Le dramaturge Lahoucine Echaabi était l’invité de la section régionale de Rabat du Syndicat national des professionnels du théâtre, mardi 28 juin. A l’occasion, il a présenté son livre «Saroute» et a abordé son parcours dans le domaine du théâtre, son militantisme et son expérience dans l’écriture dramatique.

Lahoucine Echaabi, a affirmé Mouhsine Zeroual, modérateur de la rencontre, est l’un des véritables militants des planches, un homme ayant consacré sa carrière au théâtre marocain. «Il est l’un des piliers d’une expérience exceptionnelle dans le théâtre d’amateurs des années 70», a-t-il dit lors de sa présentation.

En effet, Echaabi s’est aventuré dans la dramaturgie depuis plusieurs années. Il a toujours eu le souci de la recherche du sens dans une société qui interpelle et de laquelle émergent de nombreux questionnements, problèmes et paradoxes.

La pièce de «Saroute», précise Echaabi à l’occasion, a été écrite dans un contexte particulier, celui de la réconciliation avec les droits de l’Homme et le passé. Le texte n’est pas uniquement un traitement et une mise en scène d’une situation, mais il braque également les lumières, théâtralement parlant, sur l’état existentiel et ontologique des protagonistes de la pièce.

C’est une incarnation d’une réalité vécue, mais avec un souffle théâtral. Certes, la pièce interroge, mais elle mène le public dans un univers à la fois absurde et surréaliste. L’objectif étant de le mettre dans le vif de la situation.  Le texte s’est basé, précise le dramaturge, sur des aveux et des témoignages de ceux qui ont vécu, à un moment donné de l’histoire du pays, des conditions difficiles dans les prisons. Et d’ajouter : «ces aveux ont été le bois alimentant le feu de la création de cette pièce». «L’art en général et le théâtre en particulier, ont joué un rôle majeur pour panser les maux du passé. J’ai essayé d’adhérer à ce projet de réconciliation avec le passé et la mémoire», ajoute Lahoucine Echaabi.

Pour le dramaturge, «Saroute» reste un personnage énigmatique et qui dérange dans le sens positif du terme. «Je ne veux pas tomber dans le réalisme ironique. Pour moi, le théâtre n’est pas un canal de plaidoirie pure et directe», dixit l’invité. Dans sa pièce, le dramaturge a recouru à l’humour noir, mais avec un souffle humain pour véhiculer ses lettres de noblesse.

Le dramaturge et acteur Abdelhak Zerouali a souligné que Echaabi dans cette pièce extériorise l’humain qui l’habite. L’écriture dans ce sens, d’après lui, n’étant qu’un instrument pour le libérer. Selon lui, il fait partie des hommes fidèles du théâtre marocain, un militant chevronné pour les droits des artistes et comédiens.

L’œuvre demeure ouverte, elle est inchoative et inachevée. «J’ai écrit un texte où la création se libère des limites. Je laisse des passages ouverts pour l’interprétation. Bref, le texte doit être joué et interprété», a confié Echaabi lors de la rencontre.

Pour le réalisateur de théâtre Hassan Alaoui Mrani, Lahoucine Echaabi fait partie de ceux-là qui ont accompagné le mouvement théâtral marocain, un homme des planches par excellence et un militant de l’art et du théâtre.

De son côté, l’acteur, comédien et réalisateur Rgagna Abdelkebir a signalé que  l’invité de la rencontre a eu un passage dans le petit écran. «Lahoucine Echaabi est un créateur aux multiples facettes, un militant et un des pionniers qui ont œuvré pour que la loi et la mutuelle des artistes voient le jour. C’est un homme que j’ai connu dans l’association Anwar Souss et qui m’a apporté tant de choses», a-t-il fait savoir.

De con coté, Azri Abdelouahed n’a pas manqué de rappeler que la pièce «Saroute» est un travail d’une profondeur marquante. D’après lui, Echaabi est un dramaturge qui écrit avec finesse et sobriété.

Quant à Bouhcine Messaoud, président du Syndicat national des professionnels du théâtre, il a affirmé dans son témoignage que Lahoucine Echaabi est l’un des fondateurs et piliers du syndicat qui a contribué à l’enrichissement du théâtre d’amateurs.

Mohamed Nait Youssef