Monténégro: Milo Djukanovic nouveau président

Ce dimanche, 533.000 Monténégrins ont été appelés aux urnes dès 7 h du matin, pour élire le nouveau président de ce petit pays des Balkans de 620.000 habitants. Milo Djukanovic, dont la formation politique, le Parti Démocratique Socialiste (DPS- Centre gauche), formé en 1990 à partir de la section locale de l’ancienne Ligue Communiste Yougoslave, monopolise le pouvoir depuis 1991,  partait grand favori. Ayant pris, dès les années 1990,  le contrôle du parti, Djukanovic en a rapidement fait un levier politique qu’il utilisera pour évincer ses adversaires politiques et prendre, du même coup, le contrôle des médias du pays et de son appareil sécuritaire.

Allié de l’Occident, pro-OTAN et pro-Union Européenne, Milo Djukanovic  a été Premier ministre de 1991 à 1998, puis Président de la République de 1998 à 2002 puis à nouveau Premier ministre de 2003 à 2006, de 2008 à 2010 et, enfin de 2012 à 2016. Ainsi, après vingt cinq années aux affaires de l’Etat, ce diplômé en Tourisme qui, dès le 15 Février 1991 et alors qu’il n’avait que 29 ans, avait été le plus jeune premier ministre européen reste l’un des rares dirigeants qui peuvent se targuer d’avoir atteint une telle longévité. En outre, bien qu’ayant été marxiste dans sa jeunesse, ce dernier est parvenu à attirer les investisseurs étrangers.

Il avait prêté serment, une première fois,  le 15 juillet 1998 en tant que Président du Monténégro et avait conduit le pays à son indépendance de la Serbie à l’issue d’un référendum en 2006. Considéré donc comme étant le père de l’indépendance de ce petit Etat des Balkans, il parviendra à le mettre sous l’aile protectrice de l’OTAN faisant ainsi un pied-de-nez aussi bien à Moscou qu’à une bonne partie des Monténégrins, en majorité slaves et orthodoxes. Il entend même, désormais, le faire adhérer à l’Union Européenne.

Ayant face à lui, une opposition pro-russe éclatée, l’homme a été, tout au long de la campagne électorale, assuré de rafler tous les suffrages et de remporter la présidence du pays dès le premier tour.

Né d’un père juge et d’une mère infirmière, dans une famille faisant partie de la classe moyenne supérieure, Milo Dukanovic est détenteur d’un diplôme en Tourisme délivré en 1986 par la Faculté de Titograd, ancienne nom de Podgorica, l’actuelle capitale du pays durant la période communiste.

Au terme des premiers résultats préliminaires annoncés ce dimanche à 19 h par le «Centre de Surveillance et de Recherche» (CeMI), une ONG indépendante, et concernant deux-tiers des bureaux de vote, Dukanovic recueillait  près de 53,5 % des suffrages ; ce qui lui donnait, déjà, une victoire haut la main dès le premier tour écrasant, ainsi, son plus proche rival l’homme d’affaires Mladen Bojanic, crédité d’à peine 34% des suffrages.

Présenté lors de la campagne électorale comme étant «un leader, un homme d’Etat et le président de tous les citoyens» celui qui avait comme slogan de campagne «pour la stabilité et le progrès du Monténégro» a dirigé le pays pendant vingt-cinq en alternance avec son acolyte le président sortant Filip Vucanovic élu à la présidence de l’Etat pour une troisième fois consécutive en 2013.

Indéboulonnable homme fort du Monténégro, Milo Djukanovic s’est donc préparé, cette fois-ci, à occuper le fauteuil présidentiel alors même qu’après les législatives de 2016, il avait annoncé son retrait de la vie politique.

Enfin, que dire pour terminer, sinon que ce dimanche et avant même la fermeture de l’ensemble des bureaux de vote, les urnes ont, encore une fois, donné raison à Milo Djukanovic et permis d’accéder, de nouveau, à la magistrature suprême du Monténégro alors qu’il avait face à lui une opposition profondément divisée?

Nabil El Bousaadi

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