Par: Abdeslam Seddiki
Après une longue période de «sommeil», le dialogue social va enfin reprendre. C’est prévu pour le 9 octobre, quelques jours avant l’ouverture de la session parlementaire. On s’attend, par conséquent, à une semaine chargée qui sera, espérons-le, le prélude à une dynamique socio-politique de nature à sortir le pays de cette morosité dans laquelle il s’est durablement installé sans perspective claire pour l’avenir.
L’enjeu du prochain round social, qui aurait dû intervenir avant le bouclage par le gouvernement du projet de loi de finances 2018, est d’instaurer des relations de confiance mutuelle entre les différents protagonistes, condition sine qua none pour un dialogue serein, constructif et débarrassé de préjugés et idées reçues. Tous les acteurs sont invités à dépasser les égos et les intérêts purement catégoriels. L’intérêt national doit prévaloir.
Il faut préciser, cependant, que les participants à ce rendez-vous social ne démarrent pas de néant et ne vont pas, non plus, réinventer la roue. Les dossiers en suspens sont connus et listés lors du dernier round d’avril 2016 qui n’a malheureusement pas abouti pour des raisons multiples où chaque partie assume sa part de responsabilité. Il convient donc de reprendre le dialogue là où il est laissé : faire le point sur les accords d’avril 2011 pour voir ce qui reste à réaliser et traiter l’ensemble des revendications selon une méthodologie définie de commun accord.
Par ailleurs, il faut capitaliser le travail fait à d’autres niveaux. Ainsi, le CESE qui regroupe les forces vives du pays a produit une littérature très riche dont notamment la charte sociale. Il en est de même pour les conseils consultatifs prévus par le code du travail qui ont adopté une série de recommandations portant sur des questions relatives à la promotion de l’emploi, au développement de la sécurité au travail et de la négociation collective…De son côté, la Chambre des Conseillers a consacré, la deuxième édition du Forum parlementaire sur la justice sociale, en février 2017, à l’institutionnalisation du dialogue social avec un message de SM le Roi sur la question, message dont la pertinence a été saluée par l’ensemble des partenaires sociaux le considérant comme une véritable feuille de route.
Apparemment, toutes les conditions sont réunies pour que le dialogue social aboutisse. C’est dans l’intérêt de tous. Le pays y gagnera en garantissant une paix sociale durable et un climat social attractif aux investissements et favorable aux affaires. L’entreprise, qu’elle soit publique ou privée, améliorera sa compétitivité et sa visibilité. Les organisations syndicales se verront renforcées et gagneront en crédibilité pour qu’elles puissent jouer pleinement leur rôle d’encadrement et de médiation. En définitive, le pays se remettra en marche à une vitesse supérieure et l’espoir reviendra pour s’attaquer ensemble aux défis majeurs qui nous guettent.
On le voit, le dialogue social n’est pas un luxe. C’est une nécessité pour résoudre les problèmes et une forme privilégiée pour consolider la démocratie participative. En tout état de cause, la concertation est de loin préférable à la confrontation. Mais dialoguer suppose nécessairement faire des concessions, être à l’écoute de l’autre et attentif à ses doléances, avoir le souci permanent de parvenir à des consensus positifs et dynamiques pour aller de l’avant.
Le Message Royal cité précédemment est on ne peut plus clair à ce sujet «l’efficacité des mécanismes du dialogue social ne se mesure pas uniquement à leur disponibilité et à la régularité de leur fonctionnement. Elle tient plutôt aux effets tangibles qu’ils produisent, notamment en favorisant la mise en place de conditions de travail décentes, l’instauration de la paix sociale, la réalisation de la croissance économique et du développement durable et inclusif pour les différentes catégories sociales et la concrétisation de la finalité ultime qu’est la matérialisation de la justice sociale».
A méditer par tous…