Au Brésil, la droite et le Centre-droit remportent les municipales

Nabil El Bousaadi

Ce dimanche, le Brésil a vécu à l’heure du 2è tour des élections municipales qui, en se tenant à mi-mandat présidentiel, ont constitué un premier test électoral pour Jair Bolsonaro puisqu’elles ont permis de donner une idée exacte des forces en présence avant les élections de 2022 auxquelles le chef de l’Etat compte, bien entendu, se représenter au nom de l’extrême-droite.

Et si, à l’issue du premier tour du 15 novembre dernier, la victoire était revenue aux partis traditionnels du centre et du centre-droit et que neuf sur les treize candidats soutenus par le président furent battus, ce 2è tour a consacré, de manière définitive, l’effondrement des partis de gouvernement qui, depuis trois décennies, structurent la vie politique brésilienne ; à savoir, à droite, le Parti de la social-démocratie brésilienne (PSDB) et, à gauche, le Parti des Travailleurs (PT).

Ainsi, pour la première fois, depuis le retour de la démocratie au Brésil en 1985, le Parti des Travailleurs de l’ancien président Lula da Silva n’a remporté aucune des capitales des 26 Etats de la fédération. Il a même perdu Recife, dans le Pernambouc (Nord-Est), naguère bastion de la gauche au profit de Joao Campos du Parti socialiste brésilien (PSB, Centre gauche).

A Porto Alegre, dans le Sud, le centriste Sebastiao Mela a écarté Manuela d’Avilia, la figure montante du Parti Communiste du Brésil et candidate malheureuse à la vice-présidence en 2018, alliée au Parti des Travailleurs.

L’extrême-droite n’a pas été mieux lotie. Ainsi, à Rio, l’impopulaire maire sortant Marcello Crivella a essuyée une cuisante défaite en ne recueillant que 35,93% des suffrages face a Eduardo Paes (Démocrates, Centre droit) qui a obtenu 64,07% des voix et qui avait déjà été maire de la ville de 2008 à 2016.

A Sao Paulo, Bruno Covas du PSDB (droite libérale) a recueilli 59,38% des suffrages contre 40,62% des voix pour son rival Guilherme Boulos du Parti Socialisme et Liberté (PSOL) sur lequel pesaient tous les espoirs de la gauche.

Aussi, en s’adressant indirectement au Président, Bruno Covas rappellera à ce dernier qu’«il est possible de faire de la politique sans haine et en disant la vérité».

Dans une déclaration à l’AFP, Leonardo Avritzer, analyste politique à l’Université fédérale du Minas Gerais (UFMG), considère que la défaite du maire sortant, également ancien pasteur évangélique figurant parmi les 13 candidats fortement soutenus par le président, est «une confirmation de la déroute du bolsonarisme» qui avait montré le bout de son nez dès le premier tour du scrutin.

Que dire pour terminer sinon que, d’une part, les résultats de ces municipales signent le reflux de la vague de l’extrémisme qui, en 2018, avait porté Bolsonaro au pouvoir constituant, ainsi, un mauvais présage pour ce dernier alors même qu’à deux années de la présidentielle de 2022, il est encore sans parti politique et que rien, pour l’heure, n’indique s’il nouera des alliances avec les formations de la droite «traditionnelle» ou non et que, d’autre part, avec la victoire de la droite et du centre-droit, la balle est au centre. De quoi donc demain sera-t-il fait au Brésil et quelle sera la marge de manœuvre du président Bolsonaro ? Attendons pour voir…

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