A en croire des statistiques établies par le service provincial de l’Office national de la sécurité sanitaire et des produits alimentaires (Ancien service de la protection des végétaux) nous en sommes déjà à plus de 300 hectares d’arbres infectés soit l’équivalent de presque 11% des superficies plantées (2800 ha) au niveau de la province d’Ifrane.
Au 29 avril dernier 60 foyers notamment des vergers de poiriers ; de pommiers et de cognassiers ont été détectés et confirmés être infectés par la maladie.
Presque toutes les communes de la province d’Ifrane ont été touchées, de Dayt Aoua à Siddi Addi avec une « concentration dangereuse » sic, au niveau de la région d’Amghass, à 20 km de la ville d’Azrou, une région se trouvant dans la plaine de Tigrigra qui concentre plus de 50% de la production nationale des plants des rosacées et une forte concentration de pépiniéristes.
Cette addition est à prendre avec la plus extrême vigilance puisque « le risque de contagion est élevé » explique-t-on au sein des autorités du contrôle chargé du dossier. D’autant plus que le feu bactrien, affirme-t-on est « une maladie de foyer » capable de « se propager d’une microrégion à toute une région.»
Selon nos sources le feu bactérien est l’une des maladies les plus dangereuses des arbres fruitiers à pépins. La bactérie responsable (Erwina Amylovora) est capable d’infecter 140 espèces végétales et dont le pommier, le poirier et cognassier sont les plantes hôtes les plus sensibles. Et dont le seul remède efficace est « l’élimination et l’incinération des arbres infectés. Des traitements biologiques ont été récemment homologués mais pour des actions préventives et non curatives, insistent nos interlocuteurs.
La province d’Ifrane où des foyers sont apparus pour la première fois en 2007 et déclarée zone en quarantaine en 2008 et 2009, plus de 350 000 arbres fruitiers devraient être incinérés si on se conformait aux mesures strictes qui s’imposent dans ce genre de maladie épidémique.
Mais force est de constater que les faits supplantent souvent la loi. Les deux arrêtés gubernatoriaux promulgués jusqu’à présent, alors que le troisième tarde bizarrement à être adopté, en sont une preuve concrète. Il semble d’ailleurs une contradiction entre cette grande peur qui angoisse et les experts en la matière et les arboriculteurs qui viennent d’organiser un sit-in devant la DPA d’Ifrane et la Wilaya de Meknès, et l’absence flagrante des mesures de précaution les plus simples et les plus concrètes, celles là même qui semblent pourtant élémentaires. Ainsi, nous révèle-t-on, les va-et-vient des plants et du matériel infectés et la circulation des ruches d’abeilles circulent librement en zone infectée et sans que les autorités locales ne prennent la mesure du danger et du risque de contagion et ce malgré les mises en gardes adressées au gouverneur de la province d’Ifrane sur «l’inobservation des mesures prévues dans les arrêtés».
Résultat de cette situation : Des centaines d’arboriculteurs en détresse qui voient leurs productions ruinées et dont l’espoir de récolter après tant d’années, le fruit de leurs « travail de forçat » s’évapore. «Brûlés» qu’ils sont aussi par l’indifférence des autorités publiques que par le feu bactérien. Nous y reviendrons.