Yahya Sinouar, nouveau patron du Hamas

Attendons pour voir…

Nabil El Bousaadi

Mardi soir, soit une semaine à peine après l’assassinat, à Téhéran, du chef de son Bureau politique, Ismaïl Haniyé, le mouvement de la résistance palestinienne, Hamas, lui a trouvé un successeur en la personne de Yahya Sinouar, qui dirigeait le mouvement dans la bande de Gaza et qui s’était fait connaître, dans le monde entier, pour avoir été l’un des principaux artisans de l’assaut du 7 Octobre 2023 ; ce qui a, immédiatement, fait de lui l’un des hommes les plus recherchés par Israël.

Pour rappel, le 7 Octobre 2023, des commandos du Hamas qui s’étaient infiltrés dans le sud d’Israël, à partir de l’enclave palestinienne de Gaza, avaient mené une attaque qui, d’après un décompte de l’AFP fait à partir de données officielles israéliennes, aurait fait quelques 1.198 morts du côté israélien, en majorité des civils.

Mais si, lors de cet assaut, les commandos palestiniens avaient, également, enlevé 251 personnes dont 39 seraient mortes alors que 111 sont toujours retenues à Gaza, la riposte lancée par l’armée israélienne, en guise de représailles, a fait, à ce jour, près de 40.000 morts parmi la population civile palestinienne. 

Aussi, pour saluer la désignation du nouveau leader du Hamas, qui est un « message fort » lancée, à Israël, dix mois après le déclenchement de « la Guerre de Gaza », afin de lui signifier que le Hamas poursuivra son chemin « sur la voie de la résistance » à l’occupation, une salve de roquettes a été tirée depuis l’enclave de Gaza en direction de l’Etat hébreu par les Brigades « Ezzeddine Al-Qassam », branche armée du mouvement.

Un responsable palestinien a déclaré à l’AFP, sous couvert d’anonymat, que « l’assassinat de Haniyé, qui croyait en la conclusion d’un accord de cessez-le-feu et d’un accord d’échange de prisonniers, a conduit le Hamas à choisir un dirigeant qui gère la lutte et la résistance contre l’ennemi ».

Ceci étant dit, qui est au juste Yahya Sinouar, qui détient, désormais, les rênes du mouvement de la résistance palestinienne Hamas ?

Ayant pris la tête du Hamas dans la bande de Gaza, en Février 2017, après avoir passé 23 années dans les geôles israéliennes qu’il n’a quitté qu’en 2011, à la faveur d’un échange de prisonniers, Yahya Sinouar, qui est né, il y a 61 ans, dans le camp de réfugiés de Khan Younès, une ville du sud de la bande de Gaza, avait rejoint le mouvement de la résistance palestinienne Hamas dès sa création en 1987 à l’occasion de ce que l’Histoire retiendra comme étant la première Intifada.

Ayant été à l’origine de la création, en 1988, de « Majd », le service de sécurité intérieure du Hamas, Yahya Sinouar a, également, dirigé l’Organisation du Jihad et de la Prédication, une unité de renseignement du Hamas qui punit les « collaborateurs » soupçonnés d’intelligence avec l’ennemi israélien alors même qu’il n’avait que 25 ans.

Pendant son incarcération, l’intéressé avait activement dénoncé les conditions de détention des prisonniers palestiniens et avait même organisé une grève de la faim, avec 1.600 autres détenus, pour protester contre la maltraitance de deux prisonniers en isolement.

Partisan d’une ligne dure contre Israël, ancien commandant d’élite au sein des brigades Al-Qassam, et cerveau présumé de l’attaque du 7 Octobre 2023, Yahya Sinouar, qui n’est plus apparu en public depuis cette date, est réellement ce que l’on peut appeler « un dur parmi les durs » qui, pour cette raison, a été placé sur la liste américaine des «terroristes internationaux».

En parlant de Yahya Sinouar, qu’il avait bien connu durant son emprisonnement dans les geôles du régime sioniste, Yuval Bitton, l’ancien directeur du service pénitentiaire de renseignement israélien, a dit qu’ « il était prêt à payer n’importe quel prix ».

Sachant que si, pour Salah al-Din al-Awawdeh, membre du Hamas et analyste politique, Yahya Sinouar n’est pas « un leader ordinaire mais une personnalité puissante » alors que, pour le ministre israélien des Affaires étrangères, Israël Katz, il n’est qu’un « archi-terroriste » et « un homme mort en sursis » dont la nomination « est une raison supplémentaire pour l’éliminer rapidement et rayer de la carte son ignoble organisation », c’est donc que le nouveau leader du Hamas est appelé à redoubler de vigilance mais, comme il n’est pas né de la dernière pluie et qu’il traîne derrière lui toute une vie de combat acharné pour la liberté et la dignité du peuple palestinien, attendons pour voir…

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