Peut-on dire qu’en ce début d’année 2017, les procès intentés contre des dirigeants seraient devenus monnaie courante ? Si tel est le cas, alors ce serait-là un très bon présage pour le devenir de la démocratie dans le monde…
Ainsi, après le Premier Ministre israélien qui a été obligé de se présenter devant les juges, c’est au tour de Donald Tsang de comparaître, ce mardi 3 Janvier 2017, devant la Haute Cour de Hong Kong, ex-colonie britannique, pour «acceptation d’avantages» autrement dit «pour corruption»; une affaire qui a fortement ébranlé l’ancien territoire de la couronne britannique devenu une place forte de la finance internationale et réputé pour son ouverture et sa transparence.
L’homme, âgé de 72 ans et le plus haut dignitaire du régime à devoir se présenter devant le Tribunal, avait été, entre 2005 et 2012, à la tête de la région administrative spéciale ; un ancien chef de l’exécutif, en somme, qui, dès l’ouverture de son procès devant la Haute Cour de Hong Kong, a plaidé «non coupable» des trois chefs d’accusations – corruption et fautes – qui lui sont imputés et pour lesquels il risque trois fois sept années d’emprisonnement donc la «prison à vie» vu qu’il a déjà soufflé ses 72 bougies.
Le Tribunal de Hong Kong reproche, tout d’abord, à l’intéressé d’avoir dissimulé le fait qu’il avait négocié la location, à un prix «convenable», d’un luxueux appartement situé à Shenzhen dans le Sud de la Chine et appartenant à l’homme d’affaires propriétaire du groupe de radiodiffusion qui escomptait décrocher une licence de la part du gouvernement de Hong Kong. Il est, également, poursuivi pour avoir voulu attribuer un titre honorifique de la ville de Hong Kong à l’architecte qui avait entrepris la décoration dudit appartement.
Ainsi, la fin du mandat de Donald Tsang, surnommé «Bow Tie» à cause du fait qu’il préfère les nœuds papillon aux cravates, a été notamment marquée par des révélations portant sur ses relations un peu trop rapprochées avec les gros investisseurs de la place et principalement avec le milliardaire Ho Tsu-kwok, principal actionnaire du journal «Sing Tao» bien connu pour ses prises de position favorables au Parti Communiste Chinois. Il lui a été reproché d’être rentré d’un week-end à Macao à bord du yacht appartenant à ce dernier.
Or, pour sa défense l’accusé a dit n’avoir accepté, durant les sept années qu’il a passé à la tête de la région administrative spéciale de Hong Kong, que quatre déplacements à bord de yacht ou d’hélicoptère appartenant aux milliardaires de la ville. Il déclare même que, pour chacun de ces déplacements, il avait payé le prix du trajet en ferry avançant même qu’un jour il a payé le prix d’un billet de classe économique pour un voyage en jet à destination de la Thailande. Autant de faits pour lesquels Donald Tsang avait, les larmes aux yeux, présenté des excuses en 2012 et pour lesquels il plaide aujourd’hui «non coupable». Les juges de la Haute Cour de Hong Kong l’entendront-ils de cette oreille alors qu’y bourdonne encore la colère des habitants ? Rien n’est moins sûr, pour l’heure…
Nabil El Bousaadi