se répète de plus en plus et à des intervalles rapprochés.

Même si les réseaux sociaux sont devenus un levier important, qui aide à la mobilisation et à l’exacerbation des sentiments, il est devenu impossible pour les autorités et pour les acteurs politiques et syndicaux de fermer les yeux sur ce qui s’y passe, parce qu’ils révèlent sans doute l’expression de l’aggravation d’une situation sociale qui est restée sans remède et renseignent sur la nécessité de revoir l’efficience de l’encadrement politique et social dans notre pays.

Certes, il est vrai que toute action spontanée porte en elle ses limites, mais nous ne pouvons en tant que force militante de gauche ne pas nous interroger sur les causes de l’apparition de ce phénomène pour en tirer les leçons nécessaires avant qu’il ne soit trop tard. Nous devons veiller à rester suffisamment vigilants pour interagir positivement avec ce phénomène, pour éventuellement l’encadrer assez rapidement, parce qu’il n’est pas possible de transformer une lutte spontanée en large lutte sociale si nous ne connaissons pas de manière précise ses causes et si nous n’œuvrons pas à élever le niveau de conscience politique de ses initiateurs.

Les organisations de la société civile : Une influence inégale

Depuis sa création, notre Parti a œuvré pour encourager les diverses initiatives, à l’intérieur comme à l’extérieur, visant à fonder des associations dans la société civile. Il est profondément convaincu de leur importance pour défendre les diverses revendications sociales légitimes de la population et pour contribuer à proposer des solutions à ses problèmes, en tant qu’organisations non gouvernementales faisant l’équilibre face à toute tentative de l’Etat d’exercer son hégémonie sur la société et de la démanteler, sans que cela soit par ailleurs un obstacle à ce que l’Etat joue son rôle dans le maintien de l’ordre public et l’arbitrage entre les divers et principaux intérêts en présence.

La société civile fait l’objet, dans notre pays, d’une lutte entre diverses forces politiques et idéologiques contradictoires, dont les forces de l’islam politique, qui convergent à utiliser la société civile dans leur affrontement avec le monopole exercé par l’Etat et ses appareils dans l’usage de la force et le pouvoir de décision. C’est pourquoi il serait erroné de considérer que la « société civile » ne serait qu’un simple « incubateur » d’idées et de valeurs civiles et « terrestres » qui refléteraient l’espace public sans l’espace privé, chargé d’une conscience religieuse, sincère ou artificielle. Le phénomène de la désaffection à l’égard de l’action politiqueLa désaffection des citoyens et des citoyennes à l’égard de la participation active dans la vie politique nationale et dans les batailles électorales a été l’une des plus importantes caractéristiques de l’action politique durant les deux dernières décennies. Cette désaffection est certainement liée aux pouvoirs limités des diverses institutions représentatives, à la déconsidération de l’action politique, à l’affaiblissement des partis politiques, aux pratiques des différents acteurs politiques, à l’ingérence des autorités lors des opérations électorales au profit de certaines parties et contre d’autres, au recours illégal à l’argent lors des élections et aux pratiques de corruption politique et d’exploitation des institutions représentatives pour s’enrichir illicitement, sans parler de la situation économique et sociale difficile de la majorité des citoyens, qui les pousse, surtout les jeunes et les cadres, à considérer que la bataille démocratique est secondaire.

