Les joueurs locaux commencent à donner satisfaction
Le nombre des joueurs africains faisant partie du Championnat national du Maroc commence à augmenter d’une saison à l’autre. Ce sont les deux grands clubs casablancais qui ont commencé cette expérience à la fin des années 1980. Le Wydad avait un certain Moussa N’Daw considéré comme l’un des meilleurs joueurs africains au Maroc avec surtout un titre de Coupe d’Afrique des Clubs Champions et d’autres sacres ici et ailleurs.
Le Raja avait également ses joueurs africains dont l’attaquant ghanéen Mensah, un très bon footballeur qu’il a malheureusement perdu suite à une vilaine blessure face au WAC dans un derby de Coupe du Trône remporté par les Verts en 1990. Le Raja allait enchainer avec d’autres joueurs africains dont le gardien de but Alain Guaméné qui faisait partie de son équipe nationale de Côte d’Ivoire avec laquelle il a remporté la CAN 1992 au Sénégal.
Aujourd’hui, les joueurs africains sont devenus monnaie courante de la Botola. Le championnat national se déroule avec un plus grand nombre de joueurs étalés dans différentes équipes en Divisions 1 et 2 voire chez les clubs des divisions amateurs. Les joueurs africains voient en Maroc la meilleure destination pour s’émanciper et étaler leurs prouesses techniques avant de faire le tremplin, qui pour l’Europe qui pour les pays du Golfe.
Cette nouvelle vague des footballeurs africains qui sont devenus plus nombreux dans notre Botola a été dictée par une volonté d’une génération de dirigeants des clubs marocains avides de résultats et de trophées, quel que soit le prix à payer.
Il y a certes des recrues africaines qui sont loin d’avoir le niveau pour jouer au sein des clubs de la Botola. Mais il y a des footballeurs capables de faire le bonheur des clubs engagés et qui ont les moyens d’ajouter la différence que cherche notre Botola à l’image de William Jebbour, heureux d’avoir terminé premier buteur lors de la saison écoulée avant de quitter les lieux vers l’Arabie Saoudite. Dans leur majorité, ces footballeurs font rugir les filets adverses, au détriment de certains de nos attaquants qui ne sont pas les maîtres à jouer dans leurs équipes respectives.
Les prouesses techniques de ces artisans africains le prouvent bien puisqu’ils sont souvent sollicités par leurs sélections nationales respectives dans différentes compétitions, africaine et mondiale, ou visés par des clubs européens. Ce qui est le contraire pour nos joueurs qui ne figurent pas à la sélection des Lions de l’Atlas dominée de la tête et des épaules par les professionnels d’Europe.
Heureusement qu’aujourd’hui, notre Botola a commencé à donner ses fruits avec ces joueurs qui venaient d’offrir au Maroc son premier titre du championnat d’Afrique des joueurs locaux « CHAN 2018 » remporté face à de grandes sélections comme le Nigeria battu en finale sur un score sans appel de (4-0). Il s’agit là du second sacre de notre sélection à l’échelon continentale après celui réalisé par les joueurs locaux des Lions de l’Atlas en 1976. Car à cette époque il n’y avait pas de professionnels marocains évoluant à l’étranger à l’exception de quelques uns se comptant sur le bout des doigts en Europe en plus d’autres joueurs qui faisaient partie des championnats européens à l’image de feu Larbi Benmbarek, Hassan Aksbi, Brahim Tatum et tant d’autres…
Aujourd’hui, on parle toujours d’une Coupe d’Afrique des Nations (CAN) dominée par les professionnels étrangers du Continent et qui évoluent dans leur grande majorité en Europe à l’instar de nos pros, qui ont à eux seuls réalisé la qualification et le retour des Lions de l’Atlas au Mondial 2018 après une absence de 20 ans.
Mais on a commencé à parler d’une autre compétition, le CHAN réservé aux joueurs locaux pour pouvoir étaler leurs prouesses techniques et confirmer qu’ils n’ont rien à envier aux grandes sélections des professionnels africains d’Europe.
Le Maroc qui s’est contenté de la simple participation au premier tour des précédents rendez-vous avec l’exception du quart lors de l’avant dernière édition, a attendu la 5e étape du CHAN pour le remporter sur son sol et de la plus belle manière, sous la houlette d’un jeune entraineur national de la Boîte, Jamal Sellami. Ce dernier a vu juste quand il a cherché les meilleurs joueurs de la Botola en se basant sur ceux des deux clubs casablancais, Raja et Wydad, avec quelques exceptions dont celle de la RSB qui nous a donné un certain Ayoub El Kaabi, buteur historique du CHAN avec 9 réalisations. Et dire qu’El Kaabi a été déniché par le RAC quand il évoluait en Division 2. Le RAC restait heureux d’avoir réalisé l’accession en Division 1 grâce à ses joueurs locaux mais aussi et surtout avec l’apport de ce jeune attaquant, El Kaabi, qui a à lui seul, marqué 25 buts, record national jamais réalisé notamment en Division 1 depuis les 25 buts inscrits par Mohamed El Boussati avec le KAC en 1982.
Voilà un exemple à suivre par tous les clubs marocains et par la fédération afin de d’accorder plus d’importance au joueur local et au championnat national qui ont les moyens de donner plus que leurs homologue étrangers de l’Afrique ou d’ailleurs…
Rachid Lebchir