La présence de nombreux opérateurs locaux, l’arrivée du suédois Ikea, ou encore les difficultés financières de certaines enseignes, ne seront pas arrivées à bout de la détermination du turc Dogtas à s’implanter au Maroc.
Créé en 1972, Dogtas est aujourd’hui présent dans 65 pays avec 200 magasins et environ 1 200 employés. Avec un positionnement dit de luxe accessible, avec des produits milieu et haut de gamme à des prix compétitifs, l’enseigne est persuadée de trouver sa place sur le marché, malgré la déconvenue de l’autre marque turque de meuble Kelebek. Portée par un contrat de master-franchise récemment conclu avec la holding marocaine de gestion d’actifs multisectoriels Ecogroup, l’expansion de Dogtas sera vraisemblablement rapide. D’autant plus qu’Ecogroup envisage de donner un coup de fouet à Kelebek dont il détient également la carte.
Ainsi, Une dizaine d’ouvertures de magasins sont prévues sur les deux prochaines années. Casablanca devrait accueillir, avant la fin de l’année en cours, deux magasins de chacune des deux enseignes, de superficies respectives de 1.000 (Kelebek) et 1.500 m2 (Dogtas).Deux autres showrooms Kelebek devraient ouvrir leurs portes en 2017 et 2018, dont l’un sera spécialisé dans le mobilier de cuisine de 500 m2. Les villes de Tanger et Rabat sont aussi dans le collimateur des enseignes turques. Agadir et Marrakech devraient aussi abriter des magasins Dogtas de 500 m2 dès 2018.Il faut dire qu’Eco Group bénéficie d’un sérieux coup de pouce dans la mesure où l’implantation de ces enseignes est soutenue par le programme d’investissement de l’Etat turc qui finance 45% des coûts d’aménagement et de frais de loyer.Le groupe marocain n’aura que 10 millions de dirhams magasin à injecter dans le plan d’investissement global. Selon Mohamed Aziz Berrada, PDG d’Ecogroup Holding, une croissance vers d’autres marchés du continent est envisagée. Une stratégie plutôt ambitieuse. Reste plus qu’à espérer que Dogtas et Kelebek connaissent la même trajectoire que leur compatriote Istikbal et Kilim, mais qui pour le coup sont positionnées plutôt sur l’entrée de gamme.
«Africa Morocco Link», cette fois-ci sera-t-elle la bonne ?
Aussitôt dit, aussitôt fait. Il y a quelques semaines à peine, et plus exactement fin mai dernier, le groupe BMCE annonçait son retour dans le transport maritime par la grande porte à travers une convention signée avec le Ministère des transports après trois années d’âpres négociations. Aujourd’hui la compagnie, «Africa Morocco Link», est d’ores et déjà opérationnelle. BMCE, qui détient 51% du tour de table, s’est associée à un professionnel du secteur pour mettre sur pieds son projet. Il s’agit du groupe grec Attica, actif dans les domaines du transport maritime et des assurances, qui détient 49% des parts.
La compagnie, qui a démarré ses activités début juin avec un premier ferry baptisé “Le Diagoras”, d’une capacité de 1 135 passagers et 280 voitures, mettra deux autres ferries sur la même ligne en juillet.
À partir de 2017, Africa Morocco Link couvrira les liaisons maritimes Nador-Alméria, Tanger Med-Sète et Tanger-Gênes.Sur les trois prochaines années, la nouvelle compagnie disposera de six navires destinés au transport des passagers et des voitures. «Aujourd’hui, nous mettons en ligne sur le trajet Tanger-Med/Algésiras des bateaux qui peuvent transporter jusqu’à 2.500 passagers et plus de 400 voitures à raison de quatre fois par jour tout au long de la semaine», a déclaré Othman Benjelloun, PDG de BMCE BOA lors de la présentation de la nouvelle compagnie au souverain.
A terme, ce sont sept lignes, neuf navires neufs, avec une capacité de 1000 passagers en moyenne et de 200 à 400 places de voitures, qui assureront les liaisons entre les ports marocains et européens.
Il est prévu que «Africa Morocco Link» emploie des équipages marocains dont les effectifs des compagnies marocaines liquidées comme IMTC -l’International maritime transport corporation- dont BMCE était actionnaire, ou encore la Comarit pour ne citer qu’elles.
Le conseil d’administration du groupe grec assure que cette nouvelle compagnie maritime sera gérée de manière à concurrencer les grandes compagnies mondiales qui opèrent entre le Maroc et l’Europe. «Nous sommes ravis de collaborer avec BMCE Bank Of Africa, (…) De notre côté, nous ne doutons pas que notre vaste expérience dans l’industrie du ferry, combinée avec le service de qualité que nous offrons à nos clients, conduira à la mise à niveau des services existants sur le marché marocain et au développement de son personnel maritime, capable d’atteindre l’excellence opérationnelle», déclare confiant à la presse grecque, Spiros Paschalis, PDG du groupe Attica.