La difficulté de différenciation et la nécessité de la clarté idéologique

Dans l’étape historique que traverse notre pays, qui est une étape de l’édification de l’Etat national et démocratique moderne, souvent les positions des différentes forces sociales et politiques, malgré leurs divergences et leurs contradictions, s’entrecroisent et convergent pour la réalisation de certaines tâches et de certains besoins. Cette situation provoque alors la confusion et l’embarras, surtout lorsque les partis politiques de l’Administration (de droite) présentent leurs « programmes » pendant les campagnes électorales, prétendant être « au service des citoyens pour résoudre les problèmes de l’éducation, de la santé, de l’emploi, du logement … », occultant leur référentiel idéologique et leur positionnement social dans le but d’attirer les voix des citoyens, surtout les pauvres, sans parler du recours illicite à l’argent pour l’achat des conscience. Ces pratiques poussent de larges couches populaires à croire, vu leur faible niveau de conscience politique et la faiblesse du débat public, que tous les partis se ressemblent. De même, l’ouverture des partis de gauche, pour des raisons subjectives, sur des potentialités électorales dont certaines n’ont pas de formation politique et qui ne sont pas nécessairement appelées à épouser l’identité de ces partis et leur référentiel idéologique, peut conduire à ce que ces élus adoptent des positions proches de celles des forces politiques de droite, sans parler des déviations comportementales et éthiques qui peuvent parfois atteindre le corps électoral de gauche. Tous ces facteurs conjugués n’aident pas à la nécessaire différenciation politique entre les divers acteurs politiques pour que le citoyen appréhende l’identité réelle de chacun d’entre eux. Ces pratiques et cette situation portent préjudice principalement aux forces politiques de la gauche, limitent leur influence et compliquent leur tâche pour communiquer avec les citoyens et les éclairer, sachant que notre lutte pour la clarté idéologique est notre outil pour conscientiser, faire bouger et mobiliser les masses pour réunir les conditions nécessaires du changement.

Or, on ne peut faire cela seulement pendant les campagnes électorales où à de rares occasions conjoncturelles.  C’est une action quotidienne et une tâche inhérente à tout militant ou militante de notre Parti. Nous devons nous en acquitter à travers des moyens divers et adaptés aux couches sociales concernées.

Ce n’est pas seulement une question de connaissance et de compréhension, mais aussi de principes, de valeurs et de comportements nouveaux.

Ceci ne se réalisera que dans le cadre du combat des idées et de l’autocritique, en plus de l’action politique de masse.

CHAPITRE IV

LA NECESSITE D’UNE REFLEXION PROFONDE ET D’UN EFFORT CONTINU POUR APPORTER UNE REPONSE A LA QUESTION DU SENS D’ETRE SOCIALISTE DANS LE MAROC D’AUJOURD’HUI

Dans un contexte international qui a connu, lors des deux dernières décennies du siècle dernier, des luttes politiques et des crises économiques et sociales importantes, emportant ce qui s’appelait le « camp socialiste » et ouvrant la voie aux systèmes capitalistes mondiaux pour étendre leur emprise hors de leurs territoires et exercer leur hégémonie sur le reste des pays du monde, la gauche mondiale a vécu une crise sans précédent. La question sur « le sens d’être socialiste dans le Maroc d’aujourd’hui » devenait alors légitime et inévitable.

Pour notre Parti, être socialiste aujourd’hui c’est s’approprier une vision de la justice sociale et de l’égalité qui ne se fonde pas uniquement sur « l’équilibre » juridique ou l’égalité des chances, mais s’appuie sur la lutte pour abolir les causes objectives de l’injustice, de l’exploitation et de l’asservissement. Et il ne s’agit pas de nier les disparités entre les hommes mais de supprimer leurs causes inhérentes à l’exploitation et de renforcer la dignité humaine. Le socialiste aujourd’hui est celui qui, face à la réalité, se fixe des tâches précises qui correspondent à cette réalité et visent à la changer le mieux possible. Il lutte pour réaliser ce changement avec tous les moyens possibles, tenant compte dans cette lutte des priorités dans ces tâches, en vue de l’étape suivante.

Le socialiste aujourd’hui est celui qui appréhende la réalité dans sa dynamique et qui puise dans l’apport de la pensée socialiste et de ses dimensions méthodologiques, en continuant à renouveler ses sources et à s’inspirer des références pratiques, intellectuelles et thématiques contemporaines et à profiter des multiples expériences humaines, avec leurs aspects positifs et leurs aspects négatifs, loin de «l’absolutisme » et de la pensée unique, ouvert aux apports intellectuels dans leur diversité.

