Une froideur terriblement latente

Saoudi El Amalki

Les rapports politiques entre la France et le Maroc sont toujours au froid, malgré le fait que la capitale de l’Hexagone continue à déferler sur le sol du pays nord-africain, à travers ses diverses entreprises. Du côté des centres de décisions à Paris, on n’a jamais pu digérer la reconnaissance trumpienne du Sahara et l’accord tripartite maroco-israélo-américain qui, à coup sûr, ont brouillé la cartographie française sur la région. L’Allemagne aussi était, dans un temps, désarçonnée par ces donnes et tentait d’invalider la légitimation américaine en direction de l’intégrité des provinces marocaines sud, auprès des instances onusiennes, sauf que la première force de l’Europe s’aperçut ipso facto, qu’elle en faisait fausse route. Chemin faisant, l’étau se resserre davantage sur le locataire de l’Elysée, dès que le royaume d’Espagne se démarque de cette position « négativiste » vis-à-vis de la question marocaine sacrée et s’en est bien rendu à l’évidence avec honneur. Piqué au vif par ces rapprochements qui s’opérent dans la région autour du Maroc, allié de choix, depuis des lustres, Macron se rebiffe en se jetant éperdument dans les bras de l’Algérie  dont il n’a pas hésité, il n’y a pas si longtemps, de renier la notion de nation légitime. En dépit des voix vives de milieux des affaires et de courants des partis, le bi-mandataire français tient tête face à cette avalanche de sympathies envers le Maroc et essaie par toutes les manœuvres souvent «illicites» de démanteler cet entrain, conforté aussi par la percée marocaine sur les réseaux africains, à travers une politique égalitaire, bien plus équitable que celle entretenue initialement, par le régime de la France, sur filigrane de subtilisation. En fait, il faut bien dire que le pays des Lumières ou tout au moins celui qui préside aujourd’hui à ses destinées risque de se casser les dents par cette approche «hybride» en se croyant que le Maroc est un allié «acquis» et qu’il finirait par céder, à travers des attaques en sourdine ( affabulations mensongères du Pegasus, dénigrement outrageant au parlement européen, intimidation téléphonique envers le Roi…). Tout en se gardant de s’en prendre de manière frontale, au duo américano-israélien à propos duquel il esquive toutes représailles, Macron joue à fond la carte de la junte algéroise sans à priori, trop de convictions, juste pour contrecarrer l’affaire du Sahara en vertu de laquelle repose sa raison d’être, de crainte que la faillite du régime militariste ne soit fatalement au pied du mur. Au fait, en voulant trop « courtiser » ce régime en décadence en vue de faire abdiquer un Maroc en grande légitimité, Macron se fourre le doigt dans l’œil pour le reste de son mandat à moins qu’il ne se ressaisisse et veuille marquer le passage par un traitement de choc spectaculaire, au service des voix internes qui ne cessent de contester son entêtement innommable. « Celui qui court deux lièvres à la fois, n’en prend aucun ! », disait l’adage de Erasme, l’illustre humaniste néerlandais de la Renaissance.

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