Sauf qu’aujourd’hui, plusieurs experts du secteur maritime mettent en doute la viabilité même de la compagnie. D’abord parce que la stratégie maritime et portuaire annoncée par le ministère n’est pas encore arrêtée, ensuite parce que les freins à l’investissement dans le secteur ( la fiscalité et le cadre institutionnel datant de 1919) ne sont pas levés, et enfin parce que sa rentabilité n’est en rien assurée. Car au-delà de l’opération Marhaba qui démarre, et qui une véritable machine à cash, il faudrait que la compagnie attaque la marché du fret accaparé par les espagnols, qu’elle se dote d’une agence maritime pour assurer la présence commerciale dans les ports d’attache des navires, mais aussi de consignataires pour la représenter dans les ports d’escales.
Saïss Lait face à de grosses difficultés
La Société laitière centrale du nord (SLCN), franchisée Yoplait, qui fait travailler 129 salariés et 1.200 agriculteurs, est à l’arrêt depuis le 24 avril 2016. En cause, un manque d’approvisionnement en lait.Les travailleurs n’ont pas perçu leur salaire depuis plus de 4 mois. Pourtant en interne, on assure qu’au cours de l’année 2015, l’entreprise générait un chiffre d’affaires moyen de 8 millions de dirhams par mois et distribuait les produits laitiers de la marque Yoplait dans tout le Maroc.
Depuis 2011, date de la reprise de la marque par la Société laitière centrale, basée à Fès et propriétaire de la marque Saïss Lait, l’entreprise fassie avait bouclé sa première année d’opérations avec des résultats dépassant toutes les espérances. Après avoir démarré avec un seul produit Yoplait, le yaourt standard, elle a élargi sa gamme en introduisant 36 autres références et assuré une présence auprès de 40% du réseau des distributeurs nationaux marocains. La SLCN a aussi référencé les produits Yoplait auprès de Carrefour et BIM. De même, les négociations ont été très avancées avec les autres chaînes de distribution. Ces résultats ont donné entière satisfaction aux managers de Yoplait, pour qui le Maroc fait partie des pays prioritaires, comme l’a rappelé l’an dernier Olivier Faujour, président de Yoplait, lors de la conférence de presse du 50e anniversaire de la marque. Aujourd’hui, toujours selon des sources internes, ce seraient la succession de directeurs généraux ( 8 au total entre 2008 et 2015) et de consultants internationaux et leur rémunération exorbitante qui auraient précipité l’entreprise dans le gouffre.
Pour rappel, SLCN est une ancienne coopérative laitière qui fut elle aussi en difficulté. Elle est devenue une société anonyme et rachetée en 2009 par le fonds Maghreb Private Equity Fund II de Maroc Invest (groupe tunisien Tuninvest). Ce fonds avait recapitalisé SLCN en 2013 via son fonds PME Croissance pour mener ces projets de développement sur un marché laitier en pleine évolution au Maroc.
Aujourd’hui, le fonds s’est retiré de la société après avoir cédé ses parts mars 2016 à Maghreb Real Development Group (MRDG). Le groupe MRDG aurait eu recours aux fonds de soutien de la PME, qui visent essentiellement à aider les entreprises en difficulté, afin de s’acquitter d’une partie des dettes de la SLCN. Affaire à suivre.
Chiffre
7, 5 millions de dirhams
C’est le montant des bénéfices engrangés par le Tramway de Casablanca en 2015.
Casa Tram, qui ne gère que l’exploitation du réseau, a plus que doublé ses bénéfices en un an (2,9 millions de DH en 2014). D’abord parce que son chiffre d’affaires est passé de 148,9 millions de DH en 2014 à 181 millions en 2015, profitant de la hausse continue du trafic. Et puis, faut-il le rappeler les tickets vendus sont toujours subventionnés à hauteur de 40% de leur prix, ce qui permet à Casa Tram d’avoir une exploitation rentable du tram.
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Dixit
«L’offre de prestations et de services du Centre ainsi que son business model sont appelés à s’adapter régulièrement pour répondre aux enjeux induits par les différents plans sectoriels nationaux, notamment le PDEC et le PAI dont l’animation des écosystèmes à l’export nécessite un plus grand ciblage des prestations de Maroc Export», Zahra Maafiri, directrice générale de Maroc Export. Une déclaration survenue la veille de l’annonce de la fusion de Maroc Export, l’AMDI et l’OFEC et qui mettait encore en avant les bonnes performances de Maroc Export. Mais rien n’y fera. Maroc Export est désormais hors-jeu avec la naissance de l’ANPIE. Reste à savoir quelle sera la marge de manœuvre du management de feu Maroc Export au sein de la nouvelle entité.
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Who’who
Saïd RKaibi, PDG de Medtech
Plus rien ne semble arrêter ce discret centralien. La SSII casablancaise Medtech qu’il dirige a mis la main la semaine passée à IB Maroc, qui a perdu 20% de son chiffre d’affaires depuis 2011.Une opération qui intervient dans la foulée de l’arrivée du fonds catalan Mediterrània Capital Partners (MCP) à hauteur de 18% dans le tour de table de Medtech. Pour rappel, rien que cette année Rkaibi a acquis 32% de S2M, fournisseur de solutions de monétique au Maroc. Il a aussi pris 70% de la société Uniforce, intégrateur de solutions informatiques. Puis en mars, il s’est offert 60% de Dimension Data Maroc. Pas sûr que ceserial entrepreneur, qui a déjà épinglé plus d’une dizaine de créations et de rachats d’entreprise sur son tableau de chasse en reste là.
Soumayya Douieb