Le socialiste est celui qui ne se contente pas de l’analyse et de l’explication mais innove dans la recherche des solutions à apporter aux problématiques posées, à la lumière de son référentiel, et s’approprie la cause de l’environnement et de sa défense.

Rejet du dogmatisme, des modèles prêts à l’emploi et de la momification de la pensée

Notre Parti n’a jamais pris ses décisions politiques uniquement sur la base de ses principes, sans prendre en compte les circonstances réelles dans lesquelles il devait mettre en œuvre sa ligne politique et sans être conscient que cette même ligne politique pouvait être erronée dans d’autres cas, en fonction d’autres circonstances.

Notre Parti combat en permanence l’immobilisme et la léthargie intellectuels et refuse le recours aux formules théoriques uniques dans des actions sociales diversifiées, sans prendre en considération les spécificités de chaque situation. Il se fonde sur les réalités concrètes et évite les préjugés, parce que nous avons très tôt pris conscience que le Parti devait être l’enfant de son milieu, ne pas traîner en permanence un discours figé, se dresser avec la fermeté nécessaire contre le dogmatisme et l’extrémisme, explorer les divers domaines en passant de l’unique au multiple, du certain au possible, de l’absolu au relatif, sans se limiter à l’analyse et à l’explication, mais en devant jouer un rôle innovateur, apte à formuler une nouvelle vision de la justice sociale.

La voie nationale vers le socialisme

Les principes généraux du socialisme en tant que forme d’organisation sociale, nouveaux rapports sociaux, juste répartition des richesses et en tant que valeurs et idéaux humains, constituent la composante principale de l’identité du Parti. Cela a toujours été affirmé et confirmé dans tous ses Congrès nationaux. Mais nous ne nous sommes jamais contentés de le proclamer. Nous avons toujours veillé à mener une réflexion collective et novatrice, en l’inscrivant dans son environnement concret pour qu’elle soit en harmonie avec les réalités de notre pays et avec les conditions de son évolution historique.

Nous considérons que l’identité du Parti ne se compose pas uniquement des principes du socialisme mais puise aussi dans ce qui est radieux dans notre patrimoine arabo-musulman et dans les avancées intellectuelles, scientifiques et objectives que l’humanité a connues jusqu’à nos jours, afin de libérer l’humanité de toute les formes d’exploitation et d’asservissement.

Les progrès scientifiques et technologiques, et particulièrement la révolution globale dans les domaines de la communication et de l’informatique, ont bousculé et développé le concept des forces productives et le concept de la valeur, avec ce que cela induit comme évolution dans le concept de classe ouvrière qui n’est plus la classe ouvrière dans son acception traditionnelle mais qui s’est élargie à de nouvelles forces, sans oublier la nouvelle exigence de l’intégration de la dimension environnementale et écologique comme composante essentielle. En effet la nature, qui est la source de la continuité de la vie, est de plus en plus détruite et menacée par le capitalisme.

L’identité socialiste et écologiste de notre Parti n’est pas une identité renfermée sur elle-même, mais elle est de nature relationnelle interactive. Le développement et l’interactivité de notre identité ne l’effacent pas mais l’enrichissent et en font une valeur dynamique et non pas une valeur figée et stagnante.

La dimension écologique du socialisme

Le Parti du progrès et du socialisme considère que la lutte écologiste n’est pas moins importante que la lutte pour le droit au travail et à la juste répartition des richesses, parce que le capital sauvage qui exploite les forces humaines productives est celui-là même qui exploite la terre et la nature comme force productrice et, ce faisant, détruit en même temps le droit de l’Homme à la vie.

Le capitalisme, dans sa forme consumériste pure, ne peut augmenter ses bénéfices rapidement ou travailler mieux avec moins de ressources parce qu’il repose, dans son essence même, sur les principes essentiels de la multiplication des bénéfices et sur la liberté et la rapidité de circulation des capitaux de façon à lui garantir le plus grand et le meilleur gain possible.

