À Dar Souiri, la poésie de Mbarek Raji dialogue avec les œuvres de Slimane Drissi

Mohamed Nait Youssef

Tout est poétique à la cité des Alizés. Tout est inspirant  à Mogador; ce musée à ciel ouvert. À la mythique salle de Dar Souiri, au cœur d’Essaouira, la poésie de  Mbarek Raji dialogue avec les œuvres de Slimane Drissi. «Ce n’est pas exactement Noir, mais c’est Noir» est le thème de cette exposition organisée par l’association Essaouira Mogador, et qui sera ouverte jusqu’au 17 octobre aux férus de la peinture et des poésies.

En effet, un tableau n’est pas un long fleuve ‘’poétique’’ tranquille. Un tableau, c’est aussi un tissu de signes, de vibrations, de sens où se conjuguent les essences humaines. «Mêler la poésie et la peinture, c’est comme creuser dans deux jardins adjacents, l’un à l’autre», précisent Mbarek Raji et Slimane Drissi.

Ce travail, expliquent-ils, ressemble à une œuvre réalisée à deux mains. C’est aussi  quand un poète et peintre creusent avec la même pioche à la quête  de la  beauté et des images poétiques. A vrai dire, la puissance du verbe s’effondre dans la sensibilité de la couleur et la force de la matière.

Dans ce travail, les deux poètes croisent les regards, se voient, communiquent  devant une glace où l’un se retrouve dans l’image de l’autre.

’’Ce n’est pas exactement Noir, mais c’est Noir’’ est le fruit de plusieurs rencontres entre le poète et le peintre qui ont des affinités à la fois esthétique et poétique. Ces rencontres, dialogues, échanges dans l’atelier de Slimane Drissi ont débouché sur cet événement réalisé à quatre mains.

Dans les œuvres de l’artiste, le noir est omniprésent en référence à la situation actuelle que traverse  le monde. Un contexte mitigé et incertain ! ’’Ce n’est pas exactement Noir, mais c’est Noir’’ est un regard  sur la condition humaine et les turbulences qui suscitent le doute et l’instabilité. Ainsi, les zones d’ombres représentées sur les toiles interpellent l’œil  et la conscience dans une terre qui agonise.

Chaque texte à son contexte et chaque toile à une âme puisée dans son époque. Or, dans cette noirceur, une lueur d’espoir jaillit dans le blanc, terre promise des âmes pures et sensibles.

Une poétique du signe…

Les tableaux de Slimane Drissi regorgent de signes dominent la toile. En effet, les chiffres, les dates, les symboles sont des éléments essentiels dans l’œuvre de l’artiste. «Quand on passe auprès d’un mur, les symboles sautent aux yeux. Ils nous interpellent. Le temps s’incarne aussi sur les murs. Il s’y conjugue. Le mur est une mémoire qui se souvient de certains événements. En outre, le mur avale assez de choses qui restent gravées sur sa surface; il garde une empreinte du temps. Avec le temps, un vieux mur avec ses traces devient une œuvre», a-t-il expliqué.

Essaouira, la ville des vents et arts est la muse du peinture, sa terre natale. C’est dans cette ville où l’artiste s’inspire et peint ses œuvres.

«Essaouira est une ville mystérieuse. Il y a quelque chose d’étrange dans l’âme de cette cité. C’est une ville d’artistes. C’est un grand atelier à ciel ouvert, vu son architecture, les cultures et les civilisations qui ont cohabité dans ce terroir. Ce métissage entre toutes les traces et les composantes : musulmanes, juives, africaines, méditerranéennes, a donné une richesse aux travaux artistiques», a-t-il ajouté.

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