Le PPS au Parlement
M’Barek Tafsi
– Aucun des documents concernant la réforme de l’enseignement ne parle de l’âge maximum de 30 ans
– Le PPS défend les droits des citoyens au sein des institutions et non pas en engageant des « manifestants »
Le Parti du Progrès et du Socialisme ne peut que soutenir le chantier de l’Etat social, que le gouvernement a promis de réaliser, étant donné qu’il cadre parfaitement avec le projet sociétal du parti du Livre, a affirmé le président du groupe parlementaire du progrès et du socialisme (GPS), Rachid Hamouni en réaction aux réponses du chef du gouvernement Aziz Khennoukh, lors de son passage mensuel, lundi 29 novembre, à la chambre des représentants.
Le chef du gouvernement répondait entre autres à une question de la députée Ikram Hannaoui, autre membre du GPS à propos du plan du gouvernement pour l’édification de l’Etat social et la réalisation de la couverture sociale.
Selon le PPS, a expliqué le président du GPS, l’objectif majeur de toute œuvre de développement est de servir le citoyen marocain, satisfaire ses besoins, améliorer son niveau de vie et assurer sa dignité.
Historiquement parlant, le PPS était le premier à œuvrer pour la réalisation d’un tel Etat social, doté des capacités requises qui lui permettent de poursuivre une politique sociale ambitieuse et de réaliser la justice spatiale.
Tout en oeuvrant pour la réalisation de l’Etat social, le Maroc a plus que jamais besoin de démocratie, sans laquelle on ne peut pas parler d’Etat social. Mieux encore l’Etat social démocratique n’est pas un simple slogan creux destiné à la consommation, mais un ensemble de mesures, de politiques publiques rénovées et de capacités financières programmées. Il s’agit aussi d’un système précis de gouvernance fondé sur la participation des composantes de la société.
Evoquant le chantier de la généralisation de la couverture sociale, Hamouni a salué l’adoption des décrets d’application et appelé à la mobilisation des ressources nécessaires pour ce faire.
Ce qui requiert du gouvernement, a-t-il dit, de procéder à une réforme fiscale fondée sur l’équité et la participation de tout un chacun selon ses capacités et ses moyens. Le gouvernement doit en principe savoir où chercher les ressources qu’il faut, a-t-il dit.
Mais est ce que le gouvernement a le courage et la volonté politique nécessaire pour lancer une telle réforme et collecter les fonds dont il a besoin pour réaliser ce chantier d’envergure, s’est-il interrogé.
Est-ce que le gouvernement, dont la composition est connue de tous, est disposé à aller dans ce sens, sachant que la réalisation de l’Etat social requiert une économie forte qui rompt définitivement avec la rente, le clientélisme, les privilèges et le monopole, a-t-il ajouté.
Car il s’agit de mettre en place dans le cadre de l’Etat social les fondements de la justice sociale et spatiale, d’assurer aux citoyens des services sociaux publics de meilleure qualité et de promouvoir la situation culturelle et environnementale.
Dans le cadre de ce projet à caractère social, le gouvernement doit être toujours à l’écoute de l’opinion publique, poursuivre une politique de proximité et rester ouvert aux différents avis y compris les propositions de l’opposition et de tous les partenaires sociaux, a-t-il encore expliqué. Dans ce cadre, le gouvernement doit toujours prioriser le dialogue social, a-t-il dit, rappelant avec regret que le gouvernement a commis au cours de la courte période de son existence un certain nombre de dépassements et de comportements attentatoires à la démocratie, comme en témoigne le traitement qu’il a réservé à l’opposition lors de l’examen du PLF2022 en s’appuyant sur une logique du nombre, au détriment de l’approche démocratique saine, qui privilégie le dialogue et l’ouverture à tous les avis.
En faisant adopter par sa majorité numérique ses projets, le gouvernement risque en effet de perdre de vue l’intérêt du pays et des citoyens et par la même sa crédibilité à moyen et long termes, a-t-il estimé. C’est le cas aussi du traitement réservé par le gouvernement aux manifestations pacifiques en bafouant le droit d’expression et la liberté de manifester garantis par la Constitution. Le traitement accordé aux partenaires sociaux et l’opinion publique laisse aussi à désirer.
Depuis son investiture, le gouvernement continue donc de surprendre les Marocains par des décisions improvisées et confuses dont la dernière en date a trait à la fixation de l’âge maximum des candidats au concours d’enseignant contractuel à 30 ans, sans rendre publique l’étude sur laquelle il s’est basé pour procéder ainsi.
Il est nécessaire d’informer l’opinion publique, a-t-il dit, rappelant que la réforme du secteur de l’enseignement repose sur deux documents connus de tous, à savoir la vision stratégique pour la réforme du système de l’éducation présentée devant Sa Majesté le Roi sous l’intitulé : pour une école de l’équité, de la qualité et de l’élévation et la loi-cadre. Aucun de ces deux documents ne parle de l’âge de 30 ans, a-t-il martelé.
En matière de réforme de l’enseignement, les échecs se succèdent, mais personne ne veut en tirer les leçons qui s’imposent, a-t-il ajouté, estimant que rien n’a jamais été prévu pour motiver les femmes et les hommes de l’enseignement pour les encourager à améliorer leur rendement. D’après lui, il faut tenir compte des besoins du corps enseignant et lui accorder le soutien nécessaire à travers des améliorations salariales et indemnitaires. Il est ridicule d’attendre d’un enseignant dont le salaire tourne autour de 4500 DH d’avoir un bon rendement et de s’occuper de l’éducation des hommes de demain. Si on enlève le loyer (2000 DH ou plus), l’enseignant n’aura plus que 1000 ou 1500 DH pour survive. Idem pour le médecin dont le salaire est fixé à 8000 DH.
Selon le député, la santé et l’enseignement concernent en premier lieu la société toute entière, qui doit en débattre. C’est une question d’Etat et de société qui va au-delà du clivage sectoriel, dont le redressement requiert un débat public.
Il ne s’agit pas pour le PPS de faire des revendications sociales légitimes des citoyens un fond de commerce, comme le prétend un membre de la majorité, en l’occurrence le ministre de la justice, mais d’une opposition que le parti du Livre exerce de l’intérieur d’une institution parlementaire pour défendre les droits des citoyens, a-t-il ajouté. Ceci n’a rien à voir avec ce qu’on avait appelé en son temps « la marche d’Ould Zeroual », a-t-il rappelé, appelant le chef du gouvernement à ouvrir le dialogue avant de prendre une quelconque décision à caractère social.