Doukkali : le dialecte n’est pas un obstacle à la chanson marocaine

Le dialecte n’est nullement un obstacle au rayonnement de la chanson marocaine au Machrek (Moyen-Orient), contrairement à ce que l’on peut penser, a affirmé le célèbre chanteur Abdelwahab Doukkali.
Tant que la chanson accorde une importance particulière au choix des paroles et des mélodies envoûtantes, elle ne peut qu’avoir un succès retentissant à l’échelle internationale et susciter l’intérêt d’une large frange du public, quel que soit le dialecte parlé, a soutenu le doyen de la chanson marocaine, dans un entretien en marge d’une visite qu’il a effectuée, récemment en Egypte, parmi un groupe d’intellectuels, artistes et représentants de médias marocains.
L’auteur-compositeur Abdelwahab Doukkali s’est dit fier de voir des chanteurs arabes interpréter des chansons marocaines, notant que plusieurs de ses œuvres ont été chantées par des artistes arabes du Moyen-Orient, avec à leur tête chanteur légendaire égyptien feu Abdelhalim Hafez qui a interprété « Kataajabni », « Dini Maak » ou encore « Ma ana illa bachar ».

Il a, dans ce sens, souligné que les efforts personnels qu’il a déployés lors de ses multiples tournées en Orient arabe, en particulier en Egypte, au cours des années 1960, en l’absence totale de n’importe quel soutien, ont joué un rôle déterminant dans le rayonnement de ses chansons, estimant que l’interprétation de ses œuvres par une élite de grands artistes arabes constitue une preuve tangible que le dialecte marocain n’est nullement un obstacle au succès de la chanson marocaine à l’échelle du monde arabe.
M. Doukkali a ainsi souligné l’importance de l’ouverture du public marocain sur les dialectes des pays arabes pour la découverte et la compréhension de leurs cultures, notamment les pays maghrébins, se félicitant de l’effort déployé par le citoyen marocain en vue de mieux percevoir les dialectes des pays arabes.
Il a, à ce propos, appelé les autorités concernées à apporter le soutien nécessaire à la chanson à travers l’organisation de manifestations et de festivals culturels en tant que moyen à même de contribuer au rapprochement entre les peuples et de mieux faire connaitre leurs cultures artistiques.
D’autre part, le maestro a affirmé que la scène artistique et musicale marocaine a connu, durant la période allant des années 60 aux années 90 du siècle précédent, une grande renaissance, grâce à l’apport d’écrivains, de poètes de zajal, de compositeurs et d’interprètes de renommée qui ont contribué au rayonnement de la chanson marocaine.
Toutefois, a expliqué le célèbre chanteur marocain, la scène artistique et musicale connait actuellement un phénomène d’imitation comme en témoigne la nouvelle vague exportée par Etats-Unis notamment vers le Moyen-Orient, ajoutant que l’art a été réduit à une simple question commerciale alors qu’il constituait « le miroir des peuples » dans le passé.
L’attention est désormais focalisée essentiellement sur la présence physique, la beauté et l’élégance, a ajouté l’artiste au franc-parler, notant que cette vague a touché l’ensemble du monde arabe, en particulier le Moyen-Orient, où les artistes se limitent actuellement à imiter de manière aveugle les chansons européenne et américaine.
Le musicien marocain a en outre exprimé son optimisme quant à la capacité de la nouvelle génération de chanteurs et chanteuses qui disposent de belles voix, l’appelant à accorder une importance particulière aux choix des paroles, des thèmes et des compositeurs compétents.
Evoquant la nouvelle scène musicale marocaine, Doukkali a déclaré qu’il n’était pas contre cette nouvelle vague connue sous le nom de « la chanson de la jeunesse », se disant pour le renouvellement à condition que les chansons produites traitent de sujets et de thèmes pertinents et respectent strictement les normes et les techniques artistiques.

El Houssain Laaouan

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