Ce qui n’est pas compatible avec les exigences de sauvegarde de l’environnement écologique et de son renouvellement dans le cadre du développement durable.

C’est ce qui explique le lien étroit entre la lutte écologique et les principes socialistes, même si les « théoriciens » du capitalisme tentent d’envelopper leurs projets de la couleur « verte » écologique, en propageant des concepts tels que « la responsabilité sociale de l’entreprise » ou « l’incitation à l’utilisation des énergies renouvelables », dans le but de se l’approprier et de la vider de sa substance, en l’ajoutant à leur lexique trompeur, sans changer en rien les modes de production pollueurs.

Sans parler de l’obsolescence programmée, du transfert de la pollution consubstantiel aux transferts de capitaux à destination des pays se caractérisant par un faible coût de production et garantissant de gros bénéfices.

CHAPITRE V

LA NECESSITE D’UNE ANALYSE APPROFONDIE DES DEVELOPPEMENTS QUE CONNAIT LA SOCIETE MAROCAINE

Les transformations démographiques et leurs répercussions sur le changement du mode de vie urbain

Le rythme rapide de la croissance démographique dans les centres urbains au Maroc a connu une augmentation annuelle de 4%, nettement au-dessus de la moyenne mondiale, qui se situe à 1,5%. Ce rythme explique que la population des villes marocaines se soit multipliée et soit passée de 26% en 1950 à près de 60% en 2016. Cette évolution nous interpelle en tant que Parti démocratique et moderniste, notamment par rapport aux résultats que nous avons obtenus dans les villes lors des opérations électorales de 2015 et 2016. Il nous interpelle aussi sur notre capacité à assimiler ce que connaissent ces espaces comme transformations structurelles profondes, qui se manifestent notamment dans l’élargissement et la complexité d’accès à leurs services et dans les conditions de vie commune en leur sein, surtout avec l’apparition de valeurs et de comportements nouveaux, propres aux diverses catégories sociales qui y vivent, dont surtout la jeunesse.

Cette évolution a fait émerger de nouvelles attentes chez les citoyens et les citoyennes, surtout dans les domaines de l’emploi, du logement, du transport, de la culture et de la gouvernance de ces villes, avec ce qui accompagne cela au niveau des disparités sociales et de la sécurité, auxquelles nous n’avons pas pu, malgré tous les efforts déployés, apporter les réponses adéquates. Par conséquent, il est devenu impératif pour le Parti et ses organisations, à tous les niveaux, de relever le défi et d’accorder un intérêt extrême au traitement de cette problématique. Notre Parti doit s’enraciner dans son environnement social urbain, se mobiliser et s’ouvrir à l’égard de toutes les potentialités internes et externes, en s’appuyant sur toutes les données et les études sérieuses menées, pour mieux comprendre ce qui se passe, et organiser la présence et l’action du Parti, dans le cadre de programmes militants, avec les méthodes, les moyens et les compétences appropriés, pour relever ce défi qui conditionnera l’avenir de notre Parti.

L’obligation de déployer les efforts nécessaires dans l’analyse de la structure des classes dans la société marocaine

Depuis sa fondation, notre Parti n’a pas cessé, à travers ses multiples congrès et ses activités scientifiques et politiques, d’accorder un intérêt central à l’étude et à l’analyse de la structure économique et sociale de la société marocaine et à l’évolution des rapports sociaux dominants. Il a toujours cherché à appréhender les contradictions qui le caractérisent et à en saisir celles considérées comme principales et celles secondaires, afin d’orienter ses luttes, en liaison avec ce que permettent les conditions objectives et subjectives de l’étape historique en question, accompagnant et scrutant ce qui est nouveau et ce qui se développe et non seulement ce qui existe au moment présent mais aussi ce qui en naîtra demain.

