Une nouvelle case de départ pour un secteur vital de l’économie

Nouvelle stratégie agricole Génération Green 2020- 2030

Par Fairouz El Mouden

Le Plan Maroc Vert (PMV) est désormais placé au second plan. La stratégie Green 2020-2030 se veut très ambitieuse et fixe des objectifs de développement assez diversifiés qui touchent le monde rural et agricole. En fait deux fondamentaux sont essentiels pour mettre en place la nouvelle stratégie à savoir la valorisation du capital humain et la poursuite d’une certaine  dynamique enclenchée depuis l’annonce du PMV. Or c’est sur cette dynamique ou précisément ce manque de dynamique que revient la problématique de la politique agricole du Maroc. Le PMV n’a pas réussi à faire sortir le secteur agricole de sa léthargie d’antan. D’ailleurs les constats sont annonciateurs de nombreuses défaillances, de retard d’exécution  de projets et d’avancement dans d’autres.

On se rappelle  des sept fondamentaux du plan Maroc vert. Le premier visait de faire du secteur agricole le principal levier de croissance sur les 10 à 15 années à venir avec des objectifs chiffrés pour faire augmenter le PIB agricole, créer 1,5 Millions d’emplois supplémentaires, améliorer le  revenu agricole et accroitre la valeur des exportations agricoles. Après plus de deux ans d’application, le ministre de tutelle fixe dans le cadre de la stratégie Génération Green 2020-2030 la  consolidation des filières agricoles qui passe par le doublement du PIB agricole, pour atteindre 200 à 250 milliards de dirhams (MMDH) à l’horizon 2030, et la multiplication  par deux de la valeur des exportations marocaines pour atteindre 50 à 60 MMDH.

Le second fondement du PMV  renvoie à l’adoption de l’agrégation comme modèle d’organisation agricole avec notamment la mise en  place de nouveau système de subvention, un accès préférentiel au foncier, au financement et aussi la création d’un fonds de garantie de l‘investissement. En 2020 Akannouch annonce une fois encore le lancement d’une nouvelle génération d’organisations agricoles  innovantes qui  multiplie par 5 le taux de regroupement, et assure  la promotion de nouveaux modèles de coopératives et le renforcement de l’indépendance de ces interprofessions dans la structuration des chaînes de production.

Un autre fondement du PMV concerne le développement agricole moderne et à haute valeur ajoutée dans le cadre du pilier I et l’accompagnement solidaire de la petite agricole Pilier II. Il était aussi question de promouvoir l’investissement privé et l’aide publique. A défaut, l’artisan du PMV revient dans le cadre de la Génération Green 2020-2030 sur la nécessité de faire émerger une nouvelle   nouvelle génération de classe moyenne agricole en améliorant les revenus des agriculteurs , généraliser  l’assurance maladie et la protection sociale et  prévoir la réduction de la différence entre le salaire minimum légal agricole (SMAG) et le salaire minimum légal des autres secteurs (SMIG) à l’horizon 2030.

Le Plan Maroc Vert tablait, par ailleurs, sur la lutte contre la pauvreté, sur  l’amélioration du pouvoir d’achat et de la qualité sur le marché local et le rééquilibrage à long terme du déficit de la balance alimentaire avec aussi comme objectif la sécurisation des échanges commerciaux. La distribution ainsi que la commercialisation et le conditionnement  posent toujours problématique.  Là encore tout laisse à désirer et le Maroc importe une bonne partie de ses besoins alimentaires de l’extérieur.  Ce la est à nouveau confirmé dans la présentation de Akhannouch de la nouvelle stratégie de développement agricole 2020-2030. Il s’agit pour lui d’améliorer les chaines de distribution via la modernisation de 12 marchés de gros et de souks. La question de l’amélioration de la qualité et de la capacité d’innovation  est à l’ordre du jour.  On veut accorder  l’agrément à 120 abattoirs modernes tout en doublant les contrôles sanitaires conformément aux normes internationales et répondre aux besoins des consommateurs, tout en faisant du produit « origine Maroc » un gage de qualité…

La Génération Green 2020-2030 est certes ambitieuse. Mais il est aujourd’hui question de s’assurer de la viabilité des différents projets et des priorités qui urgent pour sauver la communauté des agriculteurs et de la  population rurale et permettre à tout un secteur vital de l’économie national de jouer son rôle comme il se doit indépendamment des aléas climatiques et d’autres facteurs exogènes.

Développement du secteur des eaux et forêts 

Les Constats :

  • Les espaces forestiers, dont la superficie est estimée à 9 millions de hectares, se trouvent dans un état délabré, à cause de la détérioration de 17.000 ha de terres de forêts chaque année ;
  •  la capacité limitée de production des bois de forêts destinées à la protection intensive est d’’environ 20% à 30%,
  • la faiblesse de la valorisation des forêts de chêne-liège, l
  • sur-prélèvement en bois de feu et la surexploitation des zones de pâturage.

 Objectifs :

  •  rattraper, à l’horizon 2030, 30 ans de détérioration du couvert forestier, à travers le repeuplement de 133.000 ha de forêts,
  • reboisement de 50.000 ha chaque année en vue d’atteindre l’objectif de 100.000 ha reboisés chaque année à la fin de la stratégie, a dit le ministre.
  • création de 27.500 postes d’emplois directs supplémentaires, outre l’amélioration des revenus des filières de production et de l’éco-tourisme pour atteindre une valeur marchande annuelle de 5 milliards de dirhams (MMDH), a-t-il enchaîné.

Quatre principaux axes

  •  la création d’un nouveau modèle basé sur une approche participative associant les populations à la gestion,
  • la gestion et le développement des espaces forestiers selon leurs richesses,
  • la promotion et la modernisation des métiers forestiers via leur digitalisation
  • la réforme institutionnelle du secteur à travers la création de deux agences et la qualification des ressources humaines ; cet axe  sera décliné en la création d’une Agence des eaux et forêts, qui sera chargée de la gestion souveraine de la propriété forestière, et d’une Agence de conservation de la nature, chargée de la gestion des parcs nationaux.
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