Une guerre commerciale sur les véhicules électriques chinois

Automobile

Pressé de suivre l’exemple des États-Unis et de l’Union européenne, et en se basant sur une consultation publique de 30 jours tenue plus tôt cet été, le gouvernement du Canada a confirmé lundi son intention de mettre en œuvre une surtaxe de 100 % sur tous les véhicules électriques fabriqués en Chine à partir du 1er octobre 2024.

Cette surtaxe, qui s’ajoutera au tarif de 6,1 % déjà en vigueur, visera notamment les véhicules de tourisme, les camions, les autobus ainsi que les camionnettes de livraison électriques. Il est question non seulement des modèles 100% électriques à batterie et à pile à combustible, mais aussi de la plupart des modèles hybrides, rechargeables ou non.

L’annonce a été faite à Halifax par la vice-première ministre et ministre des Finances, Chrystia Freeland, afin notamment de protéger l’industrie automobile canadienne contre la concurrence déloyale de la part des producteurs chinois, qui bénéficient de politiques et de pratiques contraires au marché. Rappelons aussi que le Canada a investi de fortes sommes ces dernières années pour décrocher des usines de Stellantis, Volkswagen et Honda, entre autres.

« La main-d’œuvre canadienne et les secteurs essentiels au pays, y compris les industries de l’acier et de l’aluminium, font face à une politique de surcapacité intentionnelle dirigée par un État. Cette politique compromet la compétitivité du Canada sur les marchés national et international. C’est pourquoi notre gouvernement va de l’avant aujourd’hui avec des mesures décisives pour uniformiser les règles du jeu, protéger la population canadienne et adopter des mesures équivalentes à celles prises par nos principaux partenaires commerciaux », a-t-elle déclaré.

En plus de leur coût d’importation accru (pour les constructeurs, mais avec des conséquences inévitables pour les acheteurs), les véhicules électrifiés de fabrication chinoise ne seront plus admissibles aux subventions, car l’accès aux divers programmes du gouvernement fédéral sera limité aux produits fabriqués dans les pays qui ont négocié des accords de libre-échange avec le Canada.

La valeur des véhicules électriques chinois importés au Canada a explosé durant la dernière année, passant de moins de 100 millions $ à quelque 2,2 milliards $, principalement à cause des Tesla Model 3 et Model Y qui nous parviennent désormais en bonne partie de là-bas. Volvo et Polestar construisent également des véhicules en Chine.

La principale inquiétude du gouvernement vient toutefois des compagnies chinoises qui produisent des modèles bon marché, comme BYD. Celle-ci a manifesté en juillet son intention de préparer une percée sur le marché canadien.

À compter du 15 octobre 2024, une surtaxe de 25 % sera aussi imposée sur les importations d’acier et d’aluminium en provenance de la Chine. Une deuxième consultation de 30 jours sur d’autres secteurs essentiels, incluant les batteries et les pièces de batterie, les semi-conducteurs, les produits d’énergie solaire et les minéraux critiques, devrait suivre dans les prochains mois.

Chrystia Freeland a d’ailleurs mentionné en terminant que les mesures annoncées aujourd’hui pourront être prolongées et complétées par des mesures supplémentaires. Elles seront révisées dans un délai d’un an à compter de leur entrée en vigueur.

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