Présentation à la BNRM de « Lyautey et Moulay Youssef, l’histoire d’une amitié constructive » de Hubert Seillan
A l’initiative de l’Association Ribat Al Fath pour le développement durable, l’écrivain Hubert Seillan a présenté, vendredi 24 novembre, à la Bibliothèque Nationale à Rabat, son dernier ouvrage « Lyautey et Moulay Youssef, l’histoire d’une amitié constructive », une complicité qui a permis, selon l’auteur, de jeter les bases du Maroc d’aujourd’hui.
Abdelkrim Bennani : Hubert SEILLAN, un grand ami du Maroc
Pour le président de l’association, Abdelkrim Bennani, Me Hubert SEILLAN, un grand ami du Maroc a déjà à son compte diverses activités dont des séminaires de formation au profit de l’OCP et d’autres. Il a est connu aussi pour avoir mis au point la théorie de risques et créé pour ce faire une revue spécialisée sous le titre de « Risques ».
Il est l’auteur d’écrits très riches et variés, à travers lesquels il a accordé un grand intérêt au Maroc et en particulier au Sahara.
Après avoir visité, il y a une douzaine d’années, les provinces du sud, il a publié un excellent ouvrage « le Sahara Marocain : l’espace et le temps».
Il avait suivi l’affaire de Gdim Izzik qu’il a immortalisée dans un ouvrage : «Le Politique contre le droit. Le Sahara, les droits de l’homme et le procès de Gdeim Izik».
Dans le cadre de ses activités visant la défense de l’intégrité territoriale du Maroc, Me SEILLAN, a rappelé Bennani, a créé la « Fondation France-Maroc Paix et Développement Durable », qu’il préside.
Ce qui a fait dire au président de l’Association Ribat Al Fath, que Me Hubert SEILLAN, l’avocat de la liberté, de la paix et de la compréhension a pris le risque d’écrire en ce moment même son dernier livre « LYAUTEY et MOULAY YOUSSEF, l’histoire d’une amitié constructive ».
Mais pourquoi LYAUTEY ? s’est encore interrogé Abdelkrim BENNANI. Parce que quand on quitte Legza à Rabat pour l’avenue Mohammed V, c’est Lyautey qu’on y découvre, répondit-il. En tant que résident général, il a fait beaucoup pour le Maroc et sa modernisation.
C’est lui qui avait fait construire cette avenue « de Trik Dar El Maghzen », qui représente toute une symbolique.
En débarquant au Maroc après le traité du protectorat de mars 1912, Lyautey était certes tenu de remplir sa mission en tant que premier résident général du Maroc (1912- 1925), mais cela ne voulait pas dire qu’il devait faire table rase de tout son passé et se débarrasser de ses idées.
En tant que monarchiste (et non républicain), il s’entendait avec Moulay Youssef, qui régnait sur un empire chérifien qui s’étendait jusqu’aux confins du Maroc et du Niger et un Etat vieux de plusieurs années, mais considéré comme moderne en son temps.
Lyautey avait décidé de travailler la main dans la main avec le Sultan Moulay Youssef tout en appliquant les dispositions du traité du protectorat, dans le but de préserver au Maroc son identité et de le moderniser.
Au Lycée Moulay Youssef, 90% des professeurs, qui étaient tous de nationalité française, étaient agrégés, du temps de Lyautey, qui cherchait à faire venir au Maroc les meilleurs.
HUBERT SEILLAN : mon livre est un hommage à l’œuvre accomplie durant les premières années du protectorat français
Présentant le fruit de ses « recherches » sur l’œuvre de Lyautey au Maroc et sa complicité avec Moulay Youssef, Hubert SEILLAN a indiqué d’entrée qu’il ne s’agit pas d’une biographie et encore moins d’un livre d’histoire. Mais ce qui est vrai, a-t-il dit, c’est qu’il contient moult histoires sans prétendre être un travail d’historien, mais d’un chercheur qui veut rendre hommage à Lyautey le monarchiste, qui était tenu de respecter le traité du protectorat (personne morale).
