Pour faire face à la grave pénurie de vivres et de médicaments qui frappe de plein fouet le Venezuela et tenter de désamorcer, un tant soit peu,la profonde crise économique que connaît le pays, le Président Nicolas Maduro a annoncé, à la télévision ce mardi 12 Juillet 2016 après une réunion avec son Ministre de la Défense, Vladimir Padrino,avoir placé sous autorité militaire les cinq ports les plus importants du pays; à savoir, Guanta, La Guaira, Puerto Cabello, Maracaibo et Guamache et avoir nommé, à cet effet, le Général Efrain Velasco Lugo à la tête de la «Bolivariana de Puertos», l’institution étatique chargée de contrôler l’ensemble des activités portuaires et d’assurer l’approvisionnement du pays.
Il faut rappeler qu’après l’Etat d’Urgence Economique décrété en Janvier 2016, l’Etat d’Exception promulgué à la mi-mai avait attribué des pouvoirs spéciaux aux militaires et aux autres forces de sécurité et placé tous les ministres sous l’autorité d’un «Commandement Présidentiel d’union civile et militaire».
Elu à la tête du Venezuela en Avril 2013, le Président Nicolas Maduro, ancien syndicaliste, n’a pas pu, comme son prédécesseur le charismatique Hugo Chavez, mentor de la « révolution bolivarienne », recueillir les faveurs de la rue et de l’armée. Aussi sa légitimité a-t-elle été sérieusement mise à mal quand l’économie du pays, qui repose essentiellement sur les revenus du pétrole, a subi de plein fouet la chute mondiale des cours de l’or noir, qu’une inflation, qui avoisinerait 700% selon le FMI, s’est durablement installée et qu’une très grave pénurie a affecté près de 80% des produits de première nécessité.
Pour faire face aux débordements d’une population exaspérée par la crise et essayer de mettre un terme à la gabegie et à la corruption qui sévissent dans tout le pays et faire face au sabotage mené par une opposition politique qui, en dénonçant «l’ineptie du Chavisme et la toxicité des contrôles étatiques mis en place», n’aspire qu’à renverser le Président, ce sont les militaires qui ont été chargés de la distribution des vivres.
Si l’on en croit une étude publiée ce mardi par l’Observatoire des Conflits Sociaux, le Venezuela aurait été ébranlé le mois dernier par pas moins de vingt-quatre manifestations chaque jour, des échauffourées contre la faim qui se sont soldées par au moins cinq morts.
Autant de raisons qui ont poussé le Président Maduro, qui, pour lutter contre la contrebande et les groupes paramilitaires, avait ordonné en Août 2015 la fermeture des 2.200 km de frontière avec la Colombie, d’ouvrir celle-ci, à titre exceptionnel, durant une douzaine d’heures, dimanche dernier 10 Juillet 2016 afin de permettre aux Vénézuéliens de s’approvisionner en vivres et en médicaments durant quelques instants… L’assaut mené contre les supermarchés, les pharmacies et tous autres points de vente par une population vénézuélienne excédée en dit long sur la désastreuse situation économique du pays.
Nabil El Bousaadi