Le monde de l’art poétique engagé est en deuil. La grandissime icône de la lutte contre le despotisme et l’oppression vient de s’éteindre. Après Maine Bssissou, Mahmoud Darouich, la littérature et la poésie militante arabe est orpheline de ceux qui, des décennies durant, ont confectionné, abouté et enjôlé le verbe pimpant et couvert le propos sémantique de métaphores porteuses de la colère des opprimés et appelé à l’insurrection et la révolte contre l’injustice.
Dahbour n’est plus, mais les souffles de son vocable retentissant résonneront à jamais dans les cœurs des peuples martyrisés. En effet, quoique ses rafales de la rhétorique raffinée s’abattent de plein fouet sur l’enceinte sacrée de la Palestine, ses obus fracassants atteignaient également les espaces les plus reculés de l’humanité. La voix du regretté s’abreuvait éternellement de l’universalité à toutes épreuves.
Depuis déjà des lustres, la poésie engagée pour la libération et la dignité des peuples tyrannisés avait, de tout temps, constitué de belles motivations pour la poursuite du combat contre l’occupation. D’autant plus que ces créations éprises de patriotisme et de vaillance stimulaient le chant enthousiaste des pinacles de la chanson révolutionnaire tel que vocifèrent Marcel Khalifa ou encore Ahmed Fouad Najem et bien d’autres.
Toute cette vague d’illustres poètes dont Dahbour et consorts représentaient le stimulus de l’homme en corrélation avec la Terre, devait magnétiser des générations de jeunes qui aspirent à la liberté et la justice, à travers tout le monde amazigho-arabe. Dahbour qui rend aujourd’hui l’âme, après un parcours éclatant, se distinguait par l’authenticité de la conviction et la véhémence du mot chargé de l’amour de la partie et de l’attachement à l’appartenance.
Cette flopée de poétes révoltés qui, en effet, dessinait l’espoir sur les visages des générations montantes et faisait retentir le désir de s’approprier la Terre, léguait un héritage précieux dans les fonds des patelins et les tréfonds des coeurs. Feu Dahbour aura donc marqué toutes ces panoplies de communautés par une pléthore de recueils poignants que les peuples de l’eau à l’eau, auront répété dans les rassemblements comme dans les solitudes, pendant des siècles à venir. La chasteté de l’esprit et la fringance du message sont constamment indélébiles. Le défunt Dahbour en était un fervent dépositaire et un ardent défenseur, durant sa vie d’auguste instigateur de la vie décente ! Qu’il repose en paix !
Saoudi El Amalki