Le semis de la croissance

 

Car l’événement représente, à bien des égards, une occasion de faire le point sur un secteur primaire qui reste marqué par un développement à plusieurs vitesses. Une agriculture performante tournée, pour l’essentiel, vers l’export. Et une autre, éminemment vivrière, qui reproduit un système de production sous-développé qui pénalise les fellahs. Aujourd’hui, trois années après le lancement en grande pompe de la stratégie du «Maroc Vert», il est opportun de mettre les points sur les «i». En procédant à l’évaluation de la stratégie promue autour d’un système basé sur l’intégration. Les gros producteurs devant jouer la carte d’intégrateurs pour hisser les petites exploitations à un niveau supérieur et leur épargner les affres des spéculateurs. Et dans cette perspective de développement dont le volontarisme est à saluer, il faut croire que le train qui s‘est ébranlé n’a pas encore pris sa vitesse de croisière. Laissant en bord de route les petits fellahs qui peinent à boucler décemment les campagnes agricoles. Dès lors, des correctifs doivent être imaginés pour remettre en selle la majorité des producteurs qui crèvent de la faim. Et au-delà de l’effort d’encadrement, nécessaire pour assurer un meilleur rendement pour les spéculations retenues, il s’avère opportun d’imaginer un système de soutien financier moins contraignant pour ces petites gens. Car leur requalification passe immanquablement par la capacité de l’Etat à leur venir en aide. Et non pas uniquement lorsqu’ils sont victimes des calamités naturelles.

Parallèlement à cette réalité duale, l’autre dossier stratégique qui mérite tout l’intérêt de la part des pouvoirs publics a trait, bien sûr, à la richesse hydrique du pays. Car si le Ciel se révèle clément sous nos cieux, ce n’est certainement pas d’une donnée structurelle qu’il s’agit. Mais bel et bien d’un état d’exception. Dont il faut tirer le meilleur parti en prévoyant des périodes de «vaches maigres». Car le cycle des pluies qui connaît des perturbations à l’échelle planétaire n’épargne pas le Royaume. Et il faudra s’attendre à ce que les craintes exprimées, localement mais aussi internationalement, quant à l’avancée inexorable de la désertification ne soient pas interprétées uniquement sous le registre des mauvaises prédications. Bien au contraire, souvenons-nous que les cycles de sécheresse que le Royaume avait subis de plein fouet, et sur des lustres, ont conduit les experts à souligner le caractère gravissime de cette réalité. Le Maroc relevant des pays qui ont franchi le seuil du stress hydrique.

Dès lors, bien des choix difficiles doivent être arrêtés quant au développement de l’agriculture dans le pays. Et les plans régionaux, établis dans la concertation, doivent être promus de telle sorte qu’ils puissent épargner la richesse hydrique qui, in fine, n’a pas de prix. Le choix des spéculations doit être guidé par ce souci là, bien évidemment. Et les moyens doivent être mobilisés, sans trop trader, pour que les techniques culturales soient revues à l’aune de la consommation de l’eau. Et last but not least, nul besoin de souligner à ce propos que si le Royaume a pu gérer au mieux les périodes de sécheresse, c’est grâce aux barrages qui ont été édifiés. Voilà une armature qui appelle à être consolidée. Avec un double objectif ; mettre la population à l’abri de la pénurie en eau potable et assurer à l’agriculture un développement durable. L’équation est des plus compliquées à résoudre. Mais, comme on dit, qui ne fait rien n’a rien…

 

 

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