Il avait aussi pour mission de préserver la souveraineté, de rétablir l’ordre et de renforcer les institutions du pays et en particulier sur le plan religieux.
Il devait aussi établir le Maroc sur des bases solides, en lançant toute une série de projets, dont le premier fut le port de Casablanca.
En arrivant au Maroc en 1912, il débarqua à Casablanca. Plus tard, il a dû se rendre à Fès pour y rencontrer Moulay Hafid, sachant que le Maroc faisait face pendant plus de 50 ans à des turbulences, provoquées par la mondialisation lancée par l’Angleterre.
Il en résulta, un appauvrissement de ceux qui exportaient les matières premières et un enrichissement excessif de ceux qui exportaient les produits industriels et manufacturés.
A la différence de la France, qui poursuivait une colonisation de peuplement, l’Angleterre menait une colonisation de comptoir, a-t-il rappelé.
Après avoir rappelé le passage de Lyautey en Algérie, puis à Madagascar, Hubert SEILLAN a fait savoir que le maréchal était pour une approche décentralisé de l’Etat à l’image de l’empire austro-hongrois.
Pour la concrétisation de son idée, il avait développé toute une doctrine autour de son idée de « tâche d’huile », qu’il appliqua dans ses démarches visant à promouvoir un quelconque territoire. C’est cette approche qu’il a tenté de mettre en œuvre par exemple pour asphyxier la poussée d’Abdelkrim El Khattabi dans le nord vers la zone sous protectorat français.
En fait depuis son arrivée en 1912, il s’est attaqué à l’instruction publique et à la formation même en arabe.
Plusieurs autres projets ont été également lancés par lui, contrairement aux dirigeants espagnols, qui avaient pour théorie de ne rien laisser derrière eux, une fois partis du pays, comme c’est le cas à Laâyaoune en 1975 que Hubert Seillan a visitée.
Au terme des efforts de Lyautey, a-t-il dit, le pays n’avait plus de dettes, comme ce fut le cas avant le traité du protectorat.
Il a rappelé aussi les rapports qu’entretenaient depuis 1920 deux des principaux acteurs de la naissance de la mosquée de Paris, le maréchal Lyautey et le sultan Moulay Youssef.
Après avoir démissionné en 1925, le maréchal Lyautey avait payé de sa poche son billet de voyage pour se rendre chez lui en France où Moulay Youssef avait tenu à maintes reprises à lui rendre visite en compagnie de son fils Mohammed V, futur Sultan du Maroc.
Durant son règne, feu Mohammed V avait également tenu à lui rendre visite en France en compagne de l’héritier du Trône alaouite, feu Hassan II. Et c’est dans ce sens, que le Maroc avait décidé de s’engager dans la guerre contre l’Allemagne et refusé d’appliquer les lois de Vichy. C’est ainsi que le général De Gaulle avait rendu un vibrant hommage dans son discours après la libération en 1945 à feu SM Mohammed V, qui avait été malheureusement victime en 1953 d’un coup d’Etat, qui avait entrainé sa déposition et son exil en compagnie de sa famille.
Malgré cela, feu SM Mohammed V avait convenu de reprendre les relations du Maroc avec la France, qui n’ont cessé depuis son retour en 1956 dans le pays de se développer et de se diversifier sous l’impulsion de feu SM Hassan II et aujourd’hui encore à l’initiative de Sa Majesté le Roi Mohammed VI.
Un riche débat a marqué cette présentation, qui a été suivie par une séance de signature et de dédicace de l’ouvrage d’Hubert SEILLAN.
Publié aux éditions MAIA, Savoirs partagés, ce livre revient sur les treize premières années du protectorat français au Maroc (1912-1925) et en particulier sur l’œuvre accomplie durant cette période, grâce à l’amitié constructive entre le maréchal Lyautey et le Sultan Moulay Youssef.
M’Barek Tafsi