Les journaux Al Bayane et Bayane Al Yaoume n’auront pas un stand à la Fête de l’Huma
En 2022, le nouveau directeur de l’Humanité, fraîchement désigné à ce poste, avait décidé de ne pas inviter les journaux Al Bayane et Bayane Al Yaoume, organes de presse du Parti du Progrès et du socialisme du Maroc, à la Fête annuelle du journal français. Réagissant à cet acte inamical et contraire aux traditions militantes et de solidarité régissant la relation entre le PCF et le PPS et leurs médias, le président du directoire de Bayane SA et directeur de la publication de nos journaux, Mahtat Rakas, avait exprimé dans une lettre au nouveau président du directoire de l’Huma, Fabien Gay, sa « surprise et déception » face à cette décision. A l’époque, ce manquement à la traditionnelle solidarité ouvrière et de progrès avait été « justifié» tantôt par un « bug informatique » tantôt par un « manque d’espace ».
Même pour l’édition 2023 de la Fête de l’Huma, qui aura lieu du 13 au 15 septembre prochain, la direction de l’Huma a tenté de récidivé avec le même pretexte d’un soi-disant « bug informatique » . Sauf que, sur place et sur insistance de nos camarades de la section du PPS-Paris, certains responsables du journal français, après avoir ressorti le même argument mensonger, ont fini par avouer la véritable raison de la mise à l’écart des journaux Al Bayane. Et c’est le directeur du « Village du monde » de la Fête de l’Huma lui même qui a reconnu, publiquement, la raison officielle : « le problème sahraoui »… Lisez SVP … « à cause des généraux algériens ».
Or le conflit artificiel – tous les dirigeants du PCF le savent- dure depuis 50 ans. Et, pourtant, cela n’a jamais poussé les directions successives du PCF ou de leur journal à prendre une telle décision inamicale et contraire à la solidarité internationaliste du PCF et de son journal. Le PPS et son journal Al-Bayane, depuis les années 70 du siècle dernier, ont participé activement à la « Fête annuelle de L’Huma » et ont organisé et initié des débats et des rassemblements pour la défense de l’intégrité territoriale du Maroc, qui figurent parmi les convictions sacrées et inébranlables du parti. Les espaces du « village du monde » ont abrité de nombreux échanges et confrontations avec les opposants du Maroc, et cela n’a jamais causé le moindre gène aux organisateurs de cette « Fête » progressiste, au contraire, ces débats confirmaient l’ouverture et la pluralité de l’événement. Qu’est-ce qui a changé aujourd’hui pour justifier ce parti pris ?
Plus que cela, durant les décennies 1970 -90, à aucun moment, y compris aux pires instants de grandes divergences entre le PPS et le PCF sur la question du Sahara marocain, « l’argument algérien » n’a été évoqué et aucune pensée malveillante n’avait entaché la qualité des relations bilatérales entre le PPS et le PCF.
Au contraire, plusieurs valeureux dirigeants communistes français avaient pris la tradition de visiter le stand d’Al Bayane pour « un verre anti-impérialiste », à l’instar de Jacques Duclos, Paul Laurent, Louis Aragon, pour ne citer que ces trois, et, tout dernièrement, de l’ancien directeur de l’Humanité et néanmoins euro – député communiste, Patrick Le Hyaric, qui vouait un respect profond pour le combat du PPS et de ses journaux et s’entretenait, souvent, avec leurs représentants à la Fête internationaliste du PCF.
Hélas, après son départ de la tête de l’Huma, en septembre 2021, cette fraternité militante franco-marocaine n’existe plus au sein du PCF et de sa presse qui, d’ailleurs, n’a plus rien à voir avec l’ancien parti combattant et responsable ni le média rayonnant que fut le journal « L’Humanité » durant tant de décennies et qui étaient une source de fierté pour de nombreux militants progressistes marocains.
Il est vrai que, il y a encore quelques années, la position anti-marocaine du PCF et son suivisme manifeste aux thèses des généraux d’Alger sur la question du Sahara marocain, s’expliquait par le poids numérique de la communauté algérienne au sein du PCF et de ses structures dirigeantes ainsi qu’au sein de son bras syndical, la CGT. Mais aujourd’hui, la dérive de M. Fabien Gay, de surcroît membre d’une association franco-algérienne, s’explique par l’influence accrue que certains « décideurs » algériens ont sur le parti et sa presse, au point que d’aucuns s’interrogent sur l’évolution de cette relation à laquelle ne seraient pas étrangers certains milieux algériens, fortement présents dans l’Hexagone et situés aux antipodes des valeurs de la démocratie et du progrès…
Mais, comme aurait dit André Wurmser, ce grand écrivain journaliste à l’Huma durant la décennie 1970, à la longue « Procréer, causer, lutter, vivre, cela se fait à deux. Mourir, non. Tout seul. Comme un grand» …