La SAZ, Société d’Aménagement Zenata, vient de signer une convention avec le groupe saoudien SGH (Saudi German Hospital) pour le développement du pôle santé de l’éco-cité de Zenata. Mais au-delà de cette convention, c’est toute la démarche de réalisation de ce projet qui se retrouve mise en valeur et un nouveau modèle de ville nouvelle qui est offert pour la conception des prochaines villes marocaines.
Le pôle santé d’une ville confiée à une société privée : c’est ce que vient de faire la Société d’Aménagement de Zenata. La filiale de la CDG, qui s’occupe depuis une dizaine d’années de développer l’éco-cité de Zenata, a donc conclu une convention avec Saudi German Hospital pour le développement du pôle santé de la ville nouvelle près de Casablanca. Aux termes de ce contrat, ce pôle se mettra en synergie avec les pôles éducation, commercial et logistique. L’offre intègre un hôpital de 300 lits, six blocs de spécialités, une offre complémentaire réunissant une université médicale, de la formation paramédicale, une tour médicale pour les cabinets des médecins libéraux, des résidences pour le personnel médical et les étudiants de l’université et une offre hôtelière.Cette convention fait suite à la livraison, en novembre dernier, d’un premier quartier résidentiel d’une superficie de 70 hectares. Cette première livraison comprend un parc central de 7 hectares, un parcours sportif doté d’équipements de proximité. Dans sa réalisation, ce quartier, tout comme l’ensemble du projet, intègre un urbanisme innovant avec un aménagement qui favorise la direction des vents.
Aussi, une première zone de développement de 800 ha (sur une surface totale de 1 830 ha pour tout le projet) a déjà été raccordée aux trois réseaux (eau, électricité et assainissement). S’ajoutent à cela l’échangeur autoroutier ainsi que les premières voiries urbaines opérationnels depuis juin 2015. La livraison de ce chantier est prévue pour l’été 2018. A cette même date, sera aussi achevée la voie ouest connectant le territoire du nord (zone balnéaire) au sud (zone autoroutière) sur plus de 3 km.
Cette convention s’inscrit dans la démarche adoptée depuis le début de ce projet par la SAZ, celle qui consiste en une approche intégrée de la ville.
Une nouvelle approche
Citée en exemple et considérée comme pouvant être exportée dans les pays africains, l’approche adoptée pour la création de cette ville rompt avec les expériences précédentes dans d’autres villes du Maroc. Cette démarche d’éco-conception s’est faite sur la base de deux approches. Une première approche, top-down, en partant des efforts consentis par l’État marocain en termes de politiques urbaine, énergétique,de transport, etc. Ces différentes politiques sont autant d’inputs à la réflexion autour de la ville de Zenata. Et une deuxième approche, bottom-up, en menant une réflexion avec les parties prenantes locales : autorités, société civile, associations, tissu entrepreneurial.Cette réflexion commune avec l’ensemble de ces partenaires locaux était nécessaire pour ne pas rater l’aspect social de la ville. L’enseignement essentiel à tirer de cette démarche est qu’une réflexion urbaine consiste, prioritairement, à mettre l’humain au centre de la réflexion. À partir de là,toute erreur qui survient dans le déroulement de ce projet reste d’une ampleur relativement peu importante.Le projet de Zenata ambitionne donc de créer une nouvelle centralité urbaine à même de répondre aux enjeux liés à l’émergence de la classe moyenne, notamment à travers le développement de services à forte valeur ajoutée.L’approche d’éco-conception inclusive et participative fait ainsi intervenir les gouvernances nationales et locales et mobilise l’ensemble des partenaires publics et privés mais aussi la société civile ».
Aujourd’hui, Zenata est considérée comme une des premières éco-cités africaines. Elle est aussi l’une des dernières réserves stratégiques d’ampleur pouvant résorber les déséquilibres socio-économiques entre l’est et l’ouest de la région du Grand Casablanca. Et la longue phase d’assainissement du territoire a été mise à profit pour peaufiner le concept. La planification minutieuse a permis avant de passer sereinement à la phase d’exécution d’une ville dynamique pour éviter le scénario de «cité dortoir». Et cette approche adoptée pour Zenata semble avoir pavé le chemin pour le développement de villes futures au Maroc, notamment à Mazagan où le Pôle Urbain de Mazagan (PUMA) marche dans les pas de Zenata.
Un nouveau modèle de ville
Première ressemblance avec le projet de Zenata, le pôle urbain de Mazagan est lui aussi porté par un groupe puissant, l’OCP. C’est à croire que les villes nouvelles et intégrées ne peuvent désormais réussir que lorsqu’elles sont portées des entreprises de grande envergure nationale. PUMA est le fruit de la vision du Groupe OCP et du ministère de l’économie et des finances. L’ambition commune est de faire de ce nouveau pôle urbain un modèle national de ville durable, éco-conçue et solidaire, capitalisant sur les forces vives de son territoire d’accueil. Le projet mobilise un budget de 5 milliards de dirhams (consacré à l’aménagement) et Puma s’étend sur une superficie de 1.300 hectares. Il comprend près de 200 hectares de voiries principales, 300 hectares d’espaces verts et plus de 600 hectares accueillant les différentes composantes du projet que sont la zone résidentielle, le pôle académique, l’espace de recherche et d’innovation, les équipements touristiques, culturels et sportifs, ainsi que les zones d’activités tertiaires. Le lancement de la phase de commercialisation de la tranche prioritaire (200 hectares) du Puma est prévu dès fin mars. In fine, le projet devrait accueillir, à l’horizon 2034, environ 134.000 habitants.
