La profondeur des relations culturelles unissant le Maroc et le Sénégal et le rôle des pionniers de la culture arabo-islamique au Sénégal, ont été mis en avant lors d’un colloque organisé, lundi à Rabat, à l’initiative de l’Académie du Royaume et l’Ambassade du Sénégal au Maroc.
Ce colloque vise à jeter la lumière sur le socle ancestral établissant ces relations entre les deux pays, à travers la présentation des pionniers fondateurs, prédicateurs et commerçants qui ont instauré cette ouverture et ce brassage ainsi que les valeurs de fraternité et de coexistence, tout en œuvrant à développer des méthodes innovantes et à diffuser leurs messages et leurs connaissances en langue arabe.
Dans une allocution d’ouverture, le secrétaire perpétuel de l’Académie du Royaume du Maroc, Abdeljalil Lahjomri a souligné que ce colloque met en lumière le patrimoine culturel arabo-islamique au Sénégal, à la faveur de la richesse culturelle de l’histoire dont jouit ce pays et de la profondeur des relations distinguées maroco-sénégalaises et de leurs liens séculaires, lesquels constituent un modèle dont l’édification a été consacrée grâce à la sagesse politique des dirigeants des deux pays, SM le Roi Mohammed VI et le Président de la République du Sénégal, M. Macky Sall.
Le continent africain, avec sa littérature, ses arts, sa culture et son histoire, a occupé une large place dans les programmes de l’Académie du Royaume du Maroc, à travers la création de la « Chaire des Lettres et Arts Africains » et la tenue de séminaires sur les diverses règles contribuant à la dynamique culturelle et de développement de l’Afrique, a-t-il relevé.
M. Lahjomri a également mis en avant certaines caractéristiques des liens culturels arabo-islamiques au Sénégal, tout en louant un ensemble d’érudits qui ont tracé les voies du progrès culturel et de la paix intellectuelle au Sénégal dans divers domaines arabo-islamiques, comme le Cheikh de la tariqa Tijaniya, Ibrahim Niasse, connu sous le nom du Cheikh Al Islam, et le fondateur de la confrérie des Mourides, Cheikh Ahmadou Bamba, ainsi que d’autres penseurs.
Pour sa part, l’Ambassadeur du Sénégal au Maroc, Mme Seynabou Dial a indiqué que la dimension spirituelle qui a joué un rôle majeur tout au long de l’histoire des relations maroco-sénégalaises, continue d’avoir un impact considérable sur les relations distinguées liant actuellement les deux pays frères, ajoutant que « ce colloque est une occasion propice de se remémorer cette page commune de notre histoire ».Dans une déclaration à la MAP, elle a fait part de sa joie de se retrouver au sein de l’Académie du Royaume du Maroc qui entretient des liens historiques avec la République du Sénégal, le premier président Léopold Sédar Senghor (1960-1980) ayant été membre de l’Académie.
Ce Colloque revisitera, à travers des regards croisés d’intellectuels et de chercheurs universitaires sénégalais et marocains, un pan important, jusque-là négligé par la recherche, de la culture arabo-islamique au Sénégal, à savoir celle des premières générations d’érudits sénégalais d’expression arabe et de lever le voile sur les méthodes pédagogiques suivies pour la promotion de la religion musulmane.
Il s’agira de mettre en exergue le rôle fondamental de cette culture et de la communauté de valeurs qu’elle porte dans l’établissement et la consolidation des relations fraternelles unissant le Maroc et le Sénégal. Par ailleurs, ce colloque rendra hommage à des figures émérites de la culture arabo-islamique du Sénégal, témoins de la relation unique entre ce pays et le Royaume du Maroc, à savoir feu le Professeur Ibrahim Mahmoud Diop (dit Barham) et MM. Mohamed Lamine Diop et Ibrahima Touré, lauréats des Universités marocaines, finalistes du Concours international de Poésie arabe d’Abu Dhabi, respectivement, en 2020 et 2023.
Cette rencontre constitue également une occasion de présenter l’ouvrage intitulé Fathu-l Kabir, rédigé par un Comité de chercheurs sénégalais, essentiellement, lauréats du système d’enseignement supérieur du Maroc : Il s’agit de la génération des pionniers de l’enseignement de la culture islamique et arabe au Sénégal qui ont réussi à relever le défi d’enraciner la culture arabo-islamique et à diffuser un modèle islamique fortement empreint des valeurs de tolérance et du vivre-ensemble.