Abdelaziz Chamkh
Mohamed Nait Youssef
Il est inutile de le présenter en deux mots. Abdelaziz Chamkh, le chantre de la musique amazighe est l’un des fondateurs du groupe mythique Izenzaren, en 1972. Décédé en 2014, à l’âge de 63 ans, cette voix emblématique du paysage artistique national a consacré plus d’un demi-siècle à la préservation et la promotion de la chanson amazighe en l’exportant au-delà des frontières.
Un grand nom de la scène, le chanteur a apporté sa pierre à l’édifice de la modernisation de la musique en mêlant la poésie et les chants traditionnels avec les instruments, tels que le banjo, la guitare électrique, le béndir et loutar. Chamkh fut un vrai modernisateur et un créateur ayant légué un répertoire musical remarquable. Par ailleurs, ses débuts dans le domaine de la musique remontent l’année 1964, à Dcheira à Agadir, en compagnie d’Abdelhadi Igoute dans les troupes musicales ? à savoir Tabghaynouzt (1969) et Lakdam (1972), par la suite.
D’ailleurs, il était, à côté de Abdelhadi, à l’origine d’une révolution dans la chanson amazighe dans l’aventure d’Izenzaren avant leur séparation. On leur doit, tous les deux, l’intégration de nouveaux instruments et mélodies dans la phrase musicale amazighe.
«Notre groupe a commencé dans les années 70. Nous étions avec Igout Abdelhadi. Par la suite, nous nous sommes séparés. En ce temps, les poètes qui écrivaient les textes furent à l’origine des tensions qui se soulevèrent entre Abdelhadi et Abdelaziz. Il n’y a pas de différence entre Izenzaren Chamkh et Izenzaren Abdelhadi. Ce qui nous intéresse, c’est que notre message a été bien transmis au public », nous confiait Mohamed Chamkh lors d’une interview accordée à Al Bayane à l’occasion d’un hommage rendu à son frère lors du festival d’été des Oudayas.
Et d’ajouter : «dès que nous avons commencé à jouer, les gens nous ont proposés des noms pour le groupe. Chacun proposait un nom ; c’est alors qu’un ami a proposé le nom Izenzaren «les rayons solaires» et nous l’avons choisi.»
Abdelaziz Chamkh jouait un rôle primordial dans la réussite et la continuité du style du groupe, Izenzaren. Il était également un conservateur de la poésie amazighe en chantant une quartenaire de poèmes du maître, poète et l’un des ténors de la chanson amazighe, Lhaj Belaïd. Parmi ses poèmes interprétés par Chamkh, on peut citer : « Mqar tella touga » (1983), « Toutmine », « Atbir oumlil » (1982), « Assayss Ljam Oumlil », « El Johr ».
«Nous avons diffusé des chansons sur une radio régionale et dès lors, le nom du groupe a commencé à être connu. Izenzaren a un parcours très riche ; il compte plus de 50 poèmes et morceaux musicaux. Nous avons joué dans plusieurs villes ici et ailleurs. Nous avons chanté sur la mère partie, le Sahara marocain et bien d’autres sujets sociaux. Nous voulons fait de notre art musical une musique universelle.», nous expliquait Mohamed Chamkh, qui a succédé à la tête du groupe après la mort de son frère, Abdelaziz Chamkh.
Pour lui, Abdelaziz Chamkh est un grand artiste. Car il est parmi les gens qui ont beaucoup donné à la chanson amazighe. «Abdelaziz n’est pas mort, car les grands ne meurent pas. Il est un grand travailleur qui écrit et fait de la composition musicale. Abdelaziz Chamkh est le fondateur d’Izenzaren ; il a milité pour que le groupe puisse voir le jour; il a chanté sur la marche verte. Il a même écrit un poème sur cet événement. », a-t-il dit.
Né en 1951 à Irguiten, l’artiste a fondé à côté de ses frères Abdelkbir et Mohamed, ainsi que d’autres musiciens et artistes tels qu’Oublid, TawTaw et Jaidi, le groupe Izenzaren Chamkh.
L’aventure d’Izenzaren Chamkh a été entamée en 1976 par de morceaux de Lakdam : « Imik simik », « Awdass atassanou », ainsi que les chansons « Yan outbir oumlil », « Mid largoug » qui ont été enregistrées à la radio. Il faillait attendre l’année 1976 pour le premier album « Amtta ouhouy » puisse voir le jour chez Boussiphone. Par la suite, un deuxième album intitulé « Afoullouss », sorti en 1979, a eu un grand succès dans le milieu artistique national. D’autres albums viendront à partir des années 80, entre autres « Lqbelr izwaren », « Taghyit », « Yan awn innan » , « Wiss Sa Iguenwan ».