Il est erroné de considérer les dépenses à caractère social comme des contraintes au développement du pays, a affirmé la députée Fatima Zahra Barassat, membre du Groupement parlementaire du progrès et du socialisme (GPPS : PPS) à la Chambre des représentants, soulignant que ce sont les pays qui investissent le plus dans les secteurs sociaux, qui réalisent les taux de croissance les plus élevés.
Tout en émettant l’espoir que le PLF 2019 marque l’inauguration d’une nouvelle ère de répartition équitable des richesses du pays à travers le lancement d’une œuvre de développement de toutes les régions visant essentiellement la diminution des disparités sociales et spatiales, la députée a insisté sur l’importance pour le Maroc d’investir davantage dans les secteurs sociaux (santé, enseignement, formation, emploi, etc…) pour renforcer ses capacités humaines et forces productives.
Dans une déclaration au journal, en marge de sa participation à l’examen en commission des finances et du développement économique du PLF19, la députée a affirmé que ce sont les citoyens en bonne santé qui sont les plus productifs. Il est également nécessaire pour l’Etat d’œuvrer pour garantir à tous les citoyens leur droit de jouir des soins de santé, à un moment où plusieurs maladies chroniques (cancer, hypertension, diabète etc….) sont de plus en plus répandues avec l’augmentation de l’espérance de vie.
C’est pourquoi, il est primordial pour le Maroc d’assurer au RAMED (Régime d’assistance médicales) toutes les conditions de réussite à travers la pérennisation de son financement, a-t-elle dit, rappelant que 12 millions de Marocains bénéficient désormais de ce régime. En dépit des obstacles qui entravent le bon fonctionnement du RAMED, le régime a permis à de larges couches de la population de bénéficier gratuitement de soins et de lourdes opérations chirurgicales très onéreuses.
Selon la députée, les dysfonctionnements du RAMED ne sont pas imputables au seul ministère de la santé. D’autres départements ministériels sont impliqués dans la bonne gouvernance du RAMED, tel le ministère de l’Intérieur, qui intervient surtout dans le traitement des dossiers des candidats désireux d’obtenir une carte RAMED. Mais en l’absence d’un registre social unifié et d’une approche appropriée de ciblage, nombreux sont les citoyens non méritants qui bénéficient de ce régime et nombreux sont les citoyens méritants qui en sont exclus. Et pourtant, l’obtention d’une telle carte nécessite en l’état actuel une période anormalement longue.
Au niveau de son financement, le RAMED est handicapé actuellement par un manque de fonds stables, ce qui menace sa pérennité. On ne peut pas garantir la pérennité d’un tel régime dans la perspective de parvenir à une couverture sanitaire globale avec une politique de replâtrage, a-t-elle laissé entendre.
Elle a fait savoir aussi que le RAMED est encore loin de permettre à ceux qui en bénéficient d’accéder à tous les soins en particulier dans le secteur privé. Ce sont surtout les hôpitaux publics qui prennent en charge les patients détenteurs de la carte RAMED.
Dans le même ordre d’idées, la députée a souligné l’impératif pour le gouvernement de procéder à la réforme du régime de généralisation de l’assurance maladie obligatoire (AMO), qui profite essentiellement en l’état actuel des choses au secteur privé, le secteur public ne recueille que 8% de l’AMO. Il est également urgent de créer de nouveaux postes budgétaires pour le recrutement des professeurs et l’ouverture de nouvelles facultés de médecine, a-t-elle ajouté, estimant nécessaire aussi de réviser à la baisse le seuil des moyennes de notes pour les étudiants désireux de poursuivre des études de médecine.
Elle a en outre fait savoir qu’il est possible de consacrer des crédits du Fonds d’équipement communal pour la construction et l’équipement d’établissements de santé au niveau de monde rural. Elle a appelé de même à prévoir dès à présent les fonds nécessaires pour le financement du projet du plan de la santé à l’horizon 2025 adopté par le ministère de la santé. Il y va de l’intérêt de l’hôpital public qu’il faut sauvegarder pour lui permettre de jouer pleinement son rôle en tant qu’espace sécurisant de prise en charge de la santé et sur un pied d’égalité de tous citoyens, a-t-elle expliqué.
M’Barek Tafsi