Développé selon les meilleurs standards internationaux de pôles urbains, PUMA sera construit dans sa globalité autour de quatre zones centrales définies comme des noyaux urbains, accueillant des équipements de proximité et offrant des environnements maîtrisables à pied. Cette ville de demain se déclinera en quatre éco-quartiers qui disposeront d’équipements et de services de proximité de même type, mais ayant chacune leur propre identité.La Centralité A sera davantage orientée vers la recherche, l’innovation et les infrastructures académiques. La B prendra place au cœur du pôle et assurera l’animation générale du site, autour d’un grand complexe commercial. Tout à côté de ce carrefour de rencontres, la Centralité C sera dédiée au bien-être et à la santé, avec l’implantation notoire de cliniques spécialisées. Le quatrième espace, lui, englobera notamment un parc des expositions (déjà opérationnel) ainsi que des commerces et hôtels en sus d’un Campus Mazagan.
Cette ville connectée, pionnière dans l’utilisation des nouvelles technologies au Maroc et parfaitement intégrée dans un territoire urbain et durable sera doté d’une infrastructure de connectivité de qualité, visant à favoriser les usages innovants via notamment la mise en place de services «smart».
Soumayya Douieb
L’erreur des villes sur opportunités foncières
La construction de villes nouvelles s’est définitivement éloignée de l’ancienne démarche qui s’est révélée être un fiasco. Explications de Mohamed Amine El Hajhouj, DG SAZ, extraites d’une intervention lors d’une conférence à Rabat, en avril 2016 : « Contrairement à l’éco-cité de Zenata, les deux villes nouvelles très connues au Maroc, Tamesna et Tamansourt, ont été bâties sur une opportunité foncière. Or, l’erreur à éviter à tout prix est de construire une ville nouvelle sur une opportunité foncière.En réalité, une ville nouvelle se positionne d’abord,de la manière la plus opportune, par rapport àsa position géographique. C’est une exigence essentielle dans la construction d’une ville nouvelle.
Sur les cinquante dernières années et selon un benchmark au niveau international, seuls 25% des territoires ouverts à l’urbanisation dans le monde sont considérés comme une réussite. Le reste,75% des territoires, a connu un échec. L’étude sur les raisons de ces échecs a débouché sur un changement dans la manière de réfléchir et de concevoir une ville.
Ainsi, la réflexion dans la conception d’une ville doit être systémique et doit intégrer toutes ses complexités ; elle ne doit pas être faite au fil de l’eau.La démarche systémique a été très importante dans le modèle adopté pour la réalisation de la ville de Zenata. Elle consiste à traiter tous les problèmes de la ville simultanément, et non les uns après les autres.L’approche d’éco-conception qu’a adoptée l’éco-citéde Zenata met l’étude urbanistique au centre de la réflexion. Mais avant de faire un plan urbain équilibré,il faut déterminer au préalable les composantes du paysage de cet espace urbain en identifiant son positionnement. Sera-t-il un territoire dédié à l’agriculture, à l’industrie, aux services, à l’habitat pur ? Ainsi, déterminer ce mix est primordial au développement de l’espace urbain».
Ecocity Label
Naturalité, proximité, optimisation, flexibilité, co-élaboration et diversité. Ce sont là les 6 principes fondateurs du référentiel Eco-cité Zenata, définissant les orientations pour la construction d’un environnement favorisant un cadre de vie de qualité. Ce référentiel a été labellisé durant la COP22 par Cerway (organisme de certification HQE). Zenata est aujourd’hui la première ville à avoir obtenu le label de performance «Ecocity Label» (ECL). Ce qui en fait un modèle pour les pays du Sud. L’Eco-cité Zenata offre une alternative urbaine aux générations actuelles et futures pour des opportunités socioéconomiques diverses et une qualité de vie améliorée. D’une superficie de 1.830 hectares, avec une façade maritime de près de 5,5 km, elle ambitionne de créer 100.000 emplois et d’accueillir 300.000 habitants conformément aux standards internationaux de développement durable.
Trois pôles d’activités
L’éco-citéZenata est structuré autour de trois pôles d’activités à forte valeur ajoutée.
En premier, il s’agit d’un campus universitaire international orienté vers les métiers d’avenir dans la santé, l’ingénierie et le commerce. Un protocole d’accord a été signé, dans ce sens, entre la Société d’aménagement Zenata et l’Ecole ingénierie des arts et métiers Paris Tech. L’objectif est de créer un campus «Industrie du futur» afin d’accompagner l’accélération industrielle en Afrique.
En second, vient le centre médical intégré qui comprend une unité de soins privée de quelque300 lits et une offre complémentaire constituée d’un centre de formation paramédical, de cabinets médicaux ainsi que de structures d’hébergement.
Enfin, le 3èmepôle concerne le centre commercial et de loisirs régional porté par un groupement d’investisseurs nationaux et internationaux, dont la 1ère phase a été marquée par l’ouverture du premier IKEA au Maroc, le deuxième du continent.