Le renouvellement de notre analyse de la structure des classes sociales dans notre société actuelle est l’une des tâches urgentes auxquelles doit s’atteler notre Parti, après la tenue de son Xe Congrès, vu la complexité de l’évolution de la société marocaine, la confusion et le manque de clarté qui entourent cette question, afin de clarifier les choses et d’armer la conscience et la volonté collectives dans la voie du changement espéré. Le développement économique, dans le cadre des contraintes objectives et subjectives de la situation dans notre pays, sans parler d’une situation économique marquée par le caractère marchand et rentier est, d’une part, dominé par l’hégémonie d’une classe oligarchique qui profite de l’essentiel des richesses produites et, d’autre part, conditionné par des relations de dépendance à tous les niveaux, consacrée par le biais d’accords de libre échange avec plusieurs pays et qui enregistrent pour la plupart un déficit de la balance commerciale marocaine.

Cette orientation a conduit à l’affaiblissement de la bourgeoisie nationale et de son rôle politique et économique du fait des crises que connaissent la plupart des secteurs industriels et qui se traduisent par la fermeture de plusieurs usines, le licenciement de milliers de travailleuses et de travailleurs et l’aggravation du chômage et de la marginalisation. Ainsi, la contradiction principale met la majorité du peuple marocain (bourgeoisie nationale, couches de petite et moyenne bourgeoisie, ouvriers, paysans pauvres, marginaux …) en opposition avec « l’oligarchie » et ses alliés.

L’intérêt national requiert le changement d’orientation, à travers l’exercice souverain du pouvoir de décision et la mise en oeuvre de réformes profondes dans les structures ; des réformes, de nature à mobiliser les ressources nationales au service du développement durable.

Ces réformes devraient s’appuyer  sur les potentialités de notre pays et qui font de la recherche scientifique et technologique une priorité, en intégrant de manière intelligente ce que l’Humanité a obtenu comme résultats dans les sciences, les techniques, les industries et les nouvelles technologies de l’information … L’intérêt national requiert aussi la participation démocratique et active, consciente et organisée, des larges couches de notre peuple, à travers une mobilisation continue et non seulement circonstancielle. C’est là la seule orientation à même de permettre la résolution des problèmes sociaux dans un délai raisonnable.

La nécessité d’accompagner les transformations que connaît le monde du travail

Notre Parti, en harmonie avec son positionnement social, accompagne l’évolution du monde du travail et les transformations profondes qu’il connaît, notamment dans les secteurs de la production et des services, du fait de son intégration des technologies numériques, des systèmes informatiques et des outils électroniques, qui requièrent une main-d’œuvre peu nombreuse et qualifiée.

Cette évolution a limité relativement la main-d’œuvre dans l’industrie, les services et l’agriculture dans les relations de production dans notre pays et annonce le développement croissant du contenu intellectuel dans le travail, ce qui présage du rôle futur dans le processus de production que les catégories de travailleurs qui maîtrisent l’informatique et les nouvelles technologies auront à jouer, dans un proche avenir, à tel point que l’on commence déjà à parler de « cognitariat », à l’instar du « prolétariat ». C’est pourquoi, devant ce phénomène, qui est encore au stade embryonnaire dans notre société, notre Parti doit être attentif et doit accompagner sur la base de l’analyse ce qui se passe dans le monde du travail, afin d’éclairer son action et d’adapter les formes de sa lutte dans le ciblage qui convient en direction de cette catégorie montante des travailleurs salariés.

Partie I : Le Parti du Progrès et du Socialisme et son référentiel idéologique et principiel

Partie II : Le Parti du Progrès et du Socialisme et l’action politique

Partie III : Le Parti du Progrès et du Socialisme et l’horizon économique, social et écologique

Partie IV : Les questions sociales et culturelles

Partie V : Le Parti du Progrès et du Socialisme et les caractéristiques essentielles de la situation internationale

Partie VI : La valeur ajoutée du Parti du Progrès et du Socialisme dans le champ politique national

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