Si l’exercice démocratique passe automatiquement par le droit de vote des citoyens qui se veut être le baromètre de la démocratie et que, durant l’année 2016, des élections ont été organisées un peu partout dans le monde, c’est au vu de celles qui se sont déroulées dans des pays où, érigée en tant que régime politique avec comme corollaire le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple, la démocratie n’avait jamais eu droit de cité que l’on valablement considérer que cette dernière progresse ou recule.
Ainsi, durant cette année, le Président Alassane Ouatara a invité les ivoiriens à se prononcer sur une nouvelle constitution qui, en faisant entrer le pays dans la modernité, a servi de catalyseur à une réconciliation nationale et permis, ainsi, au pays de «se débarrasser de ses problèmes identitaires».
Non loin de là et toujours en Afrique, le Gabon a lui aussi vécu à l’ère des élections. Mais alors que les résultats annoncés à l’issue de cette opération électorale avaient donné 49,80 % à Ali Bongo et 48,23 % à son adversaire Jean Ping, ce dernier en avait contesté la validité. Aussi, pour ne pas faire perdurer une crise dont le pays n’avait vraiment pas besoin, il a été fait appel à la Cour Constitutionnel qui a fini par confirmer le résultat initial en donnant la victoire au Président-sortant et en conférant, de ce fait, un bon point à la démocratie dans ce petit pays d’Afrique Centrale de moins de 2 millions d’habitants.
En Gambie une page avait été tournée le 1er Décembre 2016 par des gambiens qui manifestaient leur joie dans les rues de Banjul lorsque le président sortant Yahya Jammeh, avait accepté sa défaite. Or, voyant que les nouveaux dirigeants de Gambie ont décidé de le faire comparaître devant la Cour Pénale Internationale, celui-ci s’est rétracté en plongeant le pays dans une crise institutionnelle.
En République Démocratique du Congo, en revanche, la démocratie semblerait avoir subi un revers – de l’avis de la population – lorsqu’en ayant fait appel à l’Union Africaine, à la Cour Constitutionnelle, à la société civile et même à quelques partis d’opposition, le Président Joseph Kabila est parvenu à se maintenir au pouvoir jusqu’en Avril 2018 bien que son second mandat à la tête du pays soit arrivé à échéance le 20 Décembre 2016.
En Europe, les Autrichiens ont été appelés à élire un nouveau Président. Mais si elle était prévisible selon certains et espérée par d’autres, la victoire de l’extrême-droite n’a pas eu lieu car, à l’issue du scrutin, c’est l’écologiste Alexander Van der Bellen qui a accédé à la magistrature suprême au détriment de Norbert Hofer représentant le parti d’extrême-droite.
Force est de constater, néanmoins, que ce fut la première fois, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, qu’un scrutin a porté à la présidence de l’Autriche un candidat ne relevant ni du Parti Social-démocrate (SPÖ) ni du Parti Conservateur (ÖVP), deux grandes formations qui, cette fois-ci, ont été évincées, dès le premier tour.
En 2016, les Italiens ont, de leur côté, refusé, par la voix des urnes, la réforme constitutionnelle proposée par Matteo Renzi leur jeune Président du Conseil ; un désaveu dont les raisons semblent multiples allant du fait que les italiens seraient viscéralement attachée à leur constitution puisqu’ils avaient déjà rejeté, en 2006, la réforme constitutionnelle proposée par Silvio Berlusconi et montré ainsi leur réticence à modifier l’équilibre des pouvoirs tel qu’il avait été défini par la Constitution de 1948 au sortir de la seconde guerre mondiale pour contrecarrer tout éventuel retour au fascisme et qu’ils sembleraient, par ailleurs, beaucoup plus attachés à l’amélioration de leurs conditions d’existence que par une modification de leur Constitution.
L’année 2016 a connu, également des élections en Espagne, en France, en Belgique et, plus récemment encore, aux Etats-Unis mais dans ces pays, la démocratie est bien assise dès lors qu’elle régit, depuis bien longtemps déjà, les rapports entre gouvernants et gouvernés.
Nabil El Bousaadi