Le Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations-Unies a adopté ce vendredi 23 Décembre 2016, par 14 voix pour et une abstention de taille – celle des U.S.A. – la Résolution n° 2334 dénonçant la colonisation israélienne dans les territoires palestiniens occupés.
Ainsi, comme on le voit, à quelques jours à peine de son départ de la Maison-Blanche, l’administration Obama n’a pas voulu, comme à son accoutumée, faire jouer son droit de véto préférant ranger, cette fois-ci dans ses placards, le parapluie à l’aide duquel elle couvrait, depuis huit années, l’Etat d’Israël au Conseil de Sécurité.
Il convient, néanmoins, de préciser que les responsables israéliens font de cette résolution une lecture erronée car elle n’est pas « fondamentalement hostile » à l’Etat hébreu comme ils le prétendent dans la mesure où elle s’inscrit dans la lignée de la résolution 465 qui, déjà lors de son adoption en 1980, avait considéré comme étant illégale l’extension des colonies et où elle ne fait que corroborer les termes du rapport par lequel le quartet (Etats-Unis, Russie, O.N.U. et Union Européenne) avait dénoncé la poursuite de la construction de colonies dans les territoires occupées au motif qu’elle annihile tout projet visant la création de deux Etats.
En outre, bien qu’exigeant «la cessation immédiate» de la colonisation dans les territoires palestiniens occupés dont Jérusalem-Est, cette résolution, répondant au souci d’équilibre sollicité par Paris et Washington, «condamne tous les actes de violence contre les civils dont les actes terroristes»; une allusion qui dénonce, sans aucune équivoque, les attaques palestiniennes. Cette résolution loue, enfin, les efforts diplomatiques que n’ont cessé de déployer la France, la Russie et l’Egypte au titre de la reprise du dialogue israélo-palestinien.
Mais, en tout état de cause, Israël n’entend point s’y conformer puisqu’elle juge qu’elle est «biaisée» et qu’elle serait même, selon l’ambassadeur de l’Etat juif auprès de l’O.N.U., «une victoire pour le terrorisme, la haine et la violence», un « non à la possibilité d’une paix» et, surtout, «honteusement anti-israélienne».
C’est, à ce titre, d’ailleurs que, dès ce vendredi soir, Israël « a rappelé pour consultation » ses ambassadeurs en Nouvelle-Zélande et au Sénégal. Mais pourquoi ces deux pays ?
Tout simplement parce qu’au départ le texte incriminé par Tel Aviv avait été présenté par l’Egypte. Or, voulant saisir cette occasion pour renforcer ses liens avec l’Etat hébreu en usant, dès à présent, de tout son poids de président élu, Donald Trump a demandé au chef de l’Etat égyptien de retirer ce texte ; ce à quoi ce dernier a immédiatement obtempéré pour ne point compromettre les relations de son pays avec la prochaine administration américaine.
Or, c’était sans tenir compte de ces quatre membres non-permanents du Conseil de Sécurité que sont le Venezuela et la Malaisie – lesquels n’ont pas de relations diplomatiques avec Israël – ainsi que la Nouvelle Zélande et le Sénégal qui, bien qu’ayant des liens diplomatiques avec l’Etat hébreu, ont tous emboîte le pas à l’Egypte en remettant le texte sur la table.
Et si les responsables israéliens considèrent qu’Obama est, désormais, un « traître » qui, par cette abstention «honteuse» auraient « abandonné » l’Etat juif, ils omettent, cependant, que celui-ci a, comme l’a rappelé à juste titre ce vendredi soir Samantha Power, l’ambassadrice américaine auprès de l’O.N.U., « démontré un engagement sans précédent pour la sécurité d’Israël » lorsqu’il avait conclu un accord de défense sur dix années entre les deux pays pour la somme de 38 milliards de dollars.
Et la diplomate américaine de poursuivre en rappelant que cette abstention est une continuité de la politique des Etats-Unis qui, depuis deux décennies, condamnent sans appel la colonisation et soutiennent clairement la solution de deux Etats.
Il est à noter, par ailleurs, que la droite nationale religieuse israélienne applaudit à l’idée de pouvoir tourner la page Obama et de parvenir, avec l’appui du nouveau locataire de la Maison Blanche – qui, dans un Tweet a assuré que «les choses seront différentes après le 20 Janvier» – à ouvrir une ambassade américaine à Jérusalem ayant à sa tête un certain David Friedman, adepte invétéré de la colonisation et ennemi-juré d’un futur Etat Palestinien.
Enfin, même si, après avoir été adoptée, cette résolution ne pourra plus être défaite, il n’en demeure pas moins vrai, néanmoins, que la seconde conférence pour la paix au Proche-Orient prévue le 15 Janvier prochain à Paris se tiendra dans une ambiance particulièrement pesante et ce, d’autant plus que, comme s’en émeut YaïrLapid, le chef du parti du Centre-droit israélien, bien que « cette résolution ne parle pas de sanctions, elle en fournit l’infrastructure (puisqu’elle) peut donner corps à des plaintes devant des juridictions internationales contre Israël et ses responsables » ; ce qui ne pourrait, dès lors, qu’étirer d’avantage le chemin de plus en plus élastique qui mène vers la paix…
Nabil El Bousaadi