Espoirs de paix au Tigré ?

Attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

« Nous sommes prêts à respecter une cessation immédiate des hostilités. Nous appelons également la communauté internationale à contraindre l’armée érythréenne à se retirer du Tigré, à prendre des mesures en vue d’une cessation immédiate des hostilités et à faire pression sur le gouvernement éthiopien pour qu’il vienne à la table des négociations ».

Telle a été la réponse faite, ce dimanche, par le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), à l’appel par lequel l’Union Africaine (UA) a réclamé un cessez-le-feu immédiat dans la région du Tigré après que la violence s’y soit intensifiée et que la ville de Shire, située à près de 40 kilomètres au sud de la frontière éthiopienne avec l’Erythrée, ait été  soumise, pendant plusieurs jours, à une offensive conjointe des troupes éthiopiennes et érythréennes qui s’est soldée par la mort de plusieurs civils tigréens et qui s’est poursuivie en dépit de la venue à Addis Abeba de l’envoyé spécial américain Mike Hammer.

Pour rappel, ce conflit avait éclaté en Novembre 2020 lorsque le Premier ministre éthiopien et prix Nobel de la Paix, Abiy Ahmed, venu au pouvoir en 2018, avait décidé d’envoyer ses troupes contre le TPLF, au pouvoir en Ethiopie pendant des décennies, en accusant ce dernier d’avoir organisé des attaques contre des camps militaires.

Aussi, pour mettre un terme à cette guerre qui dure depuis deux années, le gouvernement éthiopien du Premier ministre Abiy Ahmed et les autorités tigréennes avaient répondu favorablement à la proposition de l’Union Africaine afférente à la tenue de négociations de paix, à partir du week-end dernier, en Afrique du Sud mais ces pourparlers, qui n’ont pas pu avoir lieu à la date convenue, auraient été reportées pour des questions de logistiques selon certains diplomates.

Aussi, en emboîtant le pas au secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui, après avoir fait part de sa préoccupation quant à l’aggravation des violences dans le Tigré, a réclamé « un cessez-le-feu immédiat et inconditionnel », Moussa Faki Mahamat, le président de la commission de l’Union Africaine a exhorté, dans un communiqué, « les parties à réitérer leur engagement au dialogue conformément à leur accord pour que des pourparlers directs soient convoqués en Afrique du Sud ».

En déplorant, par ailleurs, la mort d’un membre de l’International Rescue Committee (IRC), une ONG apportant des secours aux sinistrés, au moment où il distribuait de la nourriture aux bénéficiaires du Programme alimentaire mondial (PAM), le porte-parole du PAM en Ethiopie a « condamné tout ciblage délibéré des activités humanitaires et a appelé fermement toutes les parties au conflit à respecter et à protéger les opérations et le personnel humanitaires conformément à leurs obligations liées au droit international humanitaire » et en évoquant les « récentes attaques aveugles » des forces éthiopiennes et érythréennes, Samantha Power, la cheffe de l’Agence américaine pour l’aide humanitaire (USAID), a estimé, pour sa part, que « le risque d’atrocités et de pertes de vies supplémentaires s’intensifie, en particulier autour de Shire ».

En considérant, enfin, que ces affrontements qui, après une accalmie de cinq mois, avaient repris en Août dernier et fait un nombre incalculable de morts parmi la population civile avaient ébranlé tous les espoirs de paix, est-il permis de croire que les belligérants vont finir par s’asseoir à la table des négociations et par enterrer la hache de guerre ? Attendons pour voir…

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