Le nouveau quotient électoral, calculé sur la base des inscrits aux listes électorales, offre un gage de consolidation de la démocratie participative, de même qu’il peut avoir des effets de mobilisation civique, estime le politologue Mustapha Sehimi.
Dans une analyse sous le thème « démocratie et représentation partisane », l’universitaire a souligné que la prise en compte désormais des inscrits, en lieu et place des suffrages exprimés, élargit le périmètre et la dimension de la démocratie participative.
« Les sièges obtenus par les partis ont la même valeur démocratique. Ils procèdent de citoyens inscrits sur les listes électorales, membres à part entière du corps électoral qui est le socle de toute expression politique », a-t-il argué.
De l’avis de cet expert, le quotient électoral va pousser davantage d’électeurs inscrits à se rendre aux urnes « parce qu’ils mesureront qu’il va influencer les résultats des élections ». « Ce sont là des électeurs inscrits donc mais qui vont aller voter, en même temps et en plus de tous ceux qui le font traditionnellement », a-t-il relevé.
Aux législatives d’octobre 2016, l’on avait compté seulement 6.640.626 votants et 5.779.004 suffrages exprimés par suite de 861.622 bulletins blancs. Mais le nombre d’inscrits sur les listes électorales était de 15.702.592. « Ce sont bien 10 millions d’électeurs inscrits qui n’ont pas voté », a-t-il fait observer.
L’autre atout du nouveau quotient se rapporte à une représentation politique élargie. En fait, compte tenu du plus fort reste qui sera appliqué pour la répartition des sièges non pourvus, les petits partis ont ainsi la possibilité d’être représentés dans la prochaine Chambre des représentants, a-t-il soutenu. « N’est pas recevable ni plaidable une certaine approche qui considère cette catégorie de sièges pourvus sur la base du plus fort reste comme de moindre valeur et teneur démocratique, a-t-il précisé, notant que ceux-ci ont été qualifiés de sièges de « rattrapage ». « Cette assertion est inexacte parce que ces sièges-là procèdent du choix des électeurs, les uns inscrits et d’autres, votants », a-t-il dit.
En outre, a estimé M. Sehimi, avec le nouveau quotient électoral, la Chambre des représentants gagnera en crédibilité et en légitimité. « Tout le large spectre de la représentation partisane et politique y aura sa place: les grandes formations, bien entendu, mais aussi les moyennes et les plus petites », a-t-il ajouté. Le pluralisme politique y trouvera une expression davantage confortée, consolidant ainsi l’accumulation et la capitalisation démocratique.
Autant dire que le quotient électoral n’assure plus la surreprésentation des grandes formations par rapport à leurs voix. « Il élargit le champ de la représentation partisane au Parlement et permettra de mettre fin à des situations injustes, inéquitables et pénalisantes », a-t-il poursuivi.
Désormais avec ce mécanisme, le Royaume va s’inscrire dans une perspective de « normalisation » de la représentation politique. Le système partisan remodelé, la stabilité et l’efficacité de la majorité et du gouvernement qui en est issu seront assurées. Résultat : une avancée dans la consolidation des acquis démocratiques, a conclu le politologue.