Les priorités du Groupe du Progrès et du Socialisme pour l’année législative 2024-2025

Chambre des Représentants

Par Rachid Hamouni

Engagé avec un esprit critique et constructif dans les grandes orientations de notre pays, tout en s’appuyant sur son bilan des trois dernières années et sur la réalité quotidienne des citoyens, et partant des positions des positions du parti, le Groupe du Progrès et du Socialisme à la Chambre des représentants continuera à remplir sa mission en tant qu’opposition nationale démocratique en usant de tous les moyens que lui offrent la constitution et le règlement interne pour légiférer, et exercer son rôle de contrôle de l’action gouvernementale et d’évaluation des politiques publiques.

Bien entendu, le Groupe du Progrès et du Socialisme restera constamment vigilant, tant au niveau sociétal qu’institutionnellement, à même de réagir avec célérité et de manière efficace à tout développement et changement, sachant que le groupe aborde la prochaine session législative avec des priorités probablement définies.

  • Contribution parlementaire à l’effort nationale concernant la question de notre intégrité territoriale

Le Maroc, sous la sage conduite de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, a enregistré des acquis et des succès qualitatifs, sans précédent, sur la voie de la clôture définitive du conflit artificiel autour de notre Sahara marocain. Le Groupe du Progrès et du Socialisme demeurera ainsi mobilisé en vue de contribuer à cette évolution positive dans le cadre de l’unanimité nationale et ce au niveau de tous les espaces diplomatiques possibles et en mettant à profit toutes les relations parlementaires, tout en sachant que le renforcement du front intérieur démocratiquement et au plan du développement constitue un facteur fondamental et décisif pour notre intégrité territoriale.

  • La problématique de l’eau en lien avec la sécurité alimentaire et les choix de la politique agricole

La rareté des ressources hydriques est devenue un véritable défi pour notre pays en raison de la sécheresse causée par les changements climatiques. À cet égard, les hautes orientations royales exprimées dans plusieurs discours de Sa Majesté le Roi constituent une référence à laquelle tous doivent adhérer. Le Groupe du Parti du Progrès et du Socialisme à la Chambre des représentants veillera, en plus de son devoir de contrôle de l’action du gouvernement concernant la bonne mise en œuvre des programmes et projets prévue dans le cadre de la politique nationale de l’eau, à sensibiliser davantage sur la priorité de l’approvisionnement en eau potable et à la nécessité de faire en sorte que les choix de la politique agricole servent la souveraineté alimentaire nationale, tout en préservant les ressources en eau et en évitant les cultures qui les épuisent.

À cet égard, le gouvernement doit mettre l’accent sur la rigueur dans l’application de la loi sur l’eau et l’adoption de tous ses textes d’application, ainsi que sur une orientation plus forte privilégiant les solutions hydriques non conventionnelles, telles que le dessalement et le traitement des eaux usées, tout en opérant un changement radical dans la culture de gestion de l’eau au sein de la société. En ce qui concerne la gouvernance de l’eau, le gouvernement devrait créer un département ministériel dédié à la gestion de l’eau, qui soit transversal, en adéquation avec la priorité accordée à ce sujet présentement et à l’avenir.

  • Nécessité du renforcement de l’espace des libertés et de la démocratie et de la consolidation des institutions élues

Le groupe envisage, au cours de cette année législative, de poursuivre et d’intensifier son plaidoyer pour que le gouvernement assume sa responsabilité en matière de démocratie, de libertés et d’égalité.

Compte tenu de l’importance cruciale de la démocratie et de la nécessité d’y insuffler une nouvelle dynamique pour son renforcement, et compte tenu de la faiblesse de la confiance dans la politique et dans les institutions élues en particulier, le groupe estime que l’un des moyens essentiels pour conférer crédibilité et intégrité à toutes les institutions élues est d’ouvrir le débat sur une véritable réforme des lois électorales. Cette réforme devrait garantir toutes les conditions nécessaires pour protéger les instances élues contre la corruption et les élections contre l’utilisation illicite de l’argent, et permettre aux personnes les plus honnêtes et les plus compétentes d’accéder aux institutions élues, qu’elles soient territoriales, professionnelles ou nationales. Le groupe œuvrera à ce que le gouvernement ouvre ce débat dès aujourd’hui pour éviter la préparation dans la précipitation des prochaines élections.

Dans ce contexte, en plus du Code de la famille qui est en phase avancée de préparation, et du code de la procédure civile que le groupe a rejeté lors de sa première lecture à la Chambre des représentants, le groupe œuvrera à l’adoption d’un code pénal avancé et moderne consacrant les libertés.

En même temps, la voix du groupe continuera de défendre la pleine mise en œuvre de la régionalisation et de la décentralisation, ainsi que des approches territoriales en général, tout en cherchant à pousser le gouvernement à renforcer les rôles des institutions locales élues et leur gestion autonome effective, et à garantir qu’elles disposent des ressources matérielles et humaines nécessaires pour remplir pleinement leurs compétences.

  • La question sociale et les disparités territoriales : le concept d’Etat social n’est pas qu’un slogan

Au cours de cette année législative, le groupe continuera encore, avec plus d’intensité, à accorder un intérêt particulier à la question sociale au sens large, afin de pousser le gouvernement à faire de « l’État social » un souci réel et effectif.

À cet égard, figure en premier lieu la question de l’emploi que le gouvernement actuel n’a pas encore réussi à traiter. Le groupe continuera également à défendre une réforme véritable de l’école et de l’hôpital publics, ainsi que des services publics en général, pour garantir un accès équitable à des services publics de qualité sur tout le territoire.

De même, le problème de l’augmentation des prix constitue un problème majeur en lien avec les spéculations, les monopoles, les dysfonctionnements dans la gestion des marchés et des chaînes d’approvisionnement et en raison de la faiblesse du contrôle et de la régulation. Ce problème exige du gouvernement d’intervenir de manière efficace, comme l’avait appelé le groupe de ses vœux depuis le début de cette législature.

Pour éviter la recrudescence de la tension sociale dans divers secteurs (comme celui de la santé et la grave crise dans les facultés de médecine et de pharmacie), le groupe continuera à prendre toutes les initiatives possibles pour inciter le gouvernement à prendre les décisions nécessaires pour détendre l’atmosphère sociale, répondre aux revendications légitimes, s’engager dans le dialogue et proposer des solutions. Il s’agit également de préserver le pouvoir d’achat des familles marocaines, à travers une réforme véritable et profonde de l’impôt sur le revenu et le plafonnement des prix excessifs, notamment ceux des produits et services subventionnés par l’État, comme le souligne le projet de loi récemment présenté par le Groupe du Progrès et du Socialisme.

Dans ce cadre, le groupe continuera également à attirer l’attention du gouvernement sur les nombreux dysfonctionnements affectant la mise en œuvre de l’aide sociale directe, dont : les conditions d’éligibilité et la question des familles bénéficiaires de programmes sociaux antérieurs ; la durabilité financière ; la gouvernance ; la nécessité d’inscrire l’aide directe dans une perspective de développement visant à sortir des millions de familles de la pauvreté, du besoin et de la précarité.

Le groupe continuera à contrôler le gouvernement en comparant les chiffres annoncés concernant tous les composants de l’aide sociale avec les montants réellement dépensés, y compris l’aide à l’acquisition de logements principaux. Il renouvellera sa demande de création d’une loi spécifique pour le financement de la protection sociale.

Concernant le dialogue social, le Groupe du Progrès et du Socialisme, tout en plaidant pour une loi sur les grèves qui garantisse l’exercice de ce droit humain et constitutionnel de manière juridique et équilibrée, fera également pression sur le gouvernement pour qu’il présente une vision globale sur l’élaboration d’un nouveau code du travail, ainsi qu’une loi sur les organisations syndicales. Le groupe défendra aussi une réforme profonde et équitable du régime de retraite, et l’accélération de la généralisation des allocations relatives à la perte d’emploi, à même de rendre le cadre juridique du travail dans notre pays clair, transparent, respectueux des droits et démocratique, et au même moment attractif pour les investissements et un facteur de sérénité et de confiance pour la classe ouvrière.

Au cœur de la justice sociale que défend le Groupe du Progrès et du Socialisme figurent aussi les inégalités régionales. Le groupe veillera à poursuivre son plaidoyer fort en faveur du développement des zones rurales, des régions marginalisées, éloignées, précaires, montagneuses et oasiennes, afin qu’elles bénéficient également des fruits de la croissance, des infrastructures et des services publics nécessaires.

  • Pour une économie nationale forte, génératrice de valeur ajoutée et d’emplois

Il est évident que notre pays a ouvert plusieurs fronts nécessitant des financements importants et durables (le chantier social, les infrastructures, l’organisation de la Coupe du Monde de football), ce qui exige une économie nationale forte, intégrée et diversifiée.

Dans ce contexte, le Groupe du Progrès et du Socialisme est déterminé, dans le cadre de ses responsabilités, à pousser le gouvernement à consacrer le rôle de l’État en tant que moteur de développement, à maintenir un niveau élevé d’investissement public avec un impact social et territorial positif, tout en préservant, renforçant et rénovant le secteur public, et en maîtrisant les secteurs stratégiques qui conditionnent la souveraineté économique du pays.

Le groupe plaidera également pour que le gouvernement procède à une réforme fiscale profonde et équitable, et à une révision complète de la politique de contributions de l’État, tout en améliorant la performance économique et financière des institutions et entreprises publiques à caractère commercial.

Parallèlement, le groupe continuera à défendre l’assainissement du climat d’investissement et à promouvoir un secteur privé et un tissu fort de PME compétitives soutenues par l’État, socialement et écologiquement responsables.

Ce qui nécessite également de renforcer l’État de droit dans le domaine économique, de donner un fort coup d’accélérateur à la lutte contre la rente, la corruption, le monopole et la concurrence déloyale, de simplifier les procédures légales et administratives liées à la création d’entreprises et à l’investissement, et de promouvoir l’égalité et les droits des femmes, notamment en ce qui concerne leur intégration dans le monde du travail et l’activité économique.

Parmi ses priorités, le groupe œuvrera à pousser le gouvernement à édifier une économie forte basée sur l’industrialisation, la souveraineté énergétique, et le soutien à l’entreprise nationale, avec une préférence pour le marché intérieur. Il s’agit de la réouverture de la raffinerie SAMIR pour la mettre au service de la sécurité énergétique nationale, de soutenir le financement bancaire des petites entreprises, d’instaurer une véritable équité concernant  l’accès aux marchés publics, de soutenir et accompagner les activités informelles pour les intégrer progressivement dans l’économie formelle, tout en combattant l’économie informelle qui nuit à l’économie nationale et de mettre en œuvre une approche écologique audacieuse, claire et transparente.

  • Le sport et la culture : des priorités à ne pas sous-estimer

Ces secteurs constitueront également des priorités dans le travail du groupe au cours de la prochaine année législative, compte tenu de leurs grandes et multiples dimensions sociétales, y compris économiques et sociales.

Les succès de certains sports professionnels nationaux, notamment en football, en contraste avec les échecs de la plupart des autres sports dans des compétitions internationales majeures, ont mis en évidence la nécessité d’une réforme en profondeur axée sur la gouvernance du sport scolaire, universitaire et professionnel, ainsi que sur les clubs et fédérations sportives, à travers une vision politique. Il serait ainsi utile que le gouvernement commence par revoir l’architecture sectorielle pour mettre en avant le secteur du sport en termes de responsabilité politique, surtout que le Maroc se prépare à accueillir de grands événements sportifs internationaux.

Sur le plan culturel, le groupe continuera de plaider pour une mise en œuvre rapide et effective de la reconnaissance officielle de la langue amazighe, la généralisation de l’accès à la culture, la promotion de toutes les industries culturelles, l’amélioration de la situation des intellectuels et des artistes, l’intégration du capital immatériel dans les efforts de développement, et la consolidation des valeurs de la pensée rationnelle, de la créativité, de l’innovation et de l’expression libre.

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