Cinq pays arabes rompent avec le Qatar

Ce lundi l’Arabie Saoudite, l’Egypte, le Bahrein et les Emirats Arabes Unis ont annoncé, d’une seule voix, la rupture de leurs relations diplomatiques avec le Qatar accusé de soutenir le terrorisme.

Et s’il a toujours été reproché à ce dernier de prêter main-forte à la fois à Al Qaïda, au Groupe Etat islamique et aux Frères Musulmans, la goutte qui a fait déborder le vase est tombée la semaine dernière lorsque le site de l’Agence de presse officielle du Qatar avait fait tenir à l’Emir Cheikh Tamim Ben Hamad Al-Tani des propos affirmant que l’Iran – ennemi juré de l’Arabie Saoudite – devrait être perçu comme un allié stratégique ; ce qui va à l’encontre de ce qui avait été formulé quelques jours auparavant par le président américain Donald Trump lors de sa visite officielle en Arabie Saoudite ; une visite au cours laquelle les deux chefs d’Etats avaient déclaré, d’une seule voix, que l’Iran reste le principal artisan du terrorisme dans la région.

Et même si, pour sa défense, l’Emir du Qatar nie avoir tenu de tels propos en prétendant que son agence officielle de presse a été piratée et en faisant diligenter une enquête par le FBI pour dissiper tous les soupçons, rien n’y fait ; les Etats-membres du Conseil de Coopération du Golfe ne veulent rien savoir.

D’ailleurs, le Qatar a très souvent fait cavalier seul dans la région. Pour rappel,  en 2014,  ses alliés du C.C.G. avaient rappelé leurs ambassadeurs à Doha au motif que cette dernière soutiendrait  les Frères Musulmans.

Et s’il s’agit-là d’un tournant sans précédent pour le C.C.G., nul ne sait encore à l’heure actuelle comment réagiront les deux autres membres dudit Conseil que sont le Koweit et le Sultanat d’Oman et ce, d’autant plus que le premier a tenté ces derniers temps de rapprocher Qatar et l’Arabie Saoudite qui s’acharne à désigner comme ennemis ceux qui ne s’alignent pas sur sa position à l’égard de l’Iran avec lequel le Sultanat d’Oman a toujours maintenu de bons rapports.

Considérant, de son côté, que les mesures prises par l’Arabie Saoudite, l’Egypte, le Bahrein et les Emirats Arabes Unis sont «injustifiées et sans fondement», le Ministère qatari des Affaires Etrangères déclare, dans un communiqué, qu’elles n’ont pour objectif que de «placer l’Etat du Qatar sous tutelle» ce qui, en soi, est «inacceptable» et constitue «une violation de sa souveraineté».

Abondant dans le même sens, Téhéran considère que «la rupture des relations diplomatiques et la fermeture des frontières n’est pas une manière de résoudre la crise» ajoutant  même, par la voix de Hamid Aboutelabi, le chef de cabinet adjoint du président iranien, que «l’agression et l’occupation n’auront pas d’autre résultat que l’instabilité».

Force est de constater, enfin, que la rupture des relations diplomatiques isole l’Etat du Qatar non seulement diplomatiquement mais aussi géographiquement puisque la seule frontière terrestre dont il dispose il la partage avec l’Arabie Saoudite, militairement dans la mesure où il a été exclu de la coalition arabe qui opère au Yémen sous commandement saoudien et constitue, enfin,  un sérieux revers pour un pays qui s’enorgueillit d’organiser la Coupe du Monde de football de 2022.

Nabil El Bousaadi

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