kherrati Bouazza : «Revoir le système de gestions des marchés de gros»

AlBayane: Comment analysez-vous la flambée des prix des légumes enregistrés sur le marché, notamment de la tomate ?

kherrati Bouazza: Il faut dire que le prix de la tomate a toujours été considéré comme un bon indicateur pour mesurer le niveau de vie au Maroc. Car ce légume rentre dans la majorité des plats que ce soit chez les familles nanties, ou parmi la classe défavorisée. En effet, ce légume se vend dans certains marchés à 15 DH le kg. Pire, on a constaté que le prix de ce légume indispensable s’est élevé à 20 DH le kg. Cette crise est pour certains attribué à l’inaccessibilité des champs. Alors, il faut souligner qu’au Maroc  la majorité des tomates sont cultivées que la majorité sous serres. Cela signifie que le problème est autre que celui présenté par les responsables économiques. Sachant que le consommateur est souvent confronté à ce genre de situation où sa bourse n’arrive plus à satisfaire son besoin vital, à savoir l’alimentation. Heureusement que les viandes sont toujours à la rescousse, satisfaisant 52%  des besoins protéiniques nationaux.  C’est ainsi qu’il faut encourager et protéger ce secteur notamment les  aliments de bases.

Peut-on dire que cette augmentation est dû alors uniquement à la spéculation des intermédiaires ?

A mon avis, cet argument est valable comme tant d’autres. Cependant, quand on connait pas la situation, il est difficile d’avancer de telles ou telles hypothèses. Or ce qu’il faut souligner c’est que l’agriculteur n’a pas accès au marché. Et c’est les intermédiaires qui bénéficient de la situation. Généralement ces derniers ne paient pas d’impôts. Pour mettre un terme à cette situation, le ministère du commerce et de l’industrie doit organiser le circuit de distribution. Cela demeure une nécessité pour qu’il y ait une transparence, et par conséquent barrer la routes aux intermédiaires.

Qu’en est-t-il du consommateur ?

Ces jours-ci, le panier des ménages est presque vide, parce que la quantité des légumes achetées a diminué de 50%, suite à la flambée des prix. En tant qu’association, nous sollicitons que le ministère de l’économie procéde à une étude portant sur la composition des prix des produits, pour pouvoir diagnostique la cause de cette flambée.(, grains, Stockage, transport…)pour détecter la marge de bénéfices.

Et les autorités, comment doivent-elles procéder ?

Les autorités doivent procéder à des contrôles, conformément à la loi de la concurrence et la liberté des prix. L’affichage des prix est une obligation. L’Etat est le garant de la sécurité des citoyens. D’autant plus, il faut procéder à l’interdiction des intermédiaires portant préjudice aux consommateurs. Ce qui est grave aussi, c’est que ces intermédiaires ne paient nullement des impôts.

Autrement dit, comment devrait-on agir pour protéger le consommateur ?

Il faut mettre en place un système de sécurité sanitaire. Tous les produits végétaux doivent être contrôlés avant d’être mis sur le marché. Il faut qu’il y ait un système de traçabilité du producteur au consommateur. En deuxième lieu, il faut revoir le système de gestions des marchés de gros, de légumes et de fruits. En troisième lieu, il faut veiller à l’application des lois interdisant  les dépôts illicites des fruits et des légumes. Et enfin, il faut veiller à la création d’un transport spécialisé. En d’autres termes, avoir du transport destiné uniquement au fruits et légumes, et ce pour mettre un terme aux mauvaises pratiques. En effet, on a actuellement des transporteurs qui portent toutes sortes de marchandises : du gazoal, la viande, des poissons, et légumes… Ce qui porte préjudice à la santé des citoyens.

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