Table ronde de la Fondation Ali Yata sur «l’utilisation de l’intelligence artificielle dans l’action politique : opportunités et défis».
La Fondation Ali Yata a organisé, jeudi dernier, une table ronde sous le thème « L’utilisation de l’intelligence artificielle dans l’action politique : opportunités et défis ». Cet événement, qui s’est tenu au siège national du Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) à Rabat, a réuni experts, professeurs et chercheurs pour débattre des enjeux de l’IA dans la sphère politique.

Le Secrétaire Général du PPS, Mohammed Nabil Benabdallah, a souligné, dans un mot prononcé à cette occasion, l’importance d’une réflexion approfondie sur l’IA, un sujet à la fois fascinant et inquiétant. Il a insisté sur le fait que le PPS doit adopter une vision globale et pragmatique de l’IA, en évitant une approche purement alarmiste qui pourrait freiner l’innovation. Selon lui, l’IA constitue une réalité incontournable et doit être intégrée dans les stratégies politiques du pays.
Benabdallah a annoncé la mise en place d’un groupe de travail spécifique au sein du PPS afin d’élaborer une vision politique claire sur l’IA. Il a reconnu un retard des partis politiques sur ce sujet et a appelé à un effort collectif pour combler ce vide. Pour lui, l’objectif est de doter le parti d’une approche cohérente qui permettra de participer activement au débat national sur l’IA.
Au niveau national, il a rappelé que le Maroc suit de près les développements technologiques, notamment en matière de sécurité, mais que ces avancées doivent bénéficier à l’ensemble de la population. Le PPS souhaite ainsi proposer des politiques publiques adaptées pour que l’IA soit exploitée au service du développement du pays et de la démocratie.
Benabdallah a également exprimé des inquiétudes quant à l’impact de l’IA sur l’équilibre géopolitique. Il a mentionné la compétition entre les grandes puissances, notamment les États-Unis et la Chine, et les risques liés à une concentration excessive du pouvoir technologique. Il craint que certaines nations utilisent l’IA pour imposer une vision politique dominatrice qui pourrait affaiblir les démocraties.
Sur le plan national, il a critiqué certaines pratiques électorales, notamment l’utilisation d’aides caritatives à des fins politiques. Pour lui, le PPS doit renforcer ses compétences en matière d’IA afin d’améliorer son plaidoyer politique, sa communication et son engagement avec les citoyens, en particulier les jeunes qui se désintéressent de la politique.
La table ronde a été introduite par Fatima Zahra Barassat, membre du bureau de la Fondation Ali Yata, qui a mis en évidence la dualité des perceptions autour de l’IA. D’un côté, certains experts, comme Mark Zuckerberg, voient en l’IA un levier de progrès, tandis que d’autres, comme Elon Musk, alertent sur ses dangers potentiels. Steven Kohen, quant à lui, prédit que l’IA pourrait représenter une menace existentielle pour l’humanité.
Barassat a soulevé plusieurs interrogations essentielles : comment l’IA influe-t-elle sur la prise de décision politique et le processus démocratique ? Peut-elle améliorer la participation politique, notamment celle des jeunes ? Quels sont les risques éthiques et les menaces associées à son utilisation en politique ?
Prenant la parole, le président de la Fondation Ali Yata, Rachid Roukbane a rappelé dans une allocution d’ouverture la portée et l’actualité du présent débat autour de l’impact de l’IA sur la politique et plus précisément autour de son utilisation par les institutions politiques.
Il est revenu en premier sur les progrès rapides successifs qu’a connus le secteur dans tous les domaines y compris le champ politique, estimant que depuis la période du coronavirus, l’IA a commencé à jouer un rôle accru sur le politique, l’action partisane et les campagnes électorales. Le choix d’un tel sujet est donc dicté par son actualité et son rapport avec le devenir de la démocratie dans son ensemble et le sort des partis politiques en particulier.
Les débats ont mis en avant le potentiel de l’IA pour transformer les outils politiques, en optimisant la communication des partis et en affinant l’analyse des données électorales. Toutefois, ils ont aussi alerté sur les dangers d’une exploitation abusive, pouvant conduire à une manipulation de l’opinion publique et à une surveillance de masse.
En conclusion, cette table ronde a permis d’initier une réflexion de fond sur l’intégration de l’IA dans l’action politique. Le PPS entend poursuivre ce travail en structurant une approche cohérente et en engageant un dialogue approfondi avec les experts et la société civile. Son ambition est de faire de l’IA un outil au service du progrès social et démocratique, tout en préservant les principes éthiques et les valeurs fondamentales du pays.