Bogota instaure un droit de sortie «genré»…

Le confinement que le Pérou avait imposé à sa population, du 16 mars au 12 Avril dernier, pour endiguer la propagation du coronavirus était assorti d’un droit de sortie différencié selon le «genre» pour éviter tout engorgement dans les espaces publics.

Cette disposition ayant fait des émules dans la région, Bogota, la capitale de la Colombie, qui constitue le principal foyer du Covid-19 dans le pays en hébergeant 1682 sur les 3977 cas enregistrés lui a emboité le pas. C’est ainsi qu’elle a adopté, à compter du 13 Avril dernier, un droit de sortie alterné autorisant les femmes à vaquer à leurs occupation en dehors de leur domicile pendant les journées «pairs», les hommes durant les jours «impairs» et les transsexuels en fonction de leur identité de genre. Tout contrevenant sera appelé à s’acquitter d’une amende de près de 220 euros.

Une dérogation a, toutefois, été accordée à certaines professions dont les membres pourront sortir indépendamment de leur genre. Il s’agit du personnel soignant, des épiciers, des pharmaciens, des journalistes et des livreurs à bicyclette. Les propriétaires de chiens ont, également, été autorisés à promener ceux-ci une fois par jour et pendant 20 minutes.

Or, même si le décret municipal instaurant ce droit de sortie différencié selon le genre s’est révélé efficace dès lors qu’il a permis de diviser par deux donc de diminuer considérablement la présence des gens dans les espaces publics – notamment les supermarchés, les pharmacies et les banques de la capitale colombienne – et, par voie de conséquence de «freiner» la propagation du Covid-19, la mesure n’a pas été du goût de tout le monde. Aussi, a-t-elle suscité moult débats dans les médias et sur les réseaux sociaux.

Ainsi, la féministe Catalina Ruiz-Navarro la récuse au motif que «diviser en fonction du genre est aussi arbitraire que diviser entre petits et grands ou entre Blancs et Noirs; c’est inacceptable de la part des pouvoirs publics». Elle considère même que ce «système accentue les inégalités puisque les femmes, plus nombreuses à faire le marché que les hommes, se retrouvent à faire plus de queue les jours qui leur sont impartis».

Aujourd’hui, c’est la journée des femmes. A l’entrée du grand marché couvert de la capitale, toutes celles-ci portent le masque, désormais obligatoire, et la queue est silencieuse, pas très longue et bien organisée. Des croix blanches sur le sol, espacées de 2 mètres, indiquent l’emplacement où chacune d’elle doit se mettre et des vigiles sont là pour ne laisser entrer que six clientes à la fois.

Baptisée «pointe et genre», la méthode appliquée par la capitale colombienne s’est inspirée du système «pointe et plaque» restreignant, aux heures de pointe, la circulation des véhicules automobiles en fonction du numéro de leur plaque minéralogique. D’autres municipalités du pays ont, de leur côté, lié les jours de sortie de leurs concitoyens au numéro de la carte d’identité de chacun d’eux.

Enfin, au vu de la célérité avec laquelle ce nouveau coronavirus passe d’un individu à l’autre, la distanciation et le confinement semblent être, pour l’heure, les seuls moyens à même d’enrayer sa propagation. Alors, attendons pour voir…

Nabil El Boussadi

Étiquettes , ,

Related posts

Top