Un drame, une responsabilité et des enseignements

Le déraillement d’un train navette rapide (TNR), mardi matin, au niveau de la localité de Bouknadel, provoquant la mort de sept personnes, selon un premier bilan officiel et une centaine de blessés, continue de susciter des réactions à bien des égards.

Au niveau institutionnel, force est de constater que l’Office national des chemins de fer (ONCF) s’est bien distingué parla non-communication. En effet, au moment où la population était prise de panique et des images choquantes ainsi que des vidéos, véhiculant l’ampleur du drame, enflammaient les réseaux sociaux, l’ONCF plongeait dans un mutisme, donnant l’impression que l’entreprise, de surcroît publique, n’était pas concernée par le sang qui coulait à flots sur ses rails, les cris des familles des victimes qui demandaient des informations sur ce qu’il s’est réellement passé et d’une manière générale l’opinion publique qui s’interrogeait sur la sécurité des usagers de ce moyen de transport de masse, fortement pointé du doigt, ces dernières années,en raison de ses retards devenus quasiment ponctuels, le confort devenu un vain vocabulaire et l’absence des autres services pourtant facturés.

C’est du moins ce qui a été retenu de la manière dont l’ONCF a géré le drame de Bouknadel. Mais, sur un autre registre, ce drame a montré le sens de solidarité des Marocaines et des Marocains qui ont immédiatement agi et réagi sur le site en apportant les premiers secours aux victimes, en intervenant pour faciliter l’accès des secouristes au lieu du drame et plusieurs riverains étaient à pied d’œuvre à côté d’eux. De même, les Marocains et les Marocaines ont manifesté leur sens de solidarité en contribuant, chacun selon ses moyens, à la question du transport, notamment entre les villes de Salé et Kénitra.

A ce propos, des messages ont été rapidement postés sur les réseaux sociaux, mettant à la disposition des familles restées isolées, en panne, sur cet axe, des informations leur permettant de joindre un automobiliste en vue de rentrer chez elles. Cette solidarité et cette culture de générosité ont été également exprimées par la population marocaine en recevant les familles paniquées à Casablanca ou Rabat suite à ce drame qui a secoué toute la nation.

Ainsi, la société marocaine marche d’un pied, agit d’une seule main et parle d’une seule voix en pareille situation. D’ailleurs, cette même voix s’élève de plus en plus, demandant la mise en application du principe constitutionnel de corrélation entre responsabilité et reddition des comptes. Dans ce cadre, une enquête a été ouverte sous la supervision du parquet général de Rabat pour élucider les circonstances ayant été à l’origine du drame.

En attendant les résultats de cette enquête, les blessés ont été pris en charge par l’Hôpital militaire de Rabat sur instruction de SM le Roi Mohammed VI, qui a également pris en charge les funérailles des personnes décédées. Bref, les choses pourraient se résumer ainsi : un drame, une responsabilité et plusieurs enseignements. Il va falloir donc mettre en application le principe constitutionnel de corrélation entre responsabilité et reddition des comptes soulignée dans le Constitution et tirer les enseignements nécessaires pour pouvoir recadrer des politiques publiques et baliser la voie au développement du pays.

Belkassem Amenzou

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