Tanger : les produits de contrebande désormais soumis aux taxes douanières

Quel impact pour les commerçants et les consommateurs ?

Karim Ben Amar

Le nord du royaume est souvent assimilé,  pour le reste du pays, à un marché de produits alimentaires étrangers et principalement espagnols.  Il est vrai que dans les étalages de Tanger où Tétouan, on y trouve des produits espagnols en abondance : fromage, charcuterie Halal, chocolat,  produits d’entretien se négociaient à des prix très raisonnables.

Les «nordistes» sont même habitués aux produits étrangers et les préfèrent même à la production locale. Mais depuis la fermeture des frontières avec le préside occupé de Sebta, il y a à peu près un an, ces produits qui entraient en contrebande ont disparu des étals pendant.

Il y a quelques semaines, la marchandise de Sebta a commencé à faire son apparition dans les commerces tangérois. Sandwicheries et laiteries par exemple font le plein. Le fromage rouge et de mortadelle Chef, marque hollandaise très prisée, dans le nord, mais aussi dans tout le Maroc. La seule différence en comparaison avec la période précédant la fermeture des frontières est le prix qui a quasiment triplé puisque désormais, cette marchandise étrangère est logiquement soumise à des taxes douanières.

Imad, un jeune propriétaire d’une laiterie-sandwicherie dans le centre-ville de Tanger a déclaré à l’équipe d’Al Bayane que « depuis que les produits sont soumis aux taxes douanières, le prix a presque triplé en seulement 1 mois et demi. À titre d’exemple, la mortadelle Chef qui se négociait entre 56 et 58 dirhams l’an passé se vend à 130 dhs depuis une quinzaine de jours».

Puisque rares, ces produits n’ont pas été épargnés, puisque des spéculateurs ont fait le choix d’acheter chaque stock qui se présente afin de pouvoir maitriser le marché. «Après la fermeture des frontières avec le préside occupé de Sebta, la mortadelle Chef a atteint la bagatelle de 200 dhs. La faute à qui ? Et bien aux spéculateurs sans scrupule», a-t-il affirmé.

«Les spéculateurs achetaient chaque stock qui se présentait. En rendant le produit rare, il devient logiquement plus cher. Voilà comment un produit qui n’a jamais dépassé 60 dhs, a atteint 200 dhs», assure-t-il.

Depuis près d’un mois et demi donc, de nombreux produits étrangers, ayant disparu, sont de nouveau présents dans nos commerces. Soumis à des taxes douanières, ils sont logiquement plus chers qu’un produit de contrebande. «Nous achetons plus cher, donc nous sommes obligés de vendre plus cher, et par les temps qui courent, ce n’est pas très évident», signale le jeune restaurateur.

 En termes de quantité au détail concernant la mortadelle Chef, cela a été divisée pratiquement de moitié. «2 dhs de mortadelle avant la fermeture des frontières équivaut à 5 dhs aujourd’hui, c’est une grande différence pour le client mais aussi pour le commerçant». Et d’ajouter, «lorsque les produits n’étaient pas soumis aux taxes douanières, on gagnait plus de 50%. Aujourd’hui, on tâtonne péniblement les 25%».

«Avant la fermeture des frontières, avec 10.000 dhs, nous avions assez de marchandises pour le mois. Maintenant, 10.000 dhs, cela équivaut avec la marchandise pour la semaine», ajoute-t-il.

«Il est urgent que nos investisseurs et hommes d’affaires fassent un effort pour offrir aux marocains des produits de grande qualité. Je n’aime pas donner l’exemple de la Turquie, mais aujourd’hui ce pays à des produits qui rivalisent ceux de l’UE, nous devons nous en inspirer», a-t-il conclu.

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