Rencontre autour de «l’arbre apeiron» de Abdeslam Boutayeb et «Quarante balcons» de Mohamed Sektaoui

Organisée par OMDH et Dar Attaouhidi

Mohamed Nait Youssef

Les mordus de la poésie, de l’écriture romanesque et des lettres n’ont pas manqué le rendez-vous culturel phare organisé, samedi 3 juillet à la Bibliothèque Nationale du Royaume du Maroc (BNRM), par l’Organisation marocaine des droits humains (OMDH) et la maison d’édition Dar Attaouhidi autour du recueil de poèmes «Quarante balcons» signé par le poète et militant des droits humains et directeur général de Amnesty Maroc  Mohamed Sektaoui et «L’arbre apeiron», premier roman du militant associatif et des droits de l’homme,  Abdeslam Boutayeb.

«Il n’y a pas mieux que la poésie et la création pour sortir de l’enferment du confinement. Ce sont en effet de travaux qui ont vu le jour en cette période de pandémie et de fermeture», a souligné Boubker Largou, président de l’OMDH, dans son mot d’ouverture.

Le choix des deux plumes présentées devant des personnalités des mondes de la culture, des droits humains et de la société civile… n’est pas anodin. «Cette rencontre a une portée symbolique sachant que les deux écrivains appartiennent aux mondes des droits humains  et de la culture. », explique Ahmed Marradi, directeur d’édition à Dar Attaouhidi.

Une écriture silencieuse et révélatrice durant la période de confinement. «Le monde change autour de moi. Ce même monde ayant vécu un événement planétaire: la pandémie», précise Mohamed Sektaoui.

Ce recueil est une réflexion sur la vie, l’isolement, l’attente, la quête existentielle de soi et l’existence humaine.  C’est aussi une redécouverte du monde, de l’autre, du soi et de l’ailleurs. «C’est au balcon où je respirait la vie», a-t-il fait savoir.

Par ailleurs, le poète exprime ses états d’âme, ses angoisses ainsi que les idées hantant son esprit à travers l’écriture poétique. Il s’agit là bien entendu d’une issue ou encore une voie royale qui mène à l’autre, au soi recherchés dans la solitude. Entre intérieur et extérieur, ici et ailleurs, ouverture et fermeture, l’âme poétique interroge, s’interroge et s’évade.

Au début, affirme Anouar El Moutaraji, il n’y avait pas une rupture avec le passé sachant que la pandémie a déconstruit toutes les théories économiques, politiques et scientifiques. Elle a remis en question, dit-il, le système de valeurs  et les pratiques artistiques notamment celles qui réunissent la foule. «La littérature a changé notamment en ce qui concerne l’imaginaire », a-t-il indiqué.

Le titre du recueil, précise-t-il, correspond à la quarantaine, au confinement.  Pour Anouar El Moutaraji, la solitude est nécessaire pour écrire et créer. La pandémie, a-t-il rappelé, a crée un changement au niveau de la vision du monde, voire une révolution au niveau de l’imaginaire.

Dans sa solitude la plus totale et absolue, Abdeslam Boutayeb a tissé un lien particulier avec un arbre qui s’est transformé à un personnage clé du roman. C’est en fait un dialogue où l’auteur aborde plusieurs sujets politiques, sociaux, culturels et humains. On y trouve également l’histoire moderne et le travail sur la mémoire.

 «Ce roman n’est pas un roman historique. En outre, il échappe à la forme classique. ». Or, l’écrivain ne cache pas son engouement pour les écrivains de l’Amérique Latine.

«Dans la différence réside la créativité », c’est avec ces mots que Jamal Bendehmane, professeur universitaire et activiste des droits humains, avait commenté le roman «L’arbre apeiron» de Abdeslam Boutayeb. Selon lui, le roman est dans cette optique de dépassement; tout en traitant les champs politiques, sociaux et culturels. «C’est un roman complexe qui s’intéresse à la fois au contenu et à la forme dont les événements sont racontés avec une technique loin d’être linaire», a-t-il expliqué. La voix de l’écrivain  et celle de l’arbre sont omniprésentes dans ce roman braquant les projecteurs  sur des thématiques telles que l’identité, la religion, la pandémie, l’occident, l’art et ses missions,  conclut-il.

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