L’administration marocaine n’est plus à l’abri de tous les griefs. A tord ou à raison, elle est pointée du doigt. On la fustige de toutes parts, pour sa conduite laxiste, permissive ou encore entachée de corruption et de dépravation.
Certes, on ne peut passer sous silence les attitudes véreuses de cette frange d’agents de l’administration, comme on ne peut maudire non plus cette cohorte de responsables civiques et consciencieux. On ne saurait donc mettre ceux-ci et ceux-là, dans le même panier. Cependant, il va sans dire qu’on ne se donne pas assez de peine pour se pencher sur la situation critique de l’administration afin de l’assainir dans les règles de l’art, sans offusquer le vrai et complaire à l’ivraie.
Cette nonchalance des décideurs et surtout ce pourrissement des rouages administratifs incitent les compétences à congédier le secteur public pour trouver refuge dans le domaine privé. La cadence de cet abandon est si intense que l’administration marocaine est vidée de ses cadres, au point de constituer un réel danger pour son fonctionnement. Malheureusement, on ne fait à présent qu’acculer encore davantage les bonnes volontés à opter pour la dérobade, en les accusant sans aucune preuve, de tous les grabuges administratifs. Cette campagne féroce pour vider les administrations des lauréats des diverses grandes écoles, ces derniers temps, sous le slogan sournois à savoir «la lutte contre la dépravation !», risque de susciter un climat malsain au sein de l’administration.
Il est bien vrai que nul ne peut tolérer certaines pratiques éhontées attentatoires à la pudeur et à la loyauté qu’il va falloir proscrire sans répit. Toutefois, il est aussi loisible de s’assurer de la véracité des accusations, sans occasionner une atmosphère de malaise grincheux et vindicatif. De même, il est plus judicieux de faire régner la sérénité en son sein et surtout valoriser et sécuriser tous les agents en vue de les retenir et non les faire fuir. C’est le cas du secteur de la santé dont les cadres désertent en nombre le public pour évoluer dans le privé.
L’Etat se devrait alors de préserver le public et consolider ce potentiel, par la mise en assurance de ses ressources humaines, les doter de toutes les conditions commodes de travail et les motiver aussi bien moralement que matériellement, sans crainte de se faire inculper souvent à tort. C’est à ce prix que le public est à même de recouvrer sa dignité, sa crédibilité et surtout sa persévérance. Le secteur public est un atout majeur pour le développement pluriel, sans pour autant perdre de vue l’importance du secteur privé qui demeure un auxiliaire fondamental à la croissance.