Le président lève la loi martiale quelques heures après l’avoir décrétée

 Corée du Sud

« Pour protéger la République de Corée libre de la menace des forces communistes nord-coréennes, éliminer les éléments antiétatiques (…) qui pillent la liberté et le bonheur de notre peuple (…) éradiquer les abjectes forces anti-étatiques pro-nord-coréennes (…) et protéger l’ordre constitutionnel libre (…) je déclare la loi martiale d’urgence », a déclaré, ce mardi, dans une allocution télévisée, non annoncée, diffusée en direct par la chaîne de télévision YTN, le président sud-coréen Yoon Suk-yeol, au pouvoir depuis son élection en mars 2022.

En cause, les tensions qui ont été ravivées, ces dernières semaines, entre les deux voisins car, en Octobre dernier, la Corée du Nord avait accusé son voisin du Sud d’avoir fait voler, à plusieurs reprises, des drones au-dessus de Pyongyang et largué des tracts de propagandes remplis de « rumeurs incendiaires et d’ordures ».

Après avoir déclaré que tout nouvel envoi de drone serait considéré comme « une déclaration de guerre », Pyongyang avait riposté en détruisant, à l’explosif, certains tronçons de routes que les deux pays avaient coutume d’utiliser pour leurs échanges transfrontaliers avant que leurs rapports bilatéraux ne soient définitivement rompus.

Aussi, en accusant, dans son allocution, l’opposition sud-coréenne, qui contrôle le Parlement, d’empêcher l’action du gouvernement de Séoul, fustigeant sa proximité avec la Corée du Nord et déplorant que l’Assemblée nationale soit devenue « un refuge pour les criminels et un repaire de la dictature législative qui cherche à paralyser les systèmes judiciaire et administratif et à renverser l’ordre démocratique libéral », le président Yoon Suk-yeol a récusé la motion de censure qui a été présentée, cette semaine, par le Parti démocrate sud-coréen, opposition, pour la destitution de certains procureurs et le rejet d’une proposition de budget du gouvernement.

Appelant ses compatriotes à lui faire confiance dès lors qu’il agit de la sorte pour éviter un blocage du pays face aux positions de l’opposition sur la réduction du budget, le président sud-coréen, qui s’est engagé à éradiquer les forces pro-Corée du Nord et à protéger l’ordre démocratique constitutionnel », n’a pas donné de précisions sur l’impact de ces mesures sur la gouvernance et sur la démocratie.

Mais, en qualifiant d’illégale l’annonce faite par le président, le leader de l’opposition, Lee Jae-myung, qui avait perdu face à Yoon Suk-yeol lors des présidentielles de 2022, a, immédiatement, exhorté ses partisans à se diriger vers l’Assemblée nationale pour s’opposer à l’instauration de la loi martiale.

Ceux-ci ayant répondu, en masse, à cet appel, les images diffusées par la télévision nationale ont montré des centaines de citoyens affluant vers le Parlement, placés sous scellés, pendant que des membres des forces spéciales sud-coréennes tentaient d’y entrer après y être venus à bord d’hélicoptères qui ont atterri sur le toit de l’édifice.

Mais, malgré la forte présence des forces de l’ordre, les 190 députés de l’opposition qui ont pu accéder au Parlement sont parvenus à voter, à l’unanimité, en faveur d’une motion bloquant l’application de la loi martiale et appelant à sa levée.

N’ayant plus d’autre choix que celui de se plier aux injonctions de l’opposition et à la clameur de la rue, le président sud-coréen Yoon Suk Yeol, a annoncé, quelques heures après avoir proclamé la loi martiale qu’étant donné qu’il « y a eu une demande de l’Assemblée nationale pour lever l’Etat d’urgence », il a été décidé, après l’examen de cette requête par le gouvernement, de procéder « au retrait des militaires qui avaient été déployés » pour les opérations y afférentes.

Réunis devant le Parlement, les manifestants ont salué la nouvelle en poussant des cris de joie tout en réclamant le départ du président, dont la popularité est déjà extrêmement faible, en scandant, à l’unisson, « Yoon Suk-yeol doit démissionner ! » et, dès le lendemain matin, les partis d’opposition ont déposé, auprès de l’Assemblée nationale,  une motion de destitution contre le chef de l’Etat qui sera votée à la date que les six partis de l’opposition sud-coréenne fixeront lors de la réunion qu’ils tiendront ce vendredi.

Vu que le président Yoon Suk-yeol a été lâché par son propre camp qui le somme, désormais, « de rendre des comptes » et que son chef de cabinet et plusieurs de ses conseillers ont démissionnés, c’est donc que le locataire de la « Maison Bleue » – siège de la présidence de la république à Séoul – n’a plus d’autre choix que celui de présenter sa démission sans même attendre les résultats du vote d’une quelconque motion de destitution mais attendons pour voir…

Nabil EL BOUSAADI

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