L’année 2019 était triste pour le milieu artistique national. En effet, de nombreuses étoiles marocaines se sont éteintes en laissant des œuvres artistiques qui resteront gravées dans les mémoires. Les grands ne meurent jamais, ils y laissent place à leurs souvenirs. Hommages à leurs parcours!
Amina Rachid, la doyenne des comédiennes
La doyenne des comédiennes, Amina Rachid, a rendu l’âme lundi 26 août. L’information était tombée comme un couperet. Elle avait 83 ans. Avec son départ, la scène artistique a perdu l’une de ses pionnières, ses piliers et ses figures de proue.
Une femme exceptionnelle, originelle, spontanée et battante ! Amina Rachid, nom de scène qui lui a été donné par son époux, feu Abdellah Chekroun, est une pionnière du théâtre national. Son parcours artistique est long, mais inédit avec un répertoire colossal de plus de 60 pièces de théâtre jouées sur scène ou encore à la radio.
Amina Rachid a posé les premières pierres du théâtre marocain avec une poignée de femmes artistes braves et talentueuses qui ont défié les stéréotypes et les clichés de la société de l’époque. Elle est l’une des voix qui ont enrichi le répertoire de la RTM avec des œuvres écrites et orchestrées magistralement et soigneusement par son mari. Aux côtés d’Amina Rachid, il y avait Habiba Medkouri ou encore Fatima Benmeziane qui ont consacré toutes leurs vies à la création, au théâtre, à la télévision et au cinéma. C’était plus qu’une passion! Très généreuse dans les rôles qu’elle incarnait et jouait avec beaucoup de professionnalisme, d’enthousiasme et d’énergie, la comédienne marquera à jamais l’imaginaire du public marocain par sa voix et son visage. Sa voix résonne dans l’esprit et habite l’oreille.
Ahmed Saâri, le «Google du théâtre marocain»
Les feuilles du théâtre national sont tombées cette année qui s’achène les unes après les autres. En effet, après le décès fin août de la comédienne marocaine Amina Rachid à l’âge de 83 ans, cette fois-ci, c’est le tour de Ahmed Saâri, une icône des planches marocaines, de quitter la scène artistique marocaine. Que des pertes immenses!
Le défunt qui était l’un des monuments et des précurseurs du théâtre national a tiré sa révérence dimanche 22 septembre à sa ville natale, Casablanca. Il avait 79 ans. Une vie dédiée aux planches. Le regretté a partagé sa carrière entre le père des arts, le cinéma et la télévision. Généreux, militant de la première heure pour les droits des artistes, Saâri a contribué avec d’autres figures emblématiques à l’effervescence de la scène artistique et théâtrale.
Mahjoub Raji, le sourire clément
Le monde artistique et culturel national avait été réveillé sur une autre triste nouvelle : l’acteur marocain Mahjoub Raji avait tiré sa révérence, mercredi 17 avril, à Rabat après un long combat contre la maladie. Il avait 79 ans. Figure emblématique du paysage artistique et théâtral national, le défunt a fait ses premiers pas, très jeunes, sur les planches avec les ténors du théâtre marocain.
Un visage habitué chez les marocains, Mahjoub Raji, originaire de Casablanca, a vu le jour en 1940. Le public l’a découvert à travers ses apparitions dans plusieurs séries télévisées dont notamment «Men Dar Ldar», «Nsib Lhajj Azzouz» et d’autres films qui ont marqué le petit et grand écran marocain entre autres «Lalla Hobbi», «La symphonie marocaine» et «Ali, Rabiaa et les autres». Le regretté a été apprécié également par le téléspectateur marocain à travers des monologues très connus à savoir «Kolha w Halo», «Lhammam» «Tberguig».
Hassan Mégri, le cofondateur des «Beatles» de la chanson arabe
Les départs définitifs des artistes en 2019 se sont multipliés. Le précurseur de la world music arabe et cofondateur du groupe musical «Les Frères Megri», almoussiqar Hassan Mégri, est décédé dimanche 14 juillet matin après une lutte contre la maladie.
Figure de proue de la musique marocaine, le défunt a consacré toute sa vie à la musique, à l’art et à la calligraphie iconographique. Rénovateur et créatif, Hassan a soufflé un vent nouveau dans la musique de son époque. Plus d’un demi-siècle de créativité et de présence sur scène. L’artiste a reçu la «Gold Medal of Morocco» en 2011 décernée par la prestigieuse American Biography Institute. De son vivant, Hassan Megri était toujours à la quête de nouveaux styles musicaux et d’horizons artistiques électriques, plus ouverts et créatifs.
Aziz Maouhoub, le talentueux…
L‘information du décès d’Abdelaziz Boualil alias «Aziz Maouhoub» est tombée le 3 mars 2019. On avait reçu au festival national du film de Tanger ! C’était à la fin d’une projection à la salle Roxy dans le cadre du festival que le départ définitif de l’une des figures de proue du cinéma, de la télévision et des planches marocains à l’âge de 81 ans a été annoncé.
De son vrai nom Abdelaziz Boualil, il est décédé, dimanche en début d’après midi, dans une clinique à Rabat, après une longue bataille contre la maladie. L’homme avait consacré une grande partie, voire toute sa vie à l’art, la télévision et plus particulièrement, le théâtre, son premier amour. Il portait bien ce nom «Maouhoub»: le talentueux ! Il avait un charisme, une grâce, une présence, une posture et un talent qui ont été investis dans sa carrière aussi bien riche et diverse. Plus d’un demi-siècle de travail jour pour jour afin de dessiner un sourire et laisser une merveilleuse sensation dans la bouche et les esprits de son public et ses admirateurs.
Abdellah Amrani : Quand la passion guide!
Abdellah Amrani est décédé le mardi 14 mai 2019 à l’âge de 78 ans. Alors que les comédiens fêtaient ce jour-là, la journée nationale du théâtre, l’information de son départ est tombée comme un couperet. L’homme de théâtre est parti en silence après un long combat contre la maladie.
Issu d’une famille conservatrice, Abdellah Amrani s’est toutefois laissé toujours guidé par sa passion jusqu’aux derniers jours de sa vie. À l’école, il dégageait un engouement et un intérêt pour le théâtre et la scène avant de rejoindre la troupe «Al amal» (espoir) avec Mohamed Hassan Al Joundi, Malika El Omari et d’autres comédiens. Très jeune, le fils prodige de Marrakech a fait ses premiers pas dans le domaine théâtral en intégrant en 1959, à l’âge de 18 ans, une école de recherches théâtrales où il apprit, après trois ans de formation, les grandes leçons et bases du père des arts.
Mohamed Louz : le rythme dans la peau…
Le défunt a passé l’arme à gauche le 23 octobre 2019 à après une longue lutte avec la maladie. En effet, son combat avec le cancer ne date pas d’aujourd’hui. Par ailleurs, le regretté est considéré comme l’une des figures de proue de la musique populaire en jouant dans plusieurs troupes et groupes musicaux. En outre, c’est vers les années 70 qu’il avait commencé sa carrière musicale dans la troupe «Ljwad» avant d’intégrer le fameux groupe musical Tagada aux côtés des autres noms entre autres Roudani, Bouchiab Ftach et bien d’autres.
Sur les planches, il a brillé de mille feux avec sa troupe en interprétant des rôles dans les pièces de théâtre dont «Abou w rih», «Halouf karmouss».
Mohamed Khaddi, le discret…
Né à Salé en 1947, Mohamed Khaddi a rendu l’âme, le 2 septembre à Rabat, à l’âge de 72 ans, des suites d’une longue maladie. Acteur, dramaturge et metteur en scène, le défunt a fait ses études à l’Institut supérieur d’art dramatique et d’animation culturelle à Rabat. Sur les planches, le regretté avait joué dans de nombreuses troupes nationales du théâtre marocain, entre autres, «Al Maâmora» et du théâtre national Mohammed V. Au sein de sa ville natale, Salé, il a dirigé la troupe théâtrale d’aujourd’hui et de demain (Masrah lyaoum wa el ghade). Ses travaux artistiques et ses pièces sont nombreux dont «Le Message» avec Anthony Quinn ou encore dans « Mr. Jones » avec Richard Gere et «Tuer n’est pas jouer» de John Glen.
Mohamed Nait Youssef