Retour du Maroc à l’UA : Une démarche opportune et de bonne foi

S’appuyant sur un argumentaire solide et fort, ficelé dans des mots concis et précis, S.M le Roi Mohammed VI a remué les cendres du 27e sommet de l’UA à Kigali en annonçant la volonté et la disponibilité du Maroc à regagner sa famille institutionnelle. Le Souverain a ainsi mis l’Afrique devant ses responsabilités historiques en bâtissant sa démarche sur quatre registres de légitimité. Une démarche opportune qui a inspiré une majorité de chefs d’Etat africains pour soutenir l’appel du Maroc et demander, dans la foulée la suspension de la fantomatique RASD des rangs de l’institution panafricaine.

Dans son message le Souverain a entamé par la légitimité historique en rappelant le rôle pionnier du Maroc dans la construction du socle de la défunte OUA. S’appuyant sur un argumentaire puisé dans les annales de la lutte des peuples et des Nations africaines pour la liberté et l’indépendance, le Souverain a mis en exergue le rôle légendaire de Feu S.M Mohammed V et de feu Hassan II dans ce registre. Le premier « fut l’un des puissants symboles de l’épanouissement de la conscience panafricaine et l’un des artisans les plus engagés de la Conférence historique de Casablanca de 1961, annonciatrice d’une Afrique émancipée et fondatrice de l’intégration africaine» et le second avait, «réuni la Conférence des Mouvements de libération des colonies sous domination portugaise en Afrique et contribué patiemment à la stabilité de plusieurs régions du Continent».

Une fois l’indépendance des pays africains acquise, le Maroc s’est positionné à l’avant-garde pour maintenir la paix en Afrique et contribuer financièrement et militairement à la résolution des conflits régionaux. Des efforts que le président ivoirien, Alassane Ouattara, a tenu à rappeler à Kigali.

Le déterminisme géographique et le brassage humain sont les fondements du deuxième registre de légitimité sur lequel se base la démarche marocaine. « Africain est le Maroc. Africain, il le demeurera», a martelé le Souverain. Il a ainsi rappelé l’attachement des Marocains à leur identité africaine qui est le fruit d’un déterminisme géographique, d’une histoire commune traversée d’événements marquants, d’un brassage humain enrichi de siècle en siècle et de valeurs culturelles et spirituelles ancestrales» communes.

Le Maroc n’a jamais quitté l’Afrique. Il s’est retiré d’une institution qui a décidé délibérément de faire-fi des règles élémentaires de droit international et de se soumettre au chantage des faussaires de l’histoire et de la géographie.

La légalité internationale et la légitimité historique, bafouées en 1984 dans des conditions que tout le monde connait, ne pouvaient le rester indéfiniment. Le temps est venu de rétablir l’ordre afin d’affranchir le Continent des démons de la démagogie et des faux combats de leadership. Le Souverain a énuméré pas moins de quatre contradictions qui font que la reconnaissance d’un Etat fantoche, dénué de toute légitimité, maintienne une grande nation et un important acteur régional en dehors de l’UA : «L’Union africaine n’est- elle pas en contradiction évidente avec la légalité internationale ? puisque ce prétendu Etat n’est membre ni de l’Organisation des Nations Unies, ni de l’Organisation de la Coopération Islamique, ni de la Ligue des Etats arabes, ni d’aucune autre institution sous régionale, régionale ou internationale ?». Et au Souverain de s’interroger si « l’UA, resterait en déphasage avec la position nationale de ses propres Etats membres, puisqu’au moins 34 pays ne reconnaissent pas ou plus cette entité».

Le président sénégalais, Macky Sall, est allé dans le même sens en déclarant que «dès lors que la RASD n’a pas été reconnue par les Nations unies et d’autres organisations internationales, il aurait été plus juste d’attendre qu’un référendum d’autodétermination ait lieu, par exemple, pour ensuite se prononcer au niveau continental».

L’Union africaine est surtout en décalage avec la position onusienne sur la question du Sahara, dont le processus est en cours, sous la supervision du Conseil de Sécurité.
L’UA est appelé, à l’instar des autres organisations régionales, à faire preuve de neutralité et à contribuer d’une manière constructive à cette solution.
Enfin, le Souverain n’a pas manqué l’occasion de rappeler le rôle du Maroc dans le développement et l’épanouissement économique du continent.
Ce quatrième et dernier volet de la légitime demande du Maroc est de loin la plus importante et la plus pertinente. Le Souverain lui accorde, d’ailleurs, un large chapitre dans son plaidoyer. Le Maroc, soutient le Souverain a construit un modèle solide, authentique et fluide de coopération SUD-SUD. «L’importante implication des opérateurs marocains et leur forte présence dans le domaine de la banque, des assurances, du transport aérien, des télécommunications et du logement, font que le Royaume est à l’heure actuelle le premier investisseur africain en Afrique de l’Ouest…avec une volonté affichée de devenir le premier».
Conformément à ces quatre points, 28 Chefs d’Etat dans un premier temps, fidèles aux idéaux authentiques de la construction africaine ont décidé d’agir en vue de rétablir l’ordre au sein de l’UA en appelant à la suspension de la «république imaginaire» des activités de l’Union Africaine, et de tous ses organes.

Najib Amrani

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