C’est par milliers, qu’après s’être rassemblés la veille devant le Parlement à l’appel du Mouvement de Défense de la Démocratie (KOD) et de plusieurs autres partis d’opposition pour récuser le nouveau règlement «limitant l’accès des médias aux députés», les Polonais ont organisé, ce samedi 17 décembre, un sit-in devant le Palais Présidentiel de Varsovie à l’effet de défendre la liberté des médias menacée par la droite populiste au pouvoir et de dénoncer l’adoption, dans des conditions illégales, du budget de l’Etat pour l’année 2017 et de toute une série de réformes ainsi que les fraudes qui ont lieu lors des opérations de vote qui s’étaient déroulées la veille au sein du Parlement.
Ainsi, ce vendredi, c’est sous une protection policière très rapprochée que les responsables du Parti conservateur Droit et Justice (PiS) avaient pu quitter le Parlement très tard dans la nuit. Aussi, les leaders des principaux partis d’opposition ont-ils annoncé samedi leur décision de contester auprès des tribunaux compétents les résultats des votes précités alors que quelques dizaines de députés de l’opposition centriste et libérale ont convenu de rester dans l’enceinte du Parlement jusqu’à mardi afin de reprendre les votes du Budget et de la loi visant la réduction des pensions allouées aux anciens agents de la police politique.
Faisant la sourde-oreille aux critiques formulées tant par Bruxelles et Strasbourg que par Washington, le gouvernement de Varsovie s’acharne, autant que faire se peut, à imposer une nouvelle vision de l’Histoire conforme aux «valeurs traditionnelles» de la Pologne en insistant sur l’échec de la transformation politique post-communiste marquée par le libéralisme économique « sauvage » qu’a connu le pays durant ces vingt-cinq dernières années lequel ne serait parvenu, selon lui, qu’à corrompre moralement et économiquement les élites nationales.
Ainsi, bien que n’étant pas parvenu à faire adopter son fameux texte interdisant totalement l’avortement Jaroslaw Kaczynski rejette, en bloc, la démocratie libérale telle que prônée par l’opposition.
Prenant même le risque d’aller à l’encontre des dispositions fixées par la Constitution du pays en s’appuyant sur la sacro-sainte «souveraineté populaire» pour faire passer des projets de loi, le Président du parti Droit et Justice (PiS), au pouvoir, entend remanier profondément la société polonaise en mettant en place des réformes qui, en allant «de l’économie au social en passant par l’école, la culture et même l’histoire», toucheront tous les aspects de la vie publique et neutraliseront ces contre-pouvoirs au premier rang desquels se trouve le Tribunal constitutionnel considéré, désormais, comme étant une entrave à la «révolution conservatrice».
Nabil El Bousaadi