Al-Bayane : Que vaut le Bac marocain aujourd’hui ?
Amine Sbihi : Le bac marocain est un diplôme essentiel qui couronne le parcours de tout élève pour l’entrée à l’université. En d’autres termes, il constitue l’arrivée d’un parcours scolaire, dans la mesure où l’essentiel d’une cohorte d’élèves sont abandonnées en cours de la route. Et les chiffres en témoignent. En fait, aujourd’hui moins de 15% arrivent à peine au niveau du baccalauréat.
C’est aussi un diplôme central, il ouvre la porte à un parcours d’enseignement supérieur, condition sine qua non pour l’accès à un diplôme universitaire.
Aujourd’hui tout le monde est unanime sur la baisse du niveau des élèves, comment expliquez-vous ce constat ?
La baisse du niveau ne peut être appréhendée d’une manière objective qu’à travers une évaluation rigoureuse et scientifique tout au long d’un parcours scolaire. Ce que ressentent les gens ou les profs concernant le niveau du bac est une appréciation subjective, car il ne tient pas en considération la massification de l’enseignement dans notre pays : Ce n’est plus un enseignement élitiste qui concerne quelques milliers d’élèves issus pour beaucoup, de milieu socialement favorisé. Cette massification entraîne nécessairement une impression de dégradation du niveau par rapport à l’enseignement élitiste.
Selon vous, comment doit-on procéder pour améliorer encore plus le niveau des élèves ?
Ceci dit, il y a réellement un problème de la qualité de notre enseignement et ce, depuis les premières années de l’école. Tout l’objectif de la réforme de l’enseignement, et les mesures d’urgences qui, par ailleurs, ont du mal à se mettre en place, visent l’amélioration des prestations de l’école, du collège et du lycée. Il faut mettre l’accent sur le fait que cette réforme essentielle nécessite la responsabilisation de tous les intervenants à commencer par les équipes pédagogiques et administratives. C’est précisément sur ce point que le forum de l’éducation et de la formation que nous avons organisé récemment au sein du PPS s’est attaché à apporter quelques suggestions et aussi des recommandations pour le plan d’urgence, dans le dessein que les mesures de réformes puissent réellement franchir le seuil des établissements scolaires.