Agadir, orpheline de la culture!

Cheikh Mokhtar Soussi avait baptisé la ville d’Agadir de, «Souss Al Alima !», Souss, la Savante, dirait-on, dans la langue de Molière. Une belle dédicace pour une région qui a enfanté, depuis des années, voire des siècles, des générations d’érudits dans moult domaines du savoir, de la pensée, de l’intellect, de la culture, du culte, de la création artistique et littéraire…

De nos jours, cette tradition séculaire se poursuit sans relâche, par le biais d’une myriade d’éminences, de clubs, d’ateliers, d’ensembles ou encore de structures associatives, dans tous ces domaines. Ceci étant, il convient de rappeler que ce mouvement immatériel est conforté par un legs patrimonial Arabo-Amazigh diversifié dont regorge ce bout de terre, à travers l’histoire et la mémoire collective.

En principe, une telle richesse de haute notoriété patrimoniale qui avait marqué cet éloquent itinéraire, devrait être préservé et renforcé par un long et fort accompagnement, en termes de projets idoines et d’infrastructures d’envergure. Or, depuis longtemps, les décideurs aussi bien administratifs que représentatifs, locaux et centraux, n’ont pas pu sceller, dans ces diverses enceintes, une réelle nomenclature, pouvant abriter, dans de meilleures conditions, toute cette vague de femmes et d’hommes de l’art, de la culture et des lettres, Jugez-en! Durant des décades, Agadir n’a eu droit qu’à un théâtre de verdure tel un hameau, sans direction ni entretien, ne fonctionnant qu’en période estivale.

Pendant des décennies, on a érigé une panoplie de présumés complexes dits de culture, à court d’exigences techniques de qualité : acoustique, équipements son et lumière, régie, coulisses, sièges, maintenance…

De même encore, on eut l’idée, assez. pertinente d’ailleurs, de placer une série de maisons de quartiers, un peu partout dans la commune, à l’instar de ce qui se fait à Nantes, dans l’ Hexagone. Seulement, ces bâtisses, piètres et vétustes, ont l’air de masures abandonnées à leur sort. Alors que le point noir de toute cette armada terne n’est autre que le né-mort conservatoire de musique qui, après pas moins de vingt ans, n’a jamais vu le jour et continue à moisir, dans l’abandon funeste, pareil à un mastodonte éventré, en plein centre ville.

Pour les arts plastiques, ainsi que bien autres espaces d’exposition, on s’est contenté de doter les artistes-plasticiens, combien illustres et pléthoriques, d’un pseudo musée Amazigh, aussi obsolète que restreint.

Quant au cinéma, c’est bien le comble ! Imaginez que trois grands événements cinématographiques dont le festival Agadir cinéma et migrations, se tiennent dans la capitale du Souss, sans aucune salle disponible. Toutes sont verrouillées, à savoir feux Salam, Sahara et Rialto. Ce dernier, encore moribond, s’ouvre rien que pour abriter ce festival de renommée mondiale.

Voilà donc le sort d’une métropole aussi prisée et opulente qu’Agadir ! Une cité éclose dont le passé est riche en épopées d’art dramatique, d’art plastique, de septième art, de concerts  de musique… Aucune salle de spectacle digne de ce nom, aucun édifice de théâtre muni d’installations appropriées, aucune galerie d’exposition adéquate, aucun espace de cinéma de choix…Rien de convenant pour cette contrée qu’on se plait, à ce jour, à appeler, avec grande fierté, Souss Al Alima. Cheikh Mokhtar Soussi devait certainement se remuer dans sa tombe, à voir tous ses valeureux manuscrits si mal récompensés!

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