En Mai dernier, le Président Nicolas Maduro, 55 ans, à la tête du Vénézuéla depuis 2013, avait remporté, par 68% des voix, l’élection présidentielle face à Henri Falcon, son principal adversaire qui, en n’ayant obtenu que 21,2% des suffrages exprimés avait dénoncé un «scrutin sans légitimité» et réclamé, à ce titre, une nouvelle élection avant la fin de l’année. Boycotté par les principaux partis d’opposition, ce scrutin avait, en effet, été marqué par une très forte abstention.
Qualifiés, en conséquence, de « farce » par Washington, les résultats annoncés avaient été rejetés par le Chili, le Panama, le Costa Rica et par le Groupe de Lima, une alliance de pays d’Amérique et des Caraïbes. Créé en 2017, au moment où le Venezuela était secoué par de violentes manifestations qui s’étaient soldées par la mort de 125 personnes, le Groupe de Lima comprend l’Argentine, le Brésil, le Canada, le Chili, la Colombie, le Costa Rica, le Guatemala, le Honduras, le Mexique, le Panama, le Paraguay, le Pérou, Guyana et Sainte-Lucie.
Ne reconnaissant donc pas le deuxième mandat présidentiel de Nicolas Maduro qui devrait débuter le 10 Janvier, les pays précités – à l’exception du Mexique du Président Andres Manuel Lopez Obrador, gauche – ont signé ce vendredi, à Lima, une déclaration commune destinée « à coordonner des mesures à l’encontre du pouvoir de Caracas». Selon le ministre péruvien des Affaires étrangères, Nestor Popolizio, cette déclaration «porte un message politique fort» à savoir, «la non-reconnaissance de la légitimité du nouveau mandat du régime vénézuélien».
Et le chef de la diplomatie du Pérou d’ajouter qu’il «est très important que le Groupe de Lima ait fait cette déclaration afin de continuer à exercer une pression (sur Caracas) en vue de la restauration de la démocratie au Venezuela».
Invoquant le « principe de non-intervention », le Mexique, bien que représenté à la réunion du groupe de Lima par son ministre des Affaires étrangères, n’a pas signé ladite déclaration.
Dans ce document, les pays signataires ont demandé à Nicolas Maduro de céder le pouvoir au Parlement dans l’attente de l’organisation de nouvelles élections.
Le lendemain, samedi 5 janvier 2019, le Parlement vénézuélien, contrôlé par l’opposition et jugeant «illégitime» ce deuxième mandat, a procédé à un vote contre l’investiture de Nicolas Maduro. Or, cette «consultation» n’a qu’une portée symbolique puisqu’en 2016, la Cour Suprême du Venezuela, réputée proche du pouvoir, avait déclaré nulles toutes les décisions adoptées par le Parlement.
Considérant qu’à partir du 10 Janvier prochain, Nicolas Maduro usurpera la présidence et que l’Assemblée Nationale est «la seule représentation légitime du peuple», Juan Guaido, le nouveau président du Parlement vénézuélien, a rappelé que ce vote réaffirme «le caractère illégitime de Nicolas Maduro». Il s’est engagé, en conséquence, à « mettre en place les conditions nécessaires à un gouvernement de transition et à convoquer des élections libres». Nicolas Maduro va-t-il se plier aux injonctions de la communauté internationale et accepter de se dessaisir du pouvoir au profit du Parlement dans l’attente de l’organisation d’une nouvelle élection présidentielle à laquelle prendrait part tout l’échiquier politique vénézuélien? Pour l’heure, rien ne le laisse entendre mais attendons pour voir…
Nabil